Chapitre 12 : L’instabilité androïde
Plusieurs jours s‘étaient écoulés depuis qu’Adallia avait rencontré Kendar Wo-Cysbi. L’homme n’avait plus donné signe de vie et la jeune femme s’était même demandée s’il n’avait quitté Ordensis sans prévenir. Finalement, elle avait appris, par le biais de son directeur, que l’homme était toujours dans les parages, car l’Académie, qui avait eu vent de sa présence, souhaitait garder un œil sur lui et avait chargé Yu Kiao de faire un rapport sur ce qui se passait.
Quand Adallia eût informé son directeur de l’existence du projet de « vie cybernétique », celui-ci n’avait rien dit. Il était resté songeur, comme à son habitude avant de questionner la jeune femme sur son ressenti général et l’attitude de Kendar Wo-Cysbi. Enfin, il lui avait conseillé de ne pas trop s’en préoccuper avant qu’il n’eût lui-même obtenu des renseignements et tenté d’éclaircir le fond de cette histoire. « Plus facile à dire qu’à faire » avait pensé Adallia qui, justement, ne faisait qu'y songer.
Pour satisfaire son envie irrépressible de réponses à ses interrogations, la jeune femme s’était décidée à trouver d’autres informations concernant la peinture de Koutcha. Pour ce faire, elle s’était barricadée à nouveau dans une des salles de la Bibliothèque du Temple et avait commencé à faire des recherches sur la revue Réminiscence. Malheureusement pour Adallia, un nouvel élément troublant vint s’ajouter à toute cette affaire. Bien qu’elle retrouvât le nom de la revue sur les canaux d’informations de la Confédération, aucune trace du numéro consacré à Koutcha n’apparaissait. Les références mentionnaient bien des éditions spéciales, mais pas de numéro récent traitant du marché d’art de la planète-frontière. C’était tout simplement comme s’il n’existait pas.
Lasse de cette déconvenue, Adallia s’était pourtant motivée à persévérer et à trouver davantage d’informations sur la revue et éventuellement sur ses rédacteurs. Les jours passant, elle avait décortiqué des extraits de certains numéros et même des citations de textes découverts plus ou moins fortuitement dans d’autres magazines scientifiques. La rédaction de Réminiscence était apparemment constituée de journalistes spécialisés sur le marché de l’art et les ventes aux enchères aux quatre coins de la Confédération. D’après ce qu’Adallia comprenait de ses lectures, les rédacteurs collaboraient très souvent avec un réseau d’autres spécialistes selon les différentes régions stellaires d’où provenaient les œuvres. Malheureusement, elle n’avait rien trouvé à propos d’un certain K. J., ce qui tendait à lui faire penser que l’individu était peut-être un contributeur occasionnel. Si tel était le cas, alors celui-ci devait être familier de Koutcha, raison pour laquelle Réminiscence avait dû faire appel à ses services.
Pour en être certaine, Adallia n’avait pas hésité à contacter des membres de la rédaction de la revue grâce aux informations qu’elle avait déniché sur les canaux de la Confédération. Mais là encore, elle fut déçue puisque personne ne lui répondit. Et au cours d’un après-midi où Adallia survolait diverses sources trouvées çà et là sur les serveurs du Temple, la jeune femme se décida à regarder pour la énième fois sur son connecteur si elle avait reçu de nouveaux messages. « Toujours rien... Mais c’est quand même bizarre, ils pourraient au moins me dire si ce numéro existe vraiment ! » se dit-elle, exaspérée.
Ce fut à ce moment-ci, lors duquel elle rouspétait contre l’absence de réponse, qu’elle reçut un appel vocal de Yu Kiao.
— Allô ? répondit-elle en essayant de ne pas trop élever la voix, car les appels étaient interdits dans la Bibliothèque et qu’elle s’était déjà fait réprimandée pour cela. Euh...Professeur, vous êtes là ?
— Ah... Oui, Adallia ! grogna brusquement son directeur dont la voix résonna dans le connecteur de la jeune femme qui dut en diminuer le volume sonore. Désolé, mes appels ne fonctionnent pas toujours correctement !
