Chapitre 3 4/4

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 Malgré l'épais manteau qui l'enveloppait jusqu'aux genoux, Grirm frissonna.

 "Il fait plus froid, ces temps-ci" pensa-t-il.

 Son regard se tourna vers la place marchande, reflétant les rayons du soleil sur le reste de Grand'Arch d'une lumière lunaire. Plus loin, les résidences naines confortablement lovées sous l'épais plafond de roche scintillaient comme de petites étoiles sous l'effet des lanternes.

 Rien ne semblait troubler l'incohérent désordre du bazar.

 Il se retourna et pénétra sous l'imposante arche dorée du palais royal.

  • Monseigneur, l'accueilit en s'inclinant un nain, dont le pourpoint pourpre menaçait de céder sous l'embonpoint.
  • J'ai une audience avec le roi, Halfbert.

 Le majordome fit une révérence, puis l'invita à avancer d'un signe de la main.

  • Bien, Monseigneur. Je crois savoir qu'il vous attend.

 Un autre frisson.

  • Les températures ne sont pas clémentes, en ce moment. N'est-ce pas Halfbert ?
  • Les vents doivent souffler de l'Est, à la surface. Peut-être se sont-ils engouffrés par la rampe, Monseigneur ? répondit-il alors qu'il escortait Grirm jusqu'a la salle du trône.
  • C'est bien probable. Espérons que cela ne dure pas. Quelles nouvelles à la cour royale, en ce moment ?
  • Loin de moi l'idée de ne pas vouloir satisfaire votre curiosité, Monseigneur, mais ces choses-là ne me regarde nullement.
  • Comme toujours, Halfbert. Comme toujours.

 Halfbert s'arrêta devant un large escalier vétu d'un tissu écarlate, et se courba à nouveau.

  • Monseigneur, le roi Raygin.

 Un autre frisson.

 Sans y faire attention, Grirm gravit les marches, fit quelques pas, puis mit un genou à terre, face au souverain.

  • Votre Excellence.
  • Commandant Grirm. Votre rapport quant à la situation de...

 Il s'interrompit, puis murmura quelques mots à la naine assise à coté de lui, qui lui répondit brièvement. Il se racla la gorge.

  • Quant à Dessus-le-Trou se faisait languir, reprit-il comme si ces mots lui brulaient la langue. Par le passé, vous m'avez pourtant habitué à plus de ponctualité.
  • De grâce, que Votre Majesté me pardonne. Les veilleurs n'ont pu découvrir ce qu'il était advenu de la cargaison volée. Seule demeure la certitude, grâce aux contrôles que nous avons mis en place, qu'elle subsiste chez les humains.

 Raygin, qui s'impatientait visiblement, se mit à jouer avec l'une des bagues de sa main droite, la faisant tourner autour de ses doigts.

  • Continuez, commandant. Que me conseillez-vous de faire, dans ce cas ?

 Grirm hésita un moment à répondre.

  • Si Votre Majesté désire récupérer la cargaison sans plus attendre, il me semble opportun d'envoyer un régiment pour fouiller les abris. Avec un nombre adéquat de nain, les incidents devraient se limiter à quelques rixes anodines.
  • Un plan raisonnable, j'en conviens. Mais la raison n'est pas à l'ordre du jour, commandant. J'ai mieux en ce qui concerne ces sangsues qui s'amassent à nos portes. Je ne laisserai pas la réputation de notre royaume se ternir par l'action de quelques affamés qui se permettent de piller nos routes. Je les ai assez tolérés tant qu'ils restaient pacifiques. Aujourd'hui, c'en est trop. Montez là-haut, brûlez chaque cabane, rasez les fondations de ce pitoyable village, et dispersez ces misérables faquins dans la nature. Je ne veux plus aucune trace de Dessus-le-Trou.

 Grirm restait agenouillé, la tête baissée.

  • Est-ce bien compris, commandant ? demanda Raygin en l'absence de réponse.
  • Oui, votre Majesté. Et pour la cargaison ?
  • Retrouvez-la ! Pendez les responsables de ce vol. Et réservez le même sort à ceux qui résisteront. Godran se chargera de bloquer les arrivées de convois pendant une journée et demie. C'est le temps dont vous disposez.
  • Cela sera fait, Votre Majesté.
  • Bien. Vous pouvez disposer, commandant.

 Grirm se releva, effectua une longue révérence, puis se retourna. Il descendit rapidement les escaliers. Il n'avait que peu de temps pour accomplir sa mission. Tandis qu'il quittait le palais royal, un nouveau frisson l'étreignit.

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