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Heureusement, ma relation avec Claire était douce. Nous flirtions doucement et agréablement. Elle était toujours habillée joliment et à la mode. Elle portait souvent ces nouveaux pantalons qui serrent fort jusqu’aux genoux, avant de s’évaser. Ils mettaient si bien en valeur son derrière et ses cuisses, arrangement que je trouvais admirables. Elle me fusilla avec l’arrivée de l’été en revêtant une robe courte, fine et moulante qui aurait fait damner un évêque. Quand je la retrouvais ce soir-là dans le couloir, pas si sombre avec les jours d’été, je lui dis tout le bien que je trouvais à cette tenue, cet écrin de sa beauté. Pour la première fois (en remerciements ?), elle laissa ma main courir sur ses jambes, me provoquant une réaction violente. Elle me fit comprendre que ses dessous restaient infranchissables, mais je pus découvrir son intimité au travers de ce voile. J’étais fou, à exploser. J’accompagnais mes gestes des mots du désir, de l’extase, de tendresse. Je savais les limites, nous fleuretions avec. Ce début d’été était enchanteur.
***
Je me demandais jusqu’où nous pouvions aller, quel serait notre avenir ensemble ? Après que Delphine eut annoncé son départ, je vis sa tristesse. Je me découvrais des sentiments très profonds pour elle. Lors d’une promenade à deux, pour apaiser nos tourments partagés, elle me révéla l’insoupçonnable.
– Tu sais, tes petites affaires avec Fabrice, il n’y a pas que chez les garçons que ça existe.
– Je sais bien qu’il y a aussi des filles qui préfèrent les filles.
– Ce que je veux te dire, c’est que Delphine, c’est mon amie !
– Je suis con, mais ça fait un an que je le sais !
– Delphine est ma petite amie, pas mon amie.
– Ah !
– Elle va être loin, on ne se verra plus aussi souvent.
Je l’entourais de mes bras.
– Mais moi, je reste ! Nous restons ensemble ! Je te consolerai.
Grand prix de l’idiot : Sylvain !
– Tu ne comprends pas ?
– Non. Qu’est-ce qu’il faut que je comprenne ?
– Si Delphine est ma petite amie, je suis la petite amie de Delphine !
L’immeuble sur la tête ! Claire préfère les filles, il n’y a rien entre nous, aucun avenir !
– Je ne comprends pas. À quoi as-tu joué avec moi ? Qu’est-ce que je suis pour toi ? Je t’aime !
– Mais, Sylvain, je t’aime aussi. Je n’ai jamais joué avec toi. Je suis bien, si bien, dans tes caresses. Simplement, je ne sais pas choisir entre fille et garçon. J’aime les filles, j’aime Delphine, je t’aime. Toi aussi, t’es pareil. Tu aimes les garçons !
– Mais non !
– Fabrice ?
– Fabrice, c’est un pote. Je l’aime beaucoup, j’aime beaucoup les plaisirs que nous nous donnons. C’est un mec super, mais c’est un pote.
– Camille ?
– Camille, ce n’est pas mon petit ami, c’est mon GRAND ami, mon double, mon frère. Une amitié infinie, mais un ami.
– Oui, je vois. C’est clair dans ta tête.
– Tu crois ! Révélation pour révélation, j’aime un garçon.
– Non ? C’est qui ?
– Charly !
– Quoi, le beau frigidaire ?
– Le beau, oui. Le frigidaire, oui. Je l’aime, mais je le déteste.
Je lui racontai cette relation inexplicable, invivable, indispensable et si mystérieuse. Comme Camille, elle était admirative de ma proximité avec Charly le repoussoir taciturne. Maintenant, nous étions deux à pleurer nos amours impossibles. Je réagis le premier.
– Mais nous, c’est quoi notre relation ? Je t’aime, j’ai énormément de tendresse et même si je ne suis pas insensible au charme d’un garçon, tu sais que, toi, tu me fais le même effet !
– Simplement le même effet ?
– Tu es trop bête pour me faire plus !
Je m’arrêtais pour lui manger la bouche. Elle répondait si bien ! Nous étions en pleine ville et voir deux jeunes s’embrasser d’amour fou dérangeait. Nous écourtâmes en reprenant marche et discussion.
– Sylvain, tu es spécial, pour moi. Je t’aime, je crois que j’ai envie de toi, de me donner à toi. Mais je ne sais pas si ce serait bien. On peut attendre, en continuant à nous aimer ?
– Je ne veux pas te perdre. Ce que nous éprouvons, c’est fort, indestructible, ça restera. On continue.
– Je suis bien avec toi.
– Je suis bien avec toi.
Après cette révélation, un vide apparut petit à petit alors que nos échanges demeuraient dans leur intensité. Il n’y avait plus d’avenir. Les sentiments évoluaient vers une amitié, belle et chaleureuse. Une petite douleur, un manque m’est toujours resté.
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