Chapitre 16
Je me réveille doucement le lendemain matin grâce à de délicieuses caresses que je sens sur mon dos et mes fesses :
- Mmmmmmmm.
Je tourne la tête et me retrouve nez à nez avec les beaux yeux bleus de Gabriel qui me fait un grand sourire avant de m'embrasser :
- Bonjour petit chat, tu as bien dormi ? demande-t-il en me câlinant la joue tendrement.
- Moui, j'avais une très bonne peluche avec moi.
Il rigole et m'embrasse encore une fois. Cette fois je lui rends son baiser tout en me redressant. Je ne suis pas gêné qu'il me voit nu, après tout il m'a déjà contemplé de la tête aux pieds hier :
- Est-ce que tu as faim Killian ?
- Oui, et j'ai très envie de prendre une douche aussi, je crois que je vais d'abord me laver avant de manger, répondé-je en repoussant la couette pour me diriger vers la salle de bain.
Je sens des mains qui s'agrippent à mes hanches et des lèvres me bécoter le cou :
- Tu crois vraiment que je vais te laisser te laver tout seul ? Moi aussi j'aimerais beaucoup m'occuper de ton adorable petit corps.
Je suis dans l'incapacité de lui refuser quoi que ce soit et je le laisse donc entrer dans la douche avec moi.
Une fois dans la cabine, il attrape le savon et commence à me laver de façon très sensuelle. Mes joues se colorent légèrement de rouge quand il passe entre mes jambes. Parce qu'il me lave vraiment PARTOUT :
- Tu sais, je peux me doucher tout seul, argué-je timidement.
- Bien sûr, mais j'ai très envie de tripoter et caresser ton corps, alors je me saisis de toutes les occasions. Et puis ose me dire que tu n'aimes pas, lâche-t-il avec amusement.
Il n'a pas tort. Après tout, autant profiter de ces bons moments ensemble. Quand c'est à mon tour de veiller sur son bien-être, je prends un malin plaisir à le tripoter sans aucune gêne :
- Je savais que tu étais aussi pervers que moi chaton, me dit-il dans un râle.
- Je ne suis pas pervers, je t'imite c'est pas la même chose, rétorqué-je.
Gabriel se réjouit de ma réponse et savoure les lents dessins que je m'amuse à tracer sur les courbes de son corps, tout en le savonnant. Dans la cabine de douche, on entend plus que des soupirs et des gémissements de plaisir.
Puis nous nous rinçons et nous dépêchons de nous sécher et nous habiller... il était plus que temps de s'alimenter :
- Allons prendre soin de notre petite fin maintenant, dit-il en me prenant la main.
La salle à manger me paraît étrangement vide. Il y a bien quelques personnes, surtout des enfants qui se montrent heureux de voir Gabriel car ils viennent tous lui réclamer des câlins. C'est trop mignon. Ils doivent vraiment l'adorer pour venir aussi facilement dans ses bras. C'est assez étrange de voir la manière dont il se montre tendre et doux avec des enfants, alors que je l'ai vu se montrer cruel et monstrueux avec des adultes. C'est un contraste vraiment choquant et qui me laisse perplexe.
Les bambins finissent cependant par le laisser. Gabriel me fait signe de le suivre et pour que nous nous installons aux mêmes places d'hier soir.
Le petit déjeuner qui est sur la table me met du baume au cœur : des salades de fruits, des tartines, des gaufres, des œufs au plat avec du bacon, du jus, du thé, du café, du chocolat chaud.
Je me mords la lèvre avant d'attaquer mon assiette car je ressemble à un gros goinfre, mais honnêtement je m'en bats les coussinets. Mon métabolisme consomme beaucoup d'énergie et comme j'ai passé toute la nuit à faire l'amour avec Gabriel, j'ai deux fois plus faim :
- Et bien, on dirait que tu n'as pas mangé depuis des mois ! dit-il avec amusement.
