Chapitre 28 : Les révélations de Haydn

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 Adallia craignait le pire. Elle se voyait déjà jetée par-dessus l’un des canaux des environs après avoir été froidement abattue par les Hybrides. Elle n’avait, cependant, jamais imaginé prendre les mots de Haydn au pied de la lettre, et ne s’était pas doutée un seul instant de la suite des évènements.

 Le chef des Hybrides avait ordonné qu’on les fît remonter à l’étage supérieur. Dans la salle principale du club, toujours aussi bondée et vibrante, Adallia et Kumara Jiva avaient été conduits dans une pièce excentrée, un carré VIP entouré de murs d’eau. Ils avaient été invités à s’asseoir sur des fauteuils confortables où on leur servit même à boire. Les deux protagonistes étaient perplexes aussi bien l’un que l’autre, mais n’osaient s’adresser la parole à cause d’un petit groupe d’Hybrides armés assis à leurs côtés et qui les surveillaient du coin de l’œil. Ils furent bientôt rejoints par Haydn dont la démarche mécanique et titubante, probablement liée à la masse de son buste cybernétique, contribuait à rendre le personnage encore plus ubuesque. Ce dernier s’assit lourdement en face d’eux, et se mit à boire tout en racontant des histoires grivoises qui firent rire ses congénères.

 De longues minutes passèrent ainsi où les Hybrides se laissèrent aller, feignant de ne pas leur prêter trop d’attention et en parlant de sujet sans aucun rapport avec leur affaire. Adallia ne savait quoi penser de cette situation surréaliste. Bien que ce n’était pas clairement dit, elle et l’antiquaire étaient les otages des Hybrides ; pourtant, aucun d’eux n’agissait vraiment en tant que ravisseur. En désespoir de cause, Adallia but l’une des boissons qu’on leur avait amenée et que les deux « convives » n’avaient pas encore touchée. La liqueur bleue qu’elle ingurgita était fortement alcoolisée et avait un goût amer. Exactement ce dont elle avait besoin pour tenter d’oublier ce qui lui arrivait. La scène n’avait pas échappé à Haydn qui regarda la jeune femme avec une certaine curiosité alors que les autres Hybrides continuaient de discuter entre eux.

Vous savez, dit-il de sa voix aux multiples échos, il n’y a pas beaucoup d’Androïdes sur Koutcha ; le Gouvernement central a restreint leur accès. Si vous en croisez un, cela signifie que soit cet Androïde travaille pour la Confédération, soit il s’intéresse à la transrobotique ; ou bien les deux.

 Adallia commençait à comprendre. Haydn sous-entendait que ce n’était pas un hasard si elle et l’antiquaire avait fait mention d’un Androïde.

Et... et pourquoi le Gouvernement central a-t-il restreint leur accès ? demanda la jeune femme avec anxiété.

Pour tenter de garder le contrôle...

 Haydn s’adressa ensuite à l’antiquaire.

Toi et ton amie en savez plus que vous ne voulez bien le faire croire.

Nous sommes comme vous. Nous cherchons à comprendre, c’est tout, répondit Kumara Jiva en gardant son sang-froid et en tâchant de rester équivoque dans ses propos.

 Haydn n’avait pas réussi à perturber son interlocuteur autant qu’il l’avait espéré. Le flegme dont faisait preuve l’antiquaire interrogeait l’Hybride qui prit un air embêté. Et alors que Haydn observait le vieil homme sans mot dire, un autre Hybride s’approcha.

Ils sont arrivés, dit ce dernier à voix basse à l’attention de son chef.

Bien, fais-les venir, ordonna Haydn.

 Adallia et Kumara Jiva se regardèrent en se demandant bien de qui leurs hôtes parlaient. L’attente ne fut pas longue, et quand l’autre Hybride revint accompagné, Adallia sentit les battements de son cœur s’accélérer.

 Elle reconnut tout d’abord son ami BIDI-O qui ne put s’empêcher de dépasser les gardes qui l’escortaient et s’arrêta instantanément au moment où il croisa le regard d’Adallia. L’Androïde réalisa également la présence de l’antiquaire et orienta tour à tour son regard vers chacun des deux protagonistes, cherchant à comprendre ce qu’il se tramait. Il n’y aurait pas pu y avoir plus suspect comme attitude. Mais la jeune femme n’était pas au bout de ses surprises.

