06
- Harley, tu veux bien mettre les cartons dans la voiture s'il te plait. J'ai un coup de téléphone à passer.
Andy ne me laisse pas le temps de répondre, qu'il s'éloigne. Depuis que j'ai refusé ses avances hier soir, il m'en fait bien baver. Je me tourne vers des dizaines de cartons empilés près de la sortie arrière de la bibliothèque. Je grimace, ça m'aurait étonné... je souffle et me mets au travail. Une petite demi-heure plus tard, tout est dans la voiture de Andy. Je monte côté passager dans sa grande et belle voiture.
Je ne suis pas très à l'aise, mais j'essaie de paraître sereine.
- Tu es déjà allée dans ce refuge?
- Non, dis-je, mais j'en ai entendu parler et toi?
- Pourquoi je mettrais mes pieds là-bas? C'est pour les pauvres.
Je m'enfonce dans mon siège.
Reed
Je raccroche le téléphone. Putain, manquait plus que ça. Les réparations du toit vont coûter une fortune. Il faut que je la fasse réparer au plus vite, sinon à la prochaine tempête le toit risque de s'envoler. J'entends frapper.
- Quoi?!
Carly entre.
- La livraison de livres vient d'arriver, me dit-elle.
- J'arrive.
J'ai passé la moitié de ma soirée à accrocher des putains d'étagères, j'espère juste qu'elles vont tenir, sinon je brûle tout!
Harley
Andy se gare devant un grand bâtiment abîmé par le temps. Quelques motos y sont garées, ainsi que des voitures. Une porte est ouverte et une jeune femme se trouve près de celle-ci. Elle porte un jean et un haut serré, qui laisse apercevoir sa peau, elle tire sur sa cigarette. Je sors du véhicule et pars ouvrir le coffre. Andy ne me rejoint pas, quand je relève la tête, il est en grande discussion avec cette fille. Je m'empare d'un carton et m'avance vers l'entrée quand un homme arrive en face de moi, tous les deux nous nous figeons, sans nous quitter des yeux. C'est lui. C'est lui l'homme du bar.
- Harley.
Je me retourne vers Andy.
- Il y a d'autres cartons à sortir de la voiture, me dit-il froidement.
- Oui.
Je tourne de nouveau mon visage vers lui.
- Excusez-moi, lui dis-je.
Mais Reed s'empare du carton que je tiens entrent les mains.
- Max, Simon! aboie-t-il, venez nous aider.
Deux grands baraqués sortent du bâtiment. Ils passent à mes côtés et se dirigent vers le coffre. Andy toujours occupé à discuter avec cette fille.
- Carly, tu as du boulot, entends-je depuis le coffre.
Je reste concentrée sur les cartons, quand je vois deux mains tatouées, s'emparer d'un nouveau carton de livres.
- Eh bah, vous n'avez pas fait semblant, me dit-il.
- Oui, c'est vrai.
J'en prends un et le suis jusqu'à l'intérieur. L'endroit est immense. Dans un coin, il y a de grandes tables, puis une sorte de self, d'un autre côté d'autres tables, puis un coin jeux et là où je dépose mon carton, plusieurs étagères vides. En quelques secondes, tous les cartons sont là. Je sens son regard sur moi, il me brûle la nuque.
Reed
Je n'aime pas ce type. Cet enfoiré n'a rien foutu, à part discuter avec Carly. Harley se trouve devant moi, vêtue d'un jean slim, d'une petite chemise. Alors ma petite Harley est un rat de bibliothèque, ça me va.
- Bon voilà, il ne vous reste plus qu'à tout installer, me dit cet enfoiré.
- Oui, je vais appeler du renfort.
- Je pourrais le faire moi, entends-je de Harley.
- Harley, voyons, tu as assez de travail à la bibliothèque, lui dit ce connard de Andy.
- Mais après ma journée, enfin si vous le voulez bien?
Elle me vouvoie maintenant, alors qu'on s'est envoyé en l'air ensemble?
- Avec plaisir, mais il ne faut pas que ça te dérange.
- Du tout.
- Bon, c'est régler. Harley, on a des choses à faire. Bonne après-midi.
- Oui, bonne après-midi... connard, murmuré-je.
Je les regarde s'en aller. Mon regard dévie sur ses fesses, que je rêve de toucher de nouveau.
- C'est moi ou ce mec à l'air d'être un connard? demande Max.
- Ça n'a pas l'air, c'en est un.
- Moi, je l'ai trouvé sympa, ajoute Carly.
- Tu n'as pas du boulot Carly?
Elle ne me répond pas et se dirige vers son bureau. Je regarde les dizaines de cartons et me surprends à avoir hâte d'être à ce soir.
Harley
- Je ne comprends pas comment tu fais pour retourner dans un endroit comme ça?
- C'est juste de la politesse, Andy.
- Comme tu veux. Bon je te dépose, j'ai un entretien avec le maire.
- Oh euh, d'accord.
Andy me dépose et je reprends mon poste. Je remercie Sunny d'avoir pris ma place. Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter de retourner là-bas, maintenant que je sais que Reed est le patron.
La fin de l'après-midi est longue. Quand je ferme la bibliothèque, il est 19h30. J'espère que le refuge n'est pas fermé. Quand j'arrive après 15 minutes de marche, j'entre timidement dans le bâtiment. Des dizaines de personnes sont attablées, en train de dîner. Des femmes, des enfants, des sdf que j'ai déjà croisé en ville.
- Bonsoir.
Je sursaute et me tourne. Reed se tient devant moi.
- Excuse-moi, dit-il avec un petit sourire.
- Je suis désolée, je ne suis pas très en avance.
- Ce n'est pas grave, le centre ne ferme qu'à minuit.
- D'accord, je vais me mettre au travail.
- Tu as mangé?
- Non, mais je n'ai pas faim.
Plus je te parle, plus mon estomac se noue. Je finis par m'éloigner et m'approcher des cartons qui n'ont pas bougé. J'en ouvre un et me mets au boulot.
Reed
Je retourne m'asseoir près de Rose. Mes yeux ne la quittent pas.
- Alors, c'est elle?
- Oui...
- Mais comment as-tu su?
- Je ne sais pas. Je l'ai regardée et je l'ai su. Pourtant, elle fait comme si rien ne s'était passé.
- Elle doit être timide.
- Oui, lui dis-je.
J'attrape mon verre et le porte à mes lèvres.
Deux heures se sont écoulées et elle n'a pas arrêté. Le refuge est désormais vide, j'attrape une assiette et me dirige vers elle.
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