Je lance un regard furibond au déchu, ce qui déclenche un rire de sa part. Il sait qu'il est en partie responsable de mon énorme appétit et l'assume pleinement !
Je continue mon festin en ignorant les rires de mon... petit ami ? Je me rends compte que je ne sais pas si je peux le qualifier de tel. Certes on a couché ensemble et il m'a dit qu'il voulait que je lui appartienne et vice versa. Mais au final est-ce qu'on sort vraiment ensemble ? Je sais que c'est une question vraiment conne, mais je ne peux pas m'empêcher de me la poser. Je finis par lui demander :
- Gabriel, est-ce que je suis ton petit ami maintenant ?
Il me regarde comme si je venais de lui demander si le ciel était bleu. Il oscille visiblement à savoir si c'est une blague ou si je pose la question sérieusement. Finalement il doit comprendre que je ne plaisante pas car il me fait un tendre sourire en venant déposer un doux baiser sur mes lèvres :
- Oh chaton, bien sûr que tu es mon petit ami maintenant, et moi je suis le tien, ça te rassure ?
Je hoche la tête et son sourire s'agrandit avant qu'il ne se remette à manger. Je me sens vraiment stupide de lui avoir demandé ça. Mais en même temps soulagé car j'avais besoin d'une confirmation. C'est comme si j'avais douté de ses sentiments. C'est bête, je sais mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à faire totalement confiance aux gens.
À la fin du repas, Gabriel me lance un regard que je n'aime pas du tout, un regard qui dit « nous allons devoir parler de « choses désagréables ». Pourquoi faut-il toujours que mon bonheur soit de courte durée ? Certes, je me doutais bien que je n'y couperais pas à une discussion sérieuse, sur un sujet dont je déteste parler.
Il me tend la main et je la prends. Il me conduit dans notre chambre et s'assoit sur le canapé :
- Il faut qu'on parle chaton dit-il d'un ton terriblement sérieux.
- Tu veux comprendre pourquoi des loups me poursuivent ?
- Oui, je sais que tu n'as sans doute pas envie d'aborder le sujet, mais nous devons faire face à cette menace. J'ai promis de te protéger, et de ce fait, ils continuent de tuer mes hommes et cette situation doit cesser. Nous sommes acculés et devons trouver une solution.
Je ne dis rien, il doit sentir mon trouble et mon malaise car il m'attire lentement sur ses genoux, me serrant contre lui et me caressant la tête :
- Chaton, j'ai conscience que ce n'est pas un sujet agréable, mais il faut qu'on en parle, comment veux-tu que je t'assure une protection maximale si tu ne m'aides pas ? questionne-t-il en continuant son câlin.
- Tu as raison, c'est juste que je n'ai pas l'habitude qu'on veuille m'aider et prendre soin de moi. Mais je vais te dire tout ce que je sais sur eux.
- Je t'écoute mon petit chat.
- Tous les guerriers de la meute sont à ma poursuite, ils ont également un sorcier avec eux. C'est lui qui me traque et leur permet de me retrouver où que je sois. Je l'ai déjà affronté, il est très puissant. Leur chef s'appelle Lincoln, c'est l'Alpha, il veut tellement mon pouvoir qu'il abandonne son territoire avec pratiquement tous ses combattants juste pour essayer de me capturer. Ils doivent être une bonne vingtaine je pense.
- Je vois, je pense qu'il faut qu'on les affronte, il n'y a que comme ça qu'ils comprendront qu'ils ne pourront jamais t'avoir. Mais il faut un lieu isolé, loin de la ville. Je ne veux pas qu'ils s'en prennent à des femmes ou des enfants pour nous forcer la main.
- Tu te soucies des innocents ? lancé-je avec un étonnement non feint. Pourtant, j'étais persuadé que les gangs s'en foutaient des autres et se bagarraient en pleine ville même si cela devait causer la mort d'autres personnes.
