Chapitre 10

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Polariss avait passé la nuit précédente en proie à un tourbillon de pensées contradictoires. Les avertissements de Sophia et Ollie résonnaient encore dans son esprit, mais quelque chose au fond de lui le poussait à croire en la vision qu’il avait eue. Il sentait que cette vision n’était pas simplement un mirage, mais une promesse d’une voie alternative, une voie où Adrian jouait un rôle essentiel. Après des heures de réflexion, il prit une décision : il allait faire confiance à Adrian, malgré les doutes qui persistaient.

Le lendemain, Polariss se rendit au lycée avec une résolution nouvelle. En arrivant dans la cour, il aperçut Adrian, ses bras encore marqués par des bandages, mais arborant un sourire sincère en le voyant approcher.

  • « Merci encore pour hier, » dit Polariss en s’approchant, sa voix pleine de gratitude. « Je sais que je peux compter sur toi. »

Adrian sembla touché par ces mots.

  • « Je suis content que tu le penses. J’ai l’impression que quelque chose de fort se crée entre nous. » Après une pause, il ajouta : « Viens chez moi ce soir. Je veux te montrer quelque chose. »

Polariss hésita un instant, mais la curiosité l'emporta. « D’accord, j’y serai, » répondit-il avec un sourire, désireux de découvrir une nouvelle facette d’Adrian, de percer les mystères qui semblaient l’entourer.

Le soir venu, Polariss se retrouva devant la maison d’Adrian. C’était une grande demeure ancienne, aux murs de pierre couverts de lierre. L’endroit dégageait une atmosphère à la fois imposante et mystérieuse, mais l'intérieur, une fois la porte franchie, était d’une chaleur accueillante qui contrastait agréablement avec l’apparence extérieure.

Adrian le conduisit dans une pièce située à l'arrière de la maison, qui semblait être à la fois un salon et un studio de musique. Les murs étaient tapissés de posters de groupes de musique, certains célèbres, d’autres moins connus. Une guitare électrique était posée contre un fauteuil en cuir, et un piano à queue trônait fièrement au centre de la pièce, son bois noir brillant dans la lumière tamisée.

  • « C’est mon sanctuaire, » dit Adrian en observant la réaction de Polariss. « C’est ici que je passe le plus clair de mon temps, à jouer, à écrire… »

Polariss ressentit une étrange familiarité en observant cette pièce. Il n’avait jamais vu cet aspect de la personnalité d’Adrian, ce côté créatif et sensible. Cela le rapprochait de lui d’une manière qu’il n’avait pas anticipée.

Avant de continuer, Adrian se dirigea vers une petite armoire pour en sortir une trousse de premiers soins.

  • « Je dois encore nettoyer quelques coupures, » expliqua-t-il en déballant des bandages. Polariss l’observa en silence, un mélange de culpabilité et d’admiration se formant en lui. Adrian s’occupait de ses blessures sans se plaindre, avec une résilience qui forçait le respect.
  • « Tu veux que je t’aide ? » proposa Polariss, incertain.

Adrian sourit et secoua la tête. « Non, ça va. Ce n’est rien. » Mais Polariss pouvait voir la douleur dans ses yeux, même s’il essayait de la masquer. Cette vision d’Adrian, blessé mais stoïque, ébranla quelque chose en lui. Pour la première fois depuis longtemps, Polariss se sentait comme un être humain, capable de compassion, plutôt que comme un sorcier maudit.

Une fois les blessures nettoyées, Adrian invita Polariss à s’asseoir sur le canapé en cuir noir.

  • « J’ai quelque chose pour toi, » dit-il en se dirigeant vers le piano. « J’ai écrit une chanson pour toi. »

Polariss, surpris et touché par ce geste, s’installa confortablement. Il regarda Adrian s'asseoir au piano, ses doigts glissant avec aisance sur les touches d’ivoire. Une mélodie douce s’éleva dans la pièce, une musique qui semblait flotter dans l’air comme un parfum délicat. C’était une mélodie mélancolique mais réconfortante, qui évoquait à la fois tristesse et espoir.

Alors qu’Adrian jouait, Polariss sentit ses pensées se calmer. Les doutes, les peurs, tout semblait s’évaporer, remplacé par une paix intérieure qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps. La musique d’Adrian le touchait profondément, lui rappelant des souvenirs enfouis d’une vie qu’il avait autrefois, avant la malédiction.