 À la suite de BIDI-O, une silhouette familière fit également son apparition. Kendar Wo-Cysbi avait troqué pour la première fois son costume traditionnel pour un vêtement plus local, ce qui fit qu’Adallia eut d’abord un doute. Celui-ci se dissipa rapidement quand elle vit l’enquêteur adopter une réaction presque similaire à celle de l’Androïde, à la différence que l’homme affichait un mélange d’étonnement et de colère.

Quelle charmante réunion ! railla Haydn qui fit signe à ses hommes de faire avancer BIDI-O et Kendar Wo-Cysbi. Je ne regrette pas de vous avoir demandé de venir.

 Aussitôt, on pria les deux nouveaux venus de rejoindre le carré privé. L’Androïde s’installa à proximité des fauteuils, là où sa roue lui permettait de tourner sur lui-même sans gêner personne ; l’enquêteur, lui, fut placé sur un siège à part. Aucun des « invités » n’osaient se regarder droit dans les yeux, à l’exception de Kumara Jiva qui dévisageait Kendar Wo-Cysbi, devinant de qui il s’agissait.

 Haydn s’amusa beaucoup de la scène et questionna avec une pointe d’ironie les différents protagonistes :

Vous vous connaissez, n’est-ce pas ?

Je ne crois pas, répondit Kendar Wo-Cysbi en cherchant à adopter un ton neutre.

Ce n’est pas ce que vos yeux trahissent...

 Comme personne n’ajoutait rien, l’Hybride poursuivit à l’adresse de l’enquêteur :

Quelque chose me dit que tout ne passe pas comme prévu. J’ai d’ailleurs une question pour toi et l’Androïde. Est-ce que vous désirez toujours nous acheter des technologies cybernétiques ?

 Kendar Wo-Cysbi comprit parfaitement que c’était une question rhétorique et ne répondit pas.

Ou bien est-ce la Confédération qui s’intéresse à la transrobotique ? surenchérit Haydn qui se montrait de plus en plus véhément dans sa façon de parler.

Quel rapport avec nous ? objecta l’enquêteur, presque sur le même ton.

C’est quand même une incroyable coïncidence que deux antiquaires viennent me voir et me parler de singularité technologique tout en prétendant connaître un Androïde qui s’intéresse justement à la transrobotique, s’emporta l’Hybride en pointant du doigt BIDI-O.

 Kendar Wo-Cysbi lança un regard inquisiteur à Adallia lorsqu’il comprit ce qui se passait. La jeune femme se sentit mal et préféra baisser la tête pour ne pas avoir à affronter ses compagnons.

Nous n’avons pas parlé de transrobotique, intervint calmement Kumara Jiva d’une voix montrant qu’il ne saisissait pas bien tout ce qui était en jeu.

 Cette intervention fit davantage prendre conscience à Adallia que Haydn n’était pas non plus très certain de ce qu’elle et l’antiquaire savaient sur ce sujet.

Pas explicitement... concéda l’Hybride, l’air sombre. Dans ce cas, je vais vous aiguiller pour éclaircir les choses. Saviez-vous que le Gouvernement central cherche à censurer les informations concernant la peinture sur la « vie cybernétique » ?

 Cette révélation avait complètement déconcerté Adallia et Kumara Jiva. La tension monta encore d’un cran.

De quoi parlez-vous ?! fit Kendar Wo-Cysbi d’un air outré tout en feignant l’ignorance.

C’est à toi de nous le dire, riposta l’Hybride, toujours acerbe, mais aussi excité à l’idée que les choses pussent dégénérer. Maintenant, je sais qui tu es.

 L’enquêteur, silencieux, donnait l’impression d’être cerné. Toutefois, Adallia ne comprenait pas les tenants et aboutissants des accusations avancées par Haydn.

Le Gouvernement central veut faire disparaître toute trace de la « vie cybernétique », ajouta l’Hybride en voyant que Kendar Wo-Cysbi persistait dans son mutisme. Nous le savons, des Androïdes qui travaillent pour la Confédération à Scaracande nous ont prévenu.

 Adallia repensa alors à l’Androïde qui l’avait aidé à s’échapper de la zone administrative quelques heures plus tôt. Il devait sûrement s’agir d’un des Androïdes dont Haydn parlait.

 Kendar Wo-Cysbi répliqua :

Pourquoi des Androïdes de la Confédération accepteraient-ils de vous aider ?

Ils veulent atteindre la supraintelligence cybernétique, bien sûr !

Ce qui dérange le Gouvernement, c’est le fait que vous développiez des améliorations bioniques sans autorisation.

 À la surprise générale, Haydn éclata de rire. C’était le rire de quelqu’un sincèrement hilare. Les yeux de l’Hybride étaient irrités, mais à cause des implants bioniques qui lui recouvraient une partie du visage, l’individu semblait ne pas pouvoir pleurer.