- C'est vrai. Mais en cas d'affrontement, je fais toujours en sorte de choisir un endroit où le nombre de victime ne sera pas trop grand car je ne veux pas mêler des innocents à nos conflits. Si la plupart des autres chefs l'oublient, moi je sais que si nous tuons tout le monde sans distinction il n'y aura bientôt plus personne pour alimenter le gang et notre ville finira par se détruire totalement. Ceci est hors de question !
Je le regarde, totalement abasourdi par ses paroles empathiques. Alors il a un cœur ? Il est capable d'être pourvu d'une grande sensibilité ! Je me suis totalement fourvoyé en croyant qu'il était égocentrique ou uniquement tourné vers la protection de son gang, son frère et moi. Il a l'étoffe d'un grand chef. Cette constatation me satisfait pleinement :
- Ne me regarde pas comme ça enfin chaton, j'ai l'impression que tu me prenais pour un monstre sans pitié.
- Sans vouloir être méchant, oui un peu. Cela va te paraître con, mais je t'identifiais à un connard imbu de sa personne qui n'en a rien à foutre des autres.
J'espère que je ne l'ai pas vexé car je le vois lever les yeux au ciel en soupirant. Après tout il doit sans doute avoir l'habitude que les personnes qui ne le connaissent pas le voient comme cela :
- Sache que je suis ravi de savoir que tu as au moins changé d'avis sur ma personne chaton. Maintenant soyons plus sérieux. Réfléchissons à un lieu où les affronter, et surtout un moyen pour parvenir à leur faire passer notre message. Je connais un terrain vague en ruine à la sortie de la ville. Il faudrait que nous les attirions là-bas, mais comment faire ?
Nous restons de longues minutes, tous les deux perdus dans nos pensées à la recherche d'une stratégie. Soudain un éclair de génie me traverse la cervelle :
- Je crois que j'ai une super idée. On va leur faire croire que tu es prêt à me livrer à eux, que tu en as marre de moi et que je ne t'amuse plus. Tu leur donneras rendez-vous aux ruines. Tes hommes pourront facilement s'y cacher un peu partout de manière à les encercler. Puis une fois qu'ils baisseront leur garde au maximum, vous lancerez l'assaut pour les prendre par surprise ! lui dis-je, fier de mon plan.
- C'est astucieux. Mais tu oublies deux petits détails extrêmement importants : premièrement, les loups-garous ont un odorat extrêmement développé, ils pourront donc sentir notre odeur à des kilomètres à la ronde. Ils sauront que nous sommes plus que ce qui était prévu. Deuxièmement le sorcier, il peut très bien lancer un sort afin de voir si justement nous ne leur tendons pas un piège.
Je me mords la lèvre devant son raisonnement limpide, il a raison j'ai complètement oublié ses deux détails. Pourtant ce plan me paraît bien mieux que celui initial qui était de déclencher directement une guerre :
- On pourrait faire appel à un sorcier nous aussi qui lancerait un sort de dissimulation en masquant l'odeur des autres guerriers aux loups et qui en même temps empêcherait leur sorcier de voir ce qu'il va se passer. Ou nous pouvons tout simplement faire disparaître leur mage, mais cette solution qui me paraît très dangereuse. Le tuer ne se fera pas sans perte, et il aurait sans doute le temps avant de mourir d'alerter la meute.
- Je vois, ta solution me semble jouable. Cependant il y a très peu de sorciers à Dark City. Les gangs se les arrachent et je n'ai pas réussi à mettre la main sur l'un d'eux. Je peux toujours demander à l'un des gangs amis s'il accepte de me prêter le sien, mais il ne le fera certainement pas gratuitement. Bah, pour toi je ferais n'importe quoi.
Il m'embrasse, baiser que je lui rends volontiers en poussant un ronronnement de satisfaction et quand il se décolle de moi je ne peux m'empêcher de grogner un peu de frustration :
- Et bien chaton, tu n'aimes pas quand je ne t'embrasse pas ? questionne-t-il avec amusement.
