Chapitre CXXI (2/2)

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(Orcinus) - Je vois que tu es toujours aussi patiente… Eh bien, en arrivant dans la grande salle, je suis tombé sur Milos, Lumi et Sanaâ qui prenaient leur petit-déjeuner. Je les ai rejoints. J’avais une faim de requin ! Et j’avoue qu’on mange plutôt bien dans ce pays de terre et de désert.

(Lumi) - Tu as fini de tourner autour du pot ?

- Nous avons longuement discuté… Sanaâ accepte que Lumi, je veux dire l’autre Lumi, s’installe à Héliopolis. Elle y sera libre et indépendante.

- Grand bien lui fasse…

(Il sourit devant ma jalousie.)

- C’est pour nous que c’est plus compliqué.

- Ce n’est pas nouveau, ça !

- Si je reste ici, avec toi, les loyalistes finiront par me retrouver. Et donc, par attaquer la ville.

- Nous ne pouvons pas prendre ce risque.

- Non. Autre possibilité : rejoindre les Lointains et reprendre le cours de nos vies. Mais là encore, cela revient à mettre toute la troupe en danger. Et les enfants : imagine que le bateau coule dans une attaque…

- Non ! Je ne veux pas imaginer ça. Tu as déjà survécu au naufrage qui a coûté la vie à tes parents, inutile de tenter à nouveau le destin.

- Je suis d’accord. Troisième option : je m’en vais et tu restes à Héliopolis avec les petits. Mais puisque l’autre Lumi s’installe ici, il y a de grandes chances pour que tu finisses devant le Grand Conseil pour assassinat, comme ta sœur ! Je préférerais éviter.

- Au moins, tu sembles croire que j’aurais le dessus sur elle ?

- Sans aucun doute ! Elle n’a pas ta force d’âme…

- Donc c’est pour m’éviter la prison que tu ne privilégies pas cette solution ?

- Pour ça, et aussi parce que je n’ai pas envie de vous quitter, les enfants et toi.

- Bon ! Nous sommes d’accord sur ce point. C’est hors de question. Option suivante ?

- Finalement, la seule vraie solution serait que les loyalistes cessent de me pourchasser ! Qu’ils acceptent que non, je ne régnerai pas… Sinon, nous devrons fuir toute notre vie. Et fuir avec deux bébés sur les bras… Je n’y crois pas trop.

- …

- En vrai, Lumi, je ne sais toujours pas quoi faire. Je ne veux pas repartir sans toi. Je ne veux pas non plus t’entraîner dans une éternelle errance, surtout avec Delphinus et Tempeta cachés dans nos malles. La clé, ce sont ces pirates qui veulent à tout prix me placer sur leur trône.

- Oui. C’est eux qu’il faut convaincre.

- Convaincre ?

- De te laisser tranquille !

- Ce n’est pas si simple.

- Mais il faut essayer, Orci. Ils te poursuivent au nom d’un rêve qui est peut-être le leur, mais qui n’est pas le tien. Il faut le leur dire. Si j’ai bien compris, même si tu as été blessé, brûlé, au cours de ta captivité, ça n’a jamais été fait volontairement ? Ils t’ont enlevé, d’accord. Enfermé, d’accord. Mais tu restes leur prince, non ? Lorsqu’une délégation de ces gens est venue nous voir, pour nous restituer la dépouille de Tempetus, ils semblaient te respecter. T’obéir, même.

- C’est vrai.

- Bien ! Alors ils t’écouteront.

- Ils m’écouteront ? Je ne comprends pas.

- Il faut aller leur parler, Orcinus. Que tu leur dises, clairement et fermement, que quoi qu’ils fassent tu ne régneras jamais.

- Tu veux que je retourne me jeter dans la gueule du loup ?

- Je veux que tu convainques le loup de te ficher la paix. De te laisser vivre. Et de me laisser vivre, au passage !

- Et s’ils m’enferment de nouveau dans leur satanée forteresse perdue au milieu des glaces ?

- Ils ne le feront pas.

- Mais s’ils le font ?

- Je te délivrerai !

- …

- Orci, tu dis toi-même qu’ils ne te voulaient pas de mal. Que la plupart du temps, tu étais libre de tes mouvements.

- C’est vrai. Jusqu’aux pourparlers, du moins…

- Alors il faut tenter le coup.

- Et retourner là-bas la fleur au fusil ?

- Oui. Mais cette fois-ci, je viens avec toi ! Je ne te quitte pas d’une semelle.

- Et les enfants ?

- Mieux vaut les laisser ici : tant que ces loyalistes n’ont pas renoncé à leurs ambitions dynastiques à ton sujet, ils doivent ignorer leur existence. Milos veillera sur eux…

- Je viens à peine de rencontrer ma fille, mon fils, et tu veux que je reparte ? Je sais que je n’y connais rien aux enfants, que je suis raide comme un safran quand je les prends dans mes bras et que je ne sais pas préparer un biberon, mais quand même… Je n’ai pas envie de me comporter comme un père indigne dès le premier jour.

- Je le sais bien… Mais c’est la seule solution ! Tu auras tout le temps d’apprendre à t’occuper d’eux une fois que ces pirates nous laisseront en paix. Allons les voir, si c’est la seule solution pour que ça s’arrête ! Et au passage, nous leur ramènerons leur deux-mâts : je pense qu’ils apprécieront. Et je confierai à Milos un message pour Rutila : elle doit repasser ici dans quelques semaines. Peut-être qu’elle acceptera de venir nous chercher dans les terres de glace ? »

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