3 - Lucas
Devant le Caveau, trois jeunes bavardaient gaiement. Le videur, une armoire à glace au teint basané et à l’air rude, le laissa passer et régler son entrée à la caisse. Plus loin derrière, lui parvenaient les sons étouffés de la musique.
La salle était comble, et il eut du mal à distinguer les visages dans l’obscurité, éclairé par les jeux de lumière clignotant par intermittence. Il se faufila avec difficulté à travers la foule, longeant la scène où des corps déhanchés évoluaient sur le rythme endiablé de la musique.
Soudain, il se figea. Il venait de l’apercevoir sur la scène près de son amie Dora. Elle portait une robe noire qui moulait son corps élancé. Ses cheveux tombaient en cascade dans son dos. Elle ne l’avait pas vu et dansait comme une déesse. Il se dit qu’elle avait la danse dans le sang à la voir se trémousser si naturellement.
Comme si elle avait senti sa présence, elle tourna la tête vers lui et l’aperçut. Pendant un moment magique où le temps resta suspendu, ils ne se quittèrent pas des yeux. L’expression d’Emma était insondable, mais il crut y lire une invitation, du moins c’est ce qu’il ressentit. Et il n’avait pas l’habitude de se tromper : en général, les femmes étaient à ses pieds en un tournemain.
La musique s’arrêta. Elle se dirigea vers lui. Il n’avait jamais rencontré de femme aussi sensuelle. Elle s’immobilisa devant lui quand les premières notes d’un slow aux accents langoureux se firent entendre. Elle lui prit la main et lui dit :
– Faites-moi danser.
Sans un mot, il l’attira sur la scène où des couples étaient déjà en train de se balancer au rythme de la mélodie. Il la prit dans ses bras, elle se colla aussitôt à lui et sa tête vint se nicher dans son cou. Une décharge électrique traversa son corps et il resserra encore plus son étreinte, une main sur ses reins. Ils se laissèrent alors langoureusement emporter par la musique, leurs corps en parfaite harmonie.
Annotations
Versions