— Vous m’entendez bien, Professeur ? murmura Adallia en prenant ses affaires et en quittant la salle où elle s’était installée pour fuir les regards inquisiteurs des autres personnes qui y travaillaient.
— Oui, c’est bon maintenant. Est-ce que je vous dérange ?
— Euh... non, pas du tout. Dîtes-moi, vous souhaitez me parler ?
— En effet, votre amie Kaïlye m’a proposé de passer la voir aujourd’hui au Village des Dunes. Et il s’avère que j’aurais des questions à lui poser à propos de la transrobotique et que cela pourrait concerner aussi notre enquêteur. Je voudrais savoir si vous seriez disponible afin que nous puissions en discuter tous ensemble ?
Adallia commençait à avoir l’habitude du caractère parfois impromptu de son directeur qui était passé maître dans l’art de fixer des rendez-vous de dernière minute. Mais comme elle avait justement convenu avec Kaïlye de les retrouver chez elle un peu plus tard dans la journée pour papoter, elle se dit que cela ne ferait pas grande différence d’y aller maintenant.
— Entendu. Je vous rejoins au plus vite, obtempérera-t-elle.
— À la bonne heure ! Je vais prévenir Kaïlye. Nous vous attendrons au village, rétorqua Yu Kiao qui raccrocha presque aussitôt.
Au début, Adallia avait cru qu’il s’agissait d’une particularité de son directeur. Mais sur Ordensis, elle avait fini par comprendre qu’une grande partie des Sythecs étaient parfois assez abrupts dans leur façon de faire sans pour autant que ce trait de caractère n’eût dénoté de mauvaises intentions. Elle n’avait toutefois jamais remarqué cela chez Kaïlye, probablement du fait que cette dernière avait passé une grande partie de son temps en dehors des systèmes sythecs et avait adopté par mimétisme d’autres manières de se conduire. En pensant à elle, Adallia se demanda quel pouvait bien être le lien dont avait parlé Yu Kiao entre les recherches de son amie et Kendar Wo-Cysbi.
Pour rejoindre le village, Adallia devait se rendre à la station de monorail la plus proche. Elle quitta en trombe les étages de la Bibliothèque et se faufila à travers la grande salle principale où l’atmosphère était toujours aussi studieuse. Elle sortit ensuite par l’un des sas latéraux où la chaleur vint brusquement lui fouetter le visage. Autant, elle avait fini par s’habituer à la gravité d’Ordensis, autant les va-et-vient entre l’air chaud et humide de l’extérieur et l’air frais et sec à l’intérieur des bâtiments avait tendance à la fatiguer davantage. La jeune femme dévala l’escalier qui se présenta devant elle et prit la direction du monorail en forçant le pas. Une fois parvenue à la station, elle sauta dans le premier train.
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Le trajet qui la mena à l’ouest, vers la côte, se déroula sans imprévu à l’exception d’un groupe d’étudiants de première année sur qui elle tomba en cours de route. Lorsqu’ils aperçurent Adallia, ils ne purent s’empêcher de se diriger vers elle et de s’asseoir à ses côtés. Il y avait là ses préférés : la fille à lunettes et le garçon aux cheveux gras et aplatis dont Adallia pensait ironiquement qu’ils formeraient un merveilleux couple. Les étudiants discutèrent avec leur professeur sur la façon dont BIDI-O réussissait à pratiquer la démultiplication des corps et insistèrent pour qu’Adallia organisât à nouveau quelque chose avec l’Androïde. La jeune femme promit qu’elle verrait cela dès qu’elle aurait le temps, mais n’était pas sûre qu’ils seraient toujours aussi impressionnés. Et alors que tout ce petit monde bavassait joyeusement dans la rame filant à toute allure, Adallia commença un peu à avoir mal à la tête. Heureusement pour elle, le brouhaha ne dura pas longtemps et les étudiants sortirent quelques arrêts plus loin.
Lorsqu’Adallia atteignit la station la plus au sud de l’Académie, elle fut presque la seule à quitter le monorail. Habituée des lieux, elle prit machinalement le chemin du Village des Dunes et rejoignit les collines rocheuses à la couleur ocre sublimée par les rayons du soleil d’Ordensis. Dans le village, la vie s’écoulait toujours paisiblement. Quelques badauds reconnurent la jeune femme et la saluèrent d’un geste de la main. Cependant, la plupart des personnes actives était encore au travail à cette heure-ci de la journée, et il n’y avait pas foule.
