10- Lucas
Il s’était mis sur son trente et un pour la recevoir ce soir.
D'abord, son aspect physique : il avait revêtu un simple jean sur un pull noir qui laissaient deviner sa musculature et sa minceur. Il s’était rasé de près –ce qu’il ne faisait pas obligatoirement tous les jours-. Il voulait mettre tous les atouts de son côté.
Ensuite, son appartement avait bien été rangé et nettoyé par sa fidèle femme de ménage. Il était fin prêt pour l’accueillir.
Il avait, en effet, pris sa décision, et ce soir, il allait sauter le pas. Avant l’opération prévue vendredi, dans deux jours.
Il s’était brusquement rendu compte de ses sentiments. C’était arrivé la veille, alors qu’il s’apprêtait à se coucher. La révélation avait été tellement fulgurante qu’il en avait eu le souffle coupé : il aimait Emma. Et il la voulait pour lui jusqu’à la fin de ses jours.
Disposant un plateau sur la table basse de la terrasse et vérifiant les derniers préparatifs, il entendit alors l’interphone grésiller. Il se hâta de déverrouiller le portail et la porte d’entrée, puis il ouvrit sa porte.
L’ascenseur s’arrêta à l'étage et elle en sortit, toujours aussi sublime, vêtue d’un pantalon et d’une veste en cuir noir. Son cœur manqua un battement. Bon Dieu, comme il l’aimait !
Maintenant, elle était confortablement installée sur la terrasse. Un verre à la main, elle contemplait les lumières de la ville en contrebas, telles des myriades d’étoiles. Elle avait l’air songeur. Il s’assit auprès d’elle et lui prit la main, savourant la quiétude de cette soirée, savourant le moment présent, grignotant tous les deux des morceaux de pissaladière. Il faisait quand même un peu frais et finirent leur apéritif dans le salon.
Ils dînèrent aux chandelles, dans la grande salle à manger, yeux dans les yeux, ne se parlant pratiquement pas. Les mots étaient inutiles. Ils dégustèrent les raviolis niçois qu’il avait commandés pour l'occasion chez le meilleur traiteur de Nice, accompagnés d’une salade de mesclun. Ils firent l'impasse sur le fromage et le dessert, impatients de se retrouver.
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Ils étaient allongés dans la pénombre, enveloppés dans cette douce torpeur et cette sensation de plénitude que l’on ressentait après l’amour.
Il se redressa sur un coude et lui dit :
– Emma, j’ai une chose importante à te dire. Euh, je ne sais pas trop comment m’y prendre… Voilà, je suis fou de toi, j’aimerais que tu viennes vivre ici, avec moi. J’aimerais te prouver que je peux te rendre heureuse. Faisons un essai tous les deux.
Il ne pouvait apercevoir ses yeux dans l’obscurité.
– Nous nous connaissons à peine, tu sais !
– Eh bien, nous apprendrons.
– Laisse-moi un peu de temps pour réfléchir, Lucas, c’est si inattendu, si rapide…
– Mais bien sûr, ma chérie, prends tout le temps qu’il te faut, mais je t’en prie, songes-y !
– Bien sûr, viens maintenant ! susurra-t-elle, en lui ouvrant ses bras.
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