Je trouve cette remarque très ironique, dit-il en se calmant presque aussitôt. C’est justement parce que la Confédération nous menace en recrutant des mercenaires que nous avons besoin, plus que jamais, de ces améliorations.

Que voulez-vous dire ? demanda Kumara Jiva, intrigué.

Ce que je veux dire, c’est que le Gouvernement central veut également s’en prendre à nous, les Hybrides.

 Adallia et Kumara Jiva étaient pantois. La jeune femme chercha désespérément une réaction de BIDI-O. Mais l’Androïde, comme à son habitude dans ce genre de situation, ne manifestait rien. Il se contentait d’observer et d’analyser.

La destruction de la « vie cybernétique » passe par la nôtre, parce que nous aidons l’École des Théoriciens, reprit Haydn. Or, les Androïdes nous ont indiqué qu’un enquêteur avait été dépêché sur Koutcha, spécialement dans ce but.

 Tous les visages se tournèrent vers Kendar Wo-Cysbi.

Le Gouvernement craint que l’École des Théoriciens cherche à influencer la transrobotique des Androïdes ! lança férocement l’homme en ne cherchant même plus à se cacher.

 Haydn éclata à nouveau de rire, au grand désarroi de l’enquêteur qui commençait à perdre ses moyens.

Ah vous voyez ! s’exclama l’Hybride. Il s’agit donc bien du problème de la transrobotique !

 Adallia percevait très clairement l’intelligence de Haydn qui cherchait à acculer Kendar Wo-Cysbi et le forcer à avouer. L’Hybride se leva de son fauteuil et écrasa l’assemblée par sa prestance. Il regarda tour à tour Adallia et BIDI-O, et leur dit :

Il y a une autre chose que je dois vous révéler : cet enquêteur n’est pas venu pour savoir ce qu’est la « vie cybernétique », mais pour savoir si elle est possible.

 Adallia ne décrocha pas un mot. Les yeux de BIDI-O se mirent à grésiller, comme s’il avait des interférences. Kumara Jiva était concentré pour comprendre. Et Kendar Wo-Cysbi regardait dans le vide, impuissant.

Les Androïdes nous avaient aussi prévenus de votre arrivée sur Koutcha, continua Haydn, toujours debout. Ils nous ont dit que vous étiez venus pour aider la Confédération à chercher des informations sur la « vie cybernétique ». Toutefois, nous n’étions pas sûrs si vous aviez un lien avec l’enquêteur, car contrairement à vous, nous ne connaissions pas son identité.

 D’un côté, l’Hybride inspirait la crainte et la suspicion à Adallia. D’un autre côté, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de penser qu’il disait la vérité. Ses propos étaient cohérents et expliquaient les événements de ces dernières semaines. À partir du moment où ils étaient arrivés à Scaracande, Kendar Wo-Cysbi avait consciencieusement cherché à l’éviter, elle et BIDI-O, et à ne pas se montrer de manière générale. La seule fois où ils s’étaient entrevus était lorsque l’enquêteur les avait convoqués à son bureau pour discuter à huis clos de l’antiquaire et des Hybrides. Par ailleurs, cela expliquait encore une fois pourquoi un Androïde l’avait aidé à quitter la zone administrative. Ce dernier savait parfaitement qui elle était et avait choisi de lui donner un coup de main dans l’espoir qu’elle fît inconsciemment quelque chose d’utile.

 Dans une sorte de mise en scène théâtrale très calculée, Haydn porta toute son attention sur Adallia.

Comme je savais qui était l’Androïde, j’avais des doutes sur l’enquêteur. Et si vous n’étiez pas venue à moi avec ce cher antiquaire pour me questionner sur la singularité technologique, je crois que j’en aurais encore.

 Adallia eut soudain la sensation que tout son monde s’effondrait sous l’effet de son propre poids. Haydn ne se contentait pas d’insinuer que la jeune femme pouvait être responsable de la situation actuelle, mais affirmait clairement qu’elle en était la cause.

 Kendar Wo-Cysbi, l’expression figée de colère, la fixait d’un air de dire : « Bravo, Adallia... » La jeune femme ne s’était jamais sentie aussi mal de toute sa vie. Elle était envahie par la honte et le remord. Le sourire de l’Hybride sur son visage était encore plus prégnant.

Les Assegaï ont découvert la peinture sur la « vie cybernétique » dans un sanctuaire abandonné par une ancienne cilvilisation, dit-il. Plus tard, ils nous ont inité à ce qu’ils savaient sur cette peinture, et nous avons décidé de les aider à chercher d’autres traces de la « vie cybernétique ».

