Chapitre XCIV (2/2)

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(Suni) « - Lumi ! Je savais que tu viendrais !

(Lumi) - Ne crie donc pas si fort, Sunette…

- Sunauplia !

- Si tu veux… Je ne savais pas moi-même si j’allais revenir, et toi, tu en étais sûre ?

- Oui. Je te connais… Mieux que toi-même, peut-être.

- Alors tu savais que j’étais le genre de mère à abandonner ses enfants ?

- Non. Mais je savais que tu n’étais pas le genre de femme à fuir ses repsonsabilités. Je commence à connaître les Lointains, tu sais. A les comprendre. La troupe passe avant tout le reste… Tu ne pouvais pas te défiler.

- …

- Bon, en tout cas, je veux tout savoir sur mon neveu et sur ma nièce ! Deux d’un coup, c’est extraordinaire… Tu n’as pas trop souffert ? Est-ce qu’ils dorment bien ? Est-ce qu’ils mangent comme il faut ? Est-ce qu’ils se ressemblent ? Tu as réussi à te reposer un peu quand même ? Ont-ils plutôt un air de leur père, ou de toi ? Ah ! Et puis,…

- Eh ! Calme-toi un peu, tu vas m’étouffer rien qu’avec tes questions ! D’abord, s’ils t’intéressent tant que ça, pourquoi n’es-tu pas venue les voir hier ?

- J’aurais bien aimé, mais j’étais consignée dans la cambuse.

- Comment cela, consignée ?

- C’est à cause d’Anguillus.

- Anguillus, mon adorable chef de tiers qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre ?

- Il n’arrête pas de m’embêter !

- Et ? Qu’as-tu fait pour être punie et consignée ?

- J’ai mis du sel dans son dessert. Alors Salmus m’a privée de sortie, parce que ce n’est pas bien de gaspiller la nourriture.

- Mais enfin, Suni, quel âge as-tu ? Mes enfants auront certainement ce genre d’idée brillante d’ici quelques années, mais toi, tu ne crois pas que tu as passé l’âge ?

- …

- …

- Pourquoi ne les as-tu pas emmenés ? Je veux dire, tes enfants…

- C’est trop dangereux, tant que nous ne savons pas où est Rotu. S’il apprenait leur existence…

- Il les tuerait ! Tu as raison, Lumi. Tu as confiance en Milos ?

- Je ne les lui aurais jamais laissés si je n’avais pas pleinement confiance ! Il a un peu élevé leur père… Et puis, il est médecin, s’il arrive quelque chose il saura quoi faire.

- Et lui, ça ne l’ennuyait pas trop de rester à terre ?

- Non… Il m’a dit que les maladies du désert le changeaient un peu de celles des mers, et que le confort du palais ne lui déplaisait pas. La princesse est aux petits soins, il ne s’en plaint pas. Et je crois que Delphinus et Tempeta sont en sécurité dans le palais. Avec Milos.

- Tant mieux. J’espère que je pourrai les voir bientôt !

- Je l’espère aussi, Sunette… Avoir des enfants, tu sais, ça change la vie. Mère me l’a dit plus de cent fois, mais je ne l’ai jamais crue.

- Je ne m’en souviens pas.

- Tu étais trop petite.

- Tu sais, Anguillus, que tu trouves si parfait… Eh bien, l’autre soir, il m’a dit que personne ne se risquerait jamais à me faire un enfant.

- Pardon ? Mais pourquoi en arrive-t-il à énoncer une telle absurdité ?

- Bon… C’est un peu moi qui ai commencé. C’était à la veillée, les discussions partaient dans tous les sens... Anguillus parlait avec Ventura, de la vie, de l’amour, du mariage, de l’avenir… Tous ces idéaux romantiques dont les Lointains s’abreuvent depuis la nuit des temps. C’était ridicule. Et aucune femme ne sera assez folle pour vouloir partager tout cela avec lui !

- C’est leur culture, Suni.

- Mais moi, je n’y crois pas. Et je le lui ai dit.

- Que tu n’y crois pas, ou qu’aucune femme ne voudra jamais de lui ?

- Euh… Les deux.

- Ma chérie… Tu as toujours été chipie. Mais tu n’as jamais été méchante ! Que t’arrive-t-il ?

- …

- En plus, ce n’est pas vrai du tout. Anguillus est charmant, même si Orcinus se fiche toujours de moi parce que je trouve que tous les Lointains sont beaux ! Il est aussi très gentil, très droit. Alors pourquoi lui balances-tu une ânerie pareille ?

- Je ne sais pas… Il m’agace, avec ses rêves de midinette.

- Dis donc, toi… Tu ne serais pas un peu jalouse ?

- N’importe quoi ! C’est lui ! Il m’énerve tout le temps.

- Justement ! Orcinus ne m’a jamais autant agacée que pendant toutes ces semaines pendant lesquelles j’étais bien incapable de lui parler de ce que je ressentais. C’est clair comme de l’eau de roche ! Anguillus te plaît. Et il était grand temps que je revienne pour me mêler de tout ça. »

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