Puis Adrian commença à chanter. Sa voix était basse et profonde, résonnant avec une gravité qui ajoutait une nouvelle dimension à la mélodie. Les paroles parlaient de protection, de loyauté, et de l’importance de trouver quelqu’un en qui avoir confiance. Chaque mot semblait adressé directement à Polariss, comme une promesse silencieuse, un engagement à être là, quoi qu’il arrive.

Polariss ferma les yeux, se laissant emporter par la musique. Pour un moment, il se sentit transporté dans une autre époque, une époque où il était simplement humain, sans le poids de la malédiction. Il se surprit à sourire, à ressentir une chaleur qu’il n’avait pas connue depuis des années.

Alors qu’il écoutait la mélodie apaisante, Polariss ressentit une étrange nostalgie. Cette musique, l’atmosphère de la maison d’Adrian, tout cela lui rappelait une époque révolue, une époque où il était encore un simple adolescent, avant que la malédiction ne bouleverse sa vie. Il se rappela des moments passés avec des amis, des soirées insouciantes, des rires partagés. Pour la première fois depuis quatre ans, il se sentait à nouveau humain, vivant une vie normale, loin des ombres de la magie.

Cette sensation de retrouver une part de son humanité perdue était à la fois douce et douloureuse. Elle lui rappelait ce qu’il avait perdu, ce qu’il avait sacrifié. Mais en même temps, cela lui donnait un espoir nouveau, l’espoir qu’il pourrait peut-être, un jour, retrouver cette normalité qu’il avait abandonnée.

Mais alors que la musique continuait, une petite voix au fond de lui murmurait que cette illusion de normalité était fragile, qu’elle pourrait se briser à tout moment. Pourtant, il choisit de savourer cet instant, de se laisser porter par la musique et par la compagnie d’Adrian, qui, pour un moment, lui offrait un refuge contre ses tourments.

La chanson s’acheva doucement, les dernières notes se dissipant dans l’air. Le silence retomba dans la pièce, un silence lourd de significations. Polariss ouvrit les yeux et croisa le regard d’Adrian, qui le fixait avec une intensité bienveillante.

  • « C’était… magnifique, » murmura Polariss, sa voix presque brisée par l’émotion.

Adrian sourit, un sourire sincère et plein de douceur.

  • « Je suis content que ça te plaise. Je voulais que tu saches ce que tu représentes pour moi. »

Ces mots, simples mais lourds de sens, firent naître en Polariss un mélange de sentiments qu’il n’avait pas anticipé. Il ressentit une chaleur qu’il ne pouvait expliquer, un sentiment d’attachement qui allait au-delà de la simple amitié. Il se demanda ce que cela signifiait réellement, pourquoi il se sentait si bien en présence d’Adrian, pourquoi ses pensées semblaient se brouiller lorsqu’il était près de lui.

Alors qu’ils restaient assis en silence, ces questions tourbillonnaient dans l’esprit de Polariss. Était-ce plus que de l’amitié ? Était-il possible que les sentiments qu’il commençait à développer pour Adrian soient plus profonds qu’il ne l’avait envisagé ? Il n’osait pas encore y réfléchir pleinement, mais il savait que ces émotions ne pouvaient plus être ignorées.

La soirée se termina sur une note douce-amère. Polariss quitta la maison d’Adrian avec un mélange d’émotions contradictoires. Il se sentait plus proche d’Adrian qu’il ne l’avait jamais été, mais cette proximité le laissait également avec plus de questions que de réponses.

Adrian le raccompagna jusqu’à la porte. Avant que Polariss ne parte, il posa une main sur son épaule, un geste à la fois réconfortant et chargé de significations.

  • « Merci d’être venu. J’espère que tu reviendras. »

Polariss acquiesça, un sourire aux lèvres, mais son cœur était lourd de confusion. Ce lien avec Adrian devenait plus complexe qu’il ne l’avait imaginé. Les sentiments qui émergeaient en lui étaient ambigus, troublants, et il savait qu’il ne pouvait plus les ignorer. Alors qu’il s’éloignait dans la nuit, il se demandait ce que l’avenir lui réservait, et s’il était prêt à affronter les vérités que ces nouvelles émotions allaient inévitablement révéler.

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