 Les Hybrides écoutaient aussi attentivement leur chef que ne le faisaient leurs quatre otages. En les observant et en analysant les propos de Haydn, Adallia réalisa que la « vie cybernétique » n’était pas seulement un concept lié à un système de croyances ancien sur la singularité technologique. Il s’agissait bel et bien d’un culte que l’École des Théoriciens avait mystérieusement excavé et comptait faire renaître. Le fait que les Hybrides portaient sur eux un tatouage du symbole chimérique était un signe de reconnaissance et d’appartenance à ce culte.

 La jeune femme s’interrogeait toutefois sur les motivations des Hybrides. « Qu’est-ce qui poussait ces derniers à y adhérer ? »

Mais vous... je... euh... pourquoi... pourquoi la « vie cybernétique » ne serait-elle pas possible ? balbutia Adallia en peinant à chercher ses mots.

Elle l’est. Néanmoins, je crois que l’enquêteur vous a utilisé, vous et l’Androïde, pour voir si c’était le cas, car la Confédération ne connaît ni l’origine ni le fonctionnement exact de la « vie cybernétique ».

 Kendar Wo-Cysbi, le visage fermé, ne réagît pas aux propos de l’Hybride. Haydn ajouta à l’adresse d’Adallia et de Kumara Jiva :

Ce que je ne comprends pas bien, en revanche, c’est pourquoi vous êtes venus m’apporter une autre peinture avec le symbole chimérique.

 « Parce que je suis idiote et naïve » pensa très fort Adallia qui vit en même temps que Kendar Wo-Cysbi et BIDI-O s’étonnèrent d’entendre parler d’une « autre peinture ».

Nous ne vous avons pas menti, intervint Kumara Jiva avec une voix sage. C’est parce que nous cherchons réellement à comprendre.

 Sa remarque était pertinente. Du fait d’avoir présenté cette seconde peinture aux Hybrides, la jeune femme et l’antiquaire montraient qu’ils n’étaient pas au courant des intentions du Gouvernement central.

 Soudain, Kendar Wo-Cysbi lança violemment :

Vous, les Hybrides, mentez ! Vous cherchez à aider l’École des Théoriciens en prenant le contrôle du trafic d’antiquités !

 Avec beaucoup de dédain, Haydn lui rit encore une fois au nez.

Cela ne sera pas nécessaire !

 L’Hybride fit signe à ses congénères de saisir Kendar Wo-Cysbi. En une fraction de seconde, deux gardes armés saisirent l’enquêteur pour le lever de son siège.

Emmenez-le au sous-sol et gardez-le au frais ! Nous nous occuperons de lui plus tard.

 Les Hybrides assénèrent un coup à l’arrière de la tête de Kendar Wo-Cysbi et le traînèrent à demi-conscient loin du carré VIP, sans lui laisser aucune chance. Adallia fut submergée par l’émotion et s’effondra en pleurs.

 Haydn se pencha vers elle.

Ne vous inquiétez, je n’ai pas l’intention de vous faire du mal, pas à vous en tout cas...

 L’Hybride jouait volontairement avec les émotions de la jeune femme pour la déstabiliser en provoquant un effet double ; à la fois rassurant et inquiétant. Sur ces mots, il s’éloigna à son tour pour discuter avec ses hommes.

 BIDI-O à qui personne n’avait vraiment prêté attention jusqu’à maintenant en raison de son silence en profita pour se précipiter vers sa comparse, les yeux toujours larmoyants.

Adallia ! s’écria-t-il, comme s’il venait seulement de la retrouver.

Oh BIDI-O.... Si tu savais....

Je sais , répondit BIDI-O avec beaucoup d’empathie. Ce n’est pas de ta faute.

J’aimerais le croire, mais j’avais peur pour toi. Je n’avais plus du tout de nouvelle, et Tyrandre refusait de me dire ce qu’il se passait. C’est pour cela que je suis venu te chercher...

Oui, c’est ce dont je me suis douté quand le chef des Hybrides a dit que tu avais parlé de moi. En fait, cela nous a pris du temps à moi et Kendar Wo-Cysbi pour le rencontrer. Nous voulions gagner sa confiance. Kendar Wo-Cysbi m’a obligé à faire silence radio pour ne pas nous révéler. Seul Tyrandre était au courant, et il avait ordre de ne pas en parler pour éviter que les Hybrides ne découvrent qui nous étions.

Malheureusement, j’ai tout gâché...