À l’écoute du son des vagues qui écumaient la mer et qui venaient frapper le bord de la côte, Adallia se sentit soudain plus détendue. Elle avait l’impression d’être chez elle et flâna au milieu des crêtes où avaient été bâties les maisons sythecs. Enfin, après un bref moment de musardise, elle parvint à la maison de son amie et perçut des voix s'élever depuis la porte d’entrée. Elle reconnut aussitôt celle de Kaïlye et de son directeur qui étaient en train de discuter. Adallia arriva sur la pointe des pieds et se glissa discrètement dans l’entrebâillement de la porte pour écouter.
— Vous lui faites confiance, Professeur ? demanda Kaïlye d’une voix interloquée.
— Cela revient à me demander s’il est possible de faire confiance au Gouvernement central, Kaïlye ! railla Yu Kiao, de sa voix rauque. Je crois que c’est une fausse question et que nous devons plutôt raisonner en termes d’intérêts. Cet enquêteur peut nous aider à mieux comprendre ce qui se passe avec les Cyborgs. Et visiblement, il se passe quelque chose.
— Oui, je le conçois. En attendant, cela peut exposer Adallia à des évènements qui dépassent son champ de recherches.
— Bien sûr. Malheureusement je crois qu’Adallia ne pourra pas avancer dans ses recherches seule, et je ne vous parle pas ici de soutien scientifique.
Les protagonistes s’interrompirent un instant avant que la voix robotisée de BIDI-O, trahissant sa présence, ne vînt participer à la conversation.
— Les membres du Gouvernement, comme beaucoup d’Humains, ont souvent des connaissances incomplètes sur le monde cybernétique en raison de leur approche traditionnelle. Ce n’est pas le cas d’Adallia qui, grâce à sa démarche historique, sociologique et culturelle, a pour vocation de les aider à comprendre ce monde. Je ne pense pas que cela soit une mauvaise chose qu’elle coopère.
—- BIDI-O a raison, dit Yu Kiao. C’est à la fois un moyen pour elle de se donner des cartes en main et, en même temps, de pouvoir mieux appréhender nos interactions avec les Cyborgs. L’enjeu pour les Études cybernétiques est de pouvoir proposer une perception des choses qui serait plus adaptée et donnerait le change à la Confédération dans l’élaboration de sa politique extérieure vis-à-vis de l’École des Théoriciens.
— Soit, mais cela doit rester dans un cadre académique pour éviter qu’Adallia ait des ennuis, insista Kaïlye.
— C’est pour cela que nous devons être là pour elle et l’aider autant que faire se peut. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous devons discuter.
Adallia était touchée par toutes ces considérations pour elle et ses recherches. Elle savait que son directeur avait à cœur de l’appuyer dans son travail et dans ses idées, et que Kaïlye s’inquiétait pour son bien-être. Quant à l’Androïde, elle devinait qu’il comprenait Kaïlye, mais que, comme Yu Kiao, celui-ci percevait avant tout les capacités d’Adallia et la réflexion de son travail. Afin de ne pas les faire attendre plus longtemps, la jeune femme se décida à faire irruption dans la maisonnée.
— Ah, Adallia ! Nous étions justement en train de parler de vous, l’accueillit en toute franchise son directeur.
— C’est ce que j’ai cru comprendre, fit Adallia qui ne souhaitait pas jouer les hypocrites et dissimuler ce qu’elle avait entendu.
Les trois protagonistes étaient installés dans le salon où ils avaient pris leur aise et buvaient un thé fruité à l’exception de l’Androïde.
Kaïlye invita la nouvelle arrivante à en prendre ainsi qu’à s’asseoir dans l’un des fauteuils de la pièce. BIDI-O, lui, la salua par des scintillements lumineux au niveau des yeux. Il se tenait aux côtés de Kaïlye et était presque immobile. Adallia avait remarqué que les seuls moments où l’Androïde ne gesticulait pas dans tous les sens étaient lorsqu’il se concentrait pour analyser quelque chose ou qu’il se trouvait en présence de Yu Kiao. Elle s’était toujours demandée pourquoi, et la jeune femme en avait déduit que le vieux Sythec imposait une forme de respect naturel aussi bien aux Humains qu’aux machines.