- J'avoue, j'adore tes lèvres et j'ai tout le temps envie de t'embrasser. C'est de ta faute, stupide déchu !
Il rigole encore une fois avant de me caresser la joue. C'est tellement agréable et je ne peux m'empêcher d'appuyer ma joue contre sa main :
- Comment va-t-on les contacter ? murmuré-je en me laissant câliner.
- Ne t'en fais pas petit chat, je vais envoyer l'un de mes hommes pour aller leur parler et un autre partira à la rechercher d'un sorcier.
J'éprouve du soulagement, j'avais oublié ce que c'était que de pouvoir compter sur quelqu'un, se reposer sur une personne en qui on a entièrement confiance. C'est agréable, je me sens tellement bien, dégagé d'un poids qui pesait trop lourd pour moi :
- Gabriel, comment es-tu devenu un déchu ?
Il a l'air assez étonné de ma question, il ne s'y attendait sans doute pas et il semble réfléchir à la meilleure réponse à me fournir :
- Et ne me mens pas, je n'aime pas qu'on me mente ! grogné-je pour le mettre en garde.
- Je n'avais pas l'intention de te mentir Killian, jamais je ne le ferais, je t'en fais la promesse solennelle. Avant j'étais un ange comme mon frère. En fait, j'étais le plus puissant des Archanges, le bras droit de Dieu même. Et puis un jour, je suis tombé amoureux d'un humain, je n'ai pas résisté et j'ai goûté au péché de la Luxure avec lui. Je suis devenu accro et j'ai compris que je m'étais fait avoir. Ce n'était pas un humain qui avait pris mon cœur, mais un démon, un Incube qui avait pour mission de me faire déchoir du Paradis afin d'affaiblir notre Roi. Et ça n'a pas manqué, Dieu m'a puni pour avoir osé braver l'un de ses interdits et il m'a banni du Paradis après m'avoir arraché les ailes. J'ai eu horriblement mal et j'ai failli mourir en arrivant sur Terre. J'ai mis des mois à m'en remettre. J'avais trouvé refuge dans un immeuble abandonné de Dark City et mon frère était descendu du ciel pour s'occuper de moi et me soigner. Quand mes ailes ont repoussé, elles étaient aussi noires que le cœur de Satan. J'ai retrouvé le démon qui était la cause de ma déchéance et je l'ai tué après l'avoir torturé. Je lui ai fait payer ce qu'il m'a fait. Suite à cela Satan a envoyé des Démons Furies pour tenter de me tuer, mais c'est moi qui ai gagné. Alors j'ai commencé à répandre le mal sur Terre, je voulais faire payer à Dieu ma déchéance. Lui aussi a tenté de me tuer en lançant à mes trousses des Sentinelles, mais comme les démons je les ai vaincues. Finalement après quelques siècles, la colère s'est calmée, en partie grâce à mon frère qui m'a aidé à passer à autre chose et je me suis installé ici définitivement pour créer mon gang. J'avais besoin de calme et aussi étrange que cela puisse paraître j'en ai trouvé à Dark City.
Je me sens tellement triste pour lui, il a vécu quelque chose de terrible et je me mets tout de suite à détester Satan et Dieu pour lui avoir fait autant de mal :
- Pourquoi Azraël n'est-il pas devenu un déchu lui aussi ? Il t'a aidé non ?
- Oui, tout à fait. Mais comment tu le dis, il n'a fait que m'aider car je suis son frère. À aucun moment il n'a bravé l'un des sept péchés capitaux, alors Dieu ne peut pas le déchoir. Cependant je suis heureux qu'il soit resté pur. Je ne supporterais pas de le voir traverser l'enfer que j'ai traversé à cette période.
Il me serre un peu plus contre lui à la recherche d'un peu de réconfort et me sourit, tout en caressant lentement mes cheveux :
- Et maintenant chaton, je vais profiter de toi toute la semaine, tellement que tu finiras par avoir mal à la gorge à force d'avoir crié mon nom nuit après nuit.
Annotations
Versions