Non, ce n’est pas ce que tu crois, Adallia. Comme tu l’as entendu, les Hybrides avaient déjà des doutes ; ils savaient qui j’étais. De plus, quand moi et l’enquêteur nous nous sommes fait passer pour des marchands et que nous leur avons dit que nous voulions acheter des technologies cybernétiques, ils ont cherché à nous tester pour savoir ce que nous savions sur la transrobotique. Du coup, j’ai appris des choses intéressantes.

 Les paroles réconfortantes de l’Androïde mirent du baume au cœur à Adallia.

En discutant avec eux, j’ai mieux compris le mécanisme de démultiplication des corps des Cyborgs, expliqua le petit robot. Ils arrivent à gérer l’afflux de données lié aux perturbations des champs quantiques en utilisant des réalités virtuelles multidimensionnelles.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que l’apparition d’ondes qui témoigne des perturbations des champs quantiques et qui est à l’origine du principe d’instabilité chez les Androïdes est issue d’un phénomène d’interactions entre les dimensions de notre univers.

Dans ce cas, qu’est-ce qui provoque ces interactions ?

Je... je ne suis pas très sûr de savoir, répondit BIDI-O, étrangement hésitant pour un Androïde. Mais je sais que ce phénomène augmente considérablement le champs des possibles en cybernétique.

Jusqu’à quel point ? demanda Adallia, interloquée.

Je crois que la « vie cybernétique » pourrait s’appliquer aux êtres biologiques.

 Adallia avait du mal à croire ce qu’elle entendait.

Ce sont les Hybrides qui t’ont parlé de cela ?

Non. En réalité, ils ne m’ont parlé que du fonctionnement des réalités virtuelles multidimensionnelles pour savoir si j’étais capable de supporter un changement de mémoire important. Mais comme tu as pu le constater, ils ne se contentent pas de simplement aider les Assegaï en échange de technologies, les Hybrides croient également au concept de « vie cybernétique ».

C’est aussi l’impression que j’ai, déclara l’antiquaire qui avait écouté la conversation et s’était rapproché discrètement d’eux. Ceci expliquerait notamment leur tendance à développer des améliorations bioniques et à se faire tatouer le symbole chimérique.

Oui, vous avez tout à fait raison, Monsieur, abonda le petit robot.

 Malgré l’incertitude qui planait au-dessus d’eux, le vieil homme eut un petit rire amusé.

Tu sais BIDI-O, je crois que nous avons dépassé le stade des « Monsieur », surtout dans la situation dans laquelle nous sommes maintenant.

Oh, je comprends, répondit naïvement l’Androïde qui n’osait toutefois pas prononcer le nom de son interlocuteur. Je vous remercie d’ailleurs d’avoir accompagné Adallia.

J’aurais préféré que l’on se retrouve dans d’autres circonstances...

Moi aussi, mais Kendar Wo-Cysbi m’a laissé entendre que le Gouvernement central souhaitait mettre fin aux contacts entre les Hybrides et le Théo-logicien. Quelque chose est en train de se préparer de toute façon.

Le Théo-logicien ? répétèrent ensemble Adallia et Kumara Jiva.

Oui, c’est l’Assegaï qui fait le lien entre les Hybrides et l’École des Théoriciens.

Tu veux parler de S-arn ? demanda Adallia.

Exact, c’est comme cela que les Hybrides l’appellent. De plus, pendant que nous enquêtions, Kendar Wo-Cysbi s’intéressaient beaucoup à l’influence des améliorations bioniques sur le comportement des Hybrides, et pas seulement à ce qu’elles pourraient produire chez les Androïdes.

 Alors que l’antiquaire paraissait perdu au milieu de toutes ces explications, la jeune femme, elle, était encore plus avide de comprendre.

Tu voudrais dire qu’avec la « vie cybernétique » les machines pourraient se connecter à des êtres biologiques ? demanda-t-elle.

C’est ce que je pense, Adallia. Sinon, pourquoi les Hybrides s’intéresseraient- ils autant à ce concept ?

Dans ce cas-là, Haydn a peut-être dit vrai. Le Gouvernement central chercherait à enrayer l’influence de l’École des Théoriciens en s’en prenant aux Hybrides.

En effet, fit BIDI-O, car si la « vie cybernétique » permettait de prendre contrôle de la conscience, alors le danger serait encore plus grand.

 Soudain, la voix mixte de Hadyn se fit entendre derrière eux :

L’Androïde est perspicace, mais ce n’est pas tout à fait cela... Le Théo-logicien t’attend.

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