— Oui, Adallia, reprit son directeur avec sa sagesse coutumière. Je viens d’informer Kaïlye et BIDI-O du rapport que vous m’avez fait après votre entretien avec l’enquêteur.
— Vous avez bien fait, approuva Adallia en jetant un regard furtif vers son amie et l’Androïde.
— Les informations que vous avez pu soutirer posent un grand nombre d’interrogations sur les agissement de l’École des Théoriciens. Et j’aimerais vérifier auprès de Kaïlye certains points techniques concernant la transrobotique des Androïdes.
Les deux amies s’échangèrent un regard, curieuses de savoir ce que Yu Kiao allait demander.
— Je souhaiterais tout simplement savoir, poursuivit le Sythec, quelles sont les instructions qui ont été données par la Confédération aux chercheurs du Centre des sciences cybernétiques.
— Vous voulez dire à ceux qui travaillent sur la transrobotique ? précisa Kaïlye.
— C‘est cela même.
Kaïlye prit quelques secondes pour réfléchir avant de s’exprimer :
— Rien de particulier, à l’exception du fait que nous devons rapporter tout ce qui a trait au principe d’instabilité des Androïdes. C’est la seule consigne stricte à laquelle nous sommes astreints vis-à-vis de la Confédération.
Adallia vit que les yeux bioniques de son directeur avaient grossi, comme si son intérêt avait été ravivé.
— Comment cela se passe-t-il exactement ? interrogea Yu Kiao. Est-ce que vous avez besoin d’autorisation pour mener vos expérimentations ?
— Officiellement oui. Mais en réalité, cela dépend de la façon dont notre travail est surveillé par l’Académie, car c’est elle qui est chargée de fournir les autorisations et de transmettre l’avancée de nos recherches à la Confédération. Pour ne pas ne rien vous cacher, on s’arrange le plus souvent avec le personnel administratif pour contourner certaines procédures. Cela permet aux chercheurs de perdre moins de temps et à l’Académie d’en dire le moins possible.
— Je comprends. Donc, dans les faits ce n’est pas systématique ?
— Non, sauf à partir du moment où nous détectons des changements importants dans le comportement des Androïdes, ce qui nécessite alors un suivi plus rigoureux et des approbations préalables pour pouvoir continuer. BIDI-O aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur le sujet.
À ces mots, Adallia en déduisit qu’avant d’arriver, Kaïlye avait probablement dû sermonner l’Androïde à plusieurs reprises sur les risques qu’il encourait. Si celui-ci avait pu rougir, il l’aurait probablement fait, mais l’Androïde se contenta de remuer la tête.
— Pour vous donner un exemple, continua Kaïlye, nous sommes justement en train de procéder à de nouvelles expérimentations qui ont nécessité une autorisation de l’Académie. Nous cherchons à étudier des ondes quantiques au niveau des processeurs de BIDI-O. Ces ondes semblent générer plus d’informations dans sa mémoire lorsqu’il utilise des réalités virtuelles et qu’il connecte sa conscience à une autre machine.
— Mais quel rapport avec le principe d’instabilité ? questionna encore Yu Kiao.
— Les informations issues des perturbations ondulatoires perdurent dans le temps et ont une conséquence inattendue chez BIDI-O : elles parasitent ses capacités, voire provoquent une perte de mémoire pendant un court instant. Dans un cas comme celui-là, la Confédération souhaite en être informée.
— Je comprends.
Adallia regarda BIDI-O et vit que celui-ci avait la tête légèrement baissée. Il semblait prendre un peu plus conscience de cette problématique du principe d’instabilité, non pas pour lui-même, mais plutôt pour les Humains. Sa réaction témoignait du fragile équilibre sur lequel reposait la recherche en transrobotique et le fait qu’elle ne concernait pas seulement les inquiétudes de Kaïlye sur le bien-être de l’Androïde, mais aussi la relation entre les êtres biologiques et les machines.
