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Je ne comprenais pas mon attachement à ce garçon mutique. Mes journées ne valaient pas mieux, car je ne comprenais pas non plus ma relation avec Claire.

Je ne sais pas si elle était vraiment belle, mais pour moi, elle était splendide. Ses cheveux châtain très clair, lisses, son visage rond, ses yeux bleus me la rendaient parfaite. Son petit nez bien dessiné était une perfection. Plus grande que les autres, elle avait une prestance envoutante quand elle bougeait. J’ai mis du temps à comprendre, mais elle formait un duo avec sa comparse. Elle me charmait pendant que Delphine me portait les coups.

Cela a commencé quand, un jour, elle est arrivée avec une queue de cheval. Dans un mouvements impulsif, je lui ai lancé, avec doigté et délicatesse :

– Pourquoi tu as mis tes cheveux comme ça ? T’es moche !

La volée de bois vert en retour était méritée. Mais quand, un quart d’heure après, elle est revenue avec sa coiffure habituelle, j’étais tellement content que je lui ai envoyé mon plus beau sourire. Je reçus le sien en écho, merveilleux. Depuis, je savais que je n’étais pas n’importe qui pour elle.

Peu après, elle trouva le moyen de me coincer. Je l’avais laissé approcher, trop excité à l’idée d’un premier tête-à-tête. Elle attaqua :

– Tu n’aimes pas quand je me fais une queue de cheval ?

– Non ! Ça ne te va pas du tout. Bon, je m’excuse pour l’autre jour.

– Excuses refusées ! Il faut que je sache avant ce qui plait et ce qui déplait à Môsieur Sylvain !

– Je m’en fiche. Tu fais ce que tu veux.

– Tu te fiches de comment je suis ?

– Bien sûr que non ! Tu…

Je ne vais pas lui dire que je la trouve très belle et qu’elle me retourne le cœur !

– Je quoi ?

– Rien !

– Tu aimes… mes cheveux ?

– Oui, j’aime leur couleur, qu’ils soient fins et lisses, sauf quand…

– J’ai compris ! Tu aimes mes yeux ?

– Oui, j’aime tes yeux, ton regard, tes sourcils, ton nez, ton…

– Alors tu aimes mes lèvres…

Elle rapprochait son visage. Je déglutis, mon visage brulait. Elle se recule.

– Je ne vais pas te violer ! Qu’est-ce que tu es mignon quand tu rougis !

Voilà, j’avais perdu tous mes moyens. Une bonne impulsion me vint. Je lui attrapai la nuque et, sans avoir à forcer, j’amènai ses lèvres sur les miennes, baiser chaste, mais appuyé un peu longuement.

– Baiser volé, baiser aimé !

– Je ne connaissais pas ce dicton !

– Forcément, je viens de l’inventer, pour toi.

– En plus, tu es poète. Ça veut dire que tu m’aimes ?

– Je ne sais pas ce que ce mot veut dire. Je te trouve belle, j’aime ta présence, tu me donnes des frissons…

– Toi aussi, je te trouve mignon. Tu aimes bien te montrer, faire le malin, mais tu es craquant. Je ne suis pas la seule à le dire !

– Delphine ?

– Delphine, je crois que c’est plutôt ton esprit qui la charme. Mais d’autres…

Nous avons continué à nous complimenter. Je ne m’étais jamais senti aussi bien avec une fille. Pour cause, c’était la première avec laquelle je flirtais.

À partir de cet échange, nous sommes devenus intimes, non pas physiquement, mais par les mots, les attitudes, les regards. Quand elle me charmait, cela me donnait maintenant de la force. Delphine nous regardait alors avec un sourire en coin. Dorénavant, le soir, nous dinions toujours ensemble, accompagnés par Camille, Thibaud et Laure. Les autres places voyaient défiler nos autres copines et copains.

***

Notre relation évolua fortement un soir. En sortant du couloir sombre avec Fabrice, nous jetions toujours un œil par le hublot de la porte battante pour vérifier l’absence de toute présence. Ce soir-là, malgré nos précautions, nous sommes tombés sur Claire.

– D’où vous sortez tous les deux ?

– On a été voir le tableau administratif pour vérifier un truc.

– C’est bizarre votre « truc » !

Fabrice, en vrai pote solidaire, me donna une tape sur l’épaule en disant qu’il était pressé et qu’il me laissait expliquer à mon amoureuse les détails. Claire me repoussa dans la pénombre du couloir, contre le mur, en m’encadrant de ses deux bras. Je sentais son odeur, j’étais à dix centimètres de son visage, je ne pouvis que sourire de bien-être. Elle devait le deviner, car ce fut très doucement qu’elle me demanda :

– Tu racontes ?

– Mais il n’y a rien à raconter !

Et d’une petite voix suave :

– Le panneau, vous l’avez regardé avec le pantalon sur les fesses ?

Je bénis l’obscurité qui l’empêchait de voir que j’étais rouge sombre.

– Qu’est-ce que tu insinues ?

– Je m’en fiche de ce que vous avez fait. Tu peux me le dire, je ne veux pas de secret avec toi. Je veux t’aimer comme tu es, avec aussi tes défauts.

– Mais ce n’est pas un défaut !

– Allez, dis-moi.

– Bon, avec Fabrice, on s’amuse, voilà. On calme nos tensions, on s’apaise les glandes. Contente ?

– J’avais oublié que tu étais un poète qui faisait dans la dentelle, sarcasme-t-elle.

Pour me prouver son indifférence à cet aveu, elle me prit les lèvres, rageusement, goulûment. J’aimais le gout de sa bouche, je la forçais de la langue. Nous continuâmes longtemps. Mes mains exploraient ses fesses, puis glissaient sous son chemisier. Elles s’étonnèrent quand, en remontant, sans rencontrer de barrière, elles arrivèrent à ces petites rotondités, si agréables à caresser, à palper. Je découvrais l’anatomie féminine, c’était génial ! Je recevais ses caresses sous ma chemise. Que sa main était douce ! Nos bouches toujours scellées. Quand ma main descendit vers sa ceinture, elle fut gentiment arrêtée, accompagné d’un « Non, s’il te plait ! ».

Le temps passé a dû se mesurer en siècles, ou en microsecondes. Quand nous avons décollé, essoufflés, nous n’avions pas de parole à ajouter.

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