Malgré cette réflexion intéressante, Adallia ne comprenait toujours pas quel pouvait être le lien avec ses propres recherches.
— Pourquoi avoir discuté de tout cela ? demanda-t-elle à son tour.
— Mes contacts au Gouvernement planétaire d’Ordensis m’ont fourni quelques renseignements intéressants, lâcha son directeur.
Adallia, Kaïlye et BIDI-O furent tout ouïe.
— D’après ce que j’ai compris, raconta Yu Kiao, le Gouvernement central s’inquiète de plus en plus de la transrobotique des Androïdes.
— Pour quelle raison précisément ? demanda Kaïlye.
— Le Gouvernement craint que le scénario des Cyborgs ne se répète et que le passage à la supraintelligence cybernétique ne menace l’intégrité de la Confédération. En outre, vos propos me confortent dans l’idée que le Gouvernement cherche à évaluer ce risque d’après le principe d’instabilité des Androïdes.
— Pourtant, ce problème n’est pas nouveau, intervint BIDI-O, qui était resté jusque-là très silencieux, il est inhérent à la transrobotique. Pourquoi le Gouvernement central s’en préoccuperait-il davantage maintenant ?
— Parce qu’il semble que, depuis quelques temps, l’École des Théoriciens ait développé ses liens avec les Humains, et le Gouvernement craint que de nouveaux échanges puissent accélérer le processus de transrobotique des Androïdes.
Yu Kiao se tourna vers Adallia.
— Je pense que cela a aussi un rapport avec cet enquêteur du Bureau des affaires cybernétiques, dit-il.
— Mais à part le fait que des Humains travaillent avec les Cyborgs sur un projet qui s’appelle la « vie cybernétique », nous ne savons toujours pas grand-chose, nuança Adallia.
— C’est vrai, mais votre découverte de la peinture de Koutcha a peut-être permis de mettre en lumière une lacune à ce sujet.
Kaïlye et BIDI-O ne dirent rien, mais tous deux étaient d’accord pour dire qu’Adallia avait sans doute trouvé quelque chose d’important.
— L’erreur du Bureau est de ne pas s’être suffisamment intéressé à cette planète-frontière, renchérit Yu Kiao.
— Vous pensez que Koutcha serait à l’origine du rapprochement entre l’École des Théoriciens et les Humains ? devina abruptement BIDI-O, intrigué par la remarque de Yu Kiao.
— BIDI-O lit dans mes pensées, rétorqua ce dernier avec un sourire. Oui, je crois que cela pourrait-être le cas. Ceci expliquerait que le Bureau des affaires cybernétiques ne comprenne pas bien ce qui se passe, ses investigations se sont surtout focalisées à l’intérieur de la Confédération. Mes contacts m’ont notamment confirmé qu’un Assegaï nommé S-arn, celui-là même évoqué par l’enquêteur, s’était introduit dans plusieurs de nos systèmes stellaires et y aurait fait du prosélytisme sur un projet cybernétique.
— Si je comprends bien, cela voudrait dire que c’est l’École des Théoriciens qui a cherché à entrer en contact avec des Humains, conclut Kaïlye.
Yu Kiao, qui s’enfonçait de plus en plus dans le sofa en raison de son poids, émit un murmure d’assentiment dont le timbre reflétait également le mystère qui planait sur cette histoire.
La dernière remarque de Kaïlye fit également écho chez Adallia à ce que lui avait dit Kendar Wo-Cysbi, à savoir pourquoi l’Ecole des Théoriciens aurait-elle recours à des Humains ? Une idée commença à se forger dans son esprit. Néanmoins, la jeune femme n’était pas encore tout à fait sûre de pouvoir partager son hypothèse et préféra ne rien dire.
Un silence s’était imposé brusquement dans le salon. Yu Kiao caressait sa barbichette, Kaïlye fronçait les sourcils et BIDI-O, lui, ne bougeait définitivement pas, absorbé dans ses réflexions. Le temps d’un instant, Adallia eut l’impression qu’il n’y avait plus besoin de se parler pour se comprendre.
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