Chapitre 8 : Enlèvement

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20 juillet 2115

Campement Terrien

Navette de commandement

Le colonel Taizhong avait reçu la semaine auparavant un messager Martien, qui l'informait de la tache confiée au capitaine Tenson. Pour le chef de l'expédition, cette absence était gênante, car c'est lui qui faisait le lien direct avec les hommes et les locaux. Mais il était trop tard : il était envoyé en mission, et il ne pourrait revenir qu'en l'accomplissant. De plus, c'est le colonel lui-même qui avait suggéré le départ du capitaine. Pour le moment, il était inutile d'expliquer en détail aux soldats ce qu'était parti faire l'Anglais, et seuls les deux lieutenants furent mis au courant. Ceux-ci continuèrent de superviser leurs hommes comme auparavant et d'obéir aux instructions. Vers midi, une transmission de la part du centre de recherche de Kourou fut établie. C'était comme d'habitude la ministre Anouchka Petrov qui était là :

« Colonel Taizhong, contente de vous revoir.

-Il en est autant pour moi, madame la ministre. Avez-vous des nouvelles à me donner ?

-De bonnes nouvelles, oui. Figurez-vous que trois navettes classiques et deux navettes de transport sont en route pour Mars : nous avons procédé au lancement il y a quelques semaines. Vous prendrez le commandement des forces qui arrivent en renfort.

-De quelles unités font-elles partie ?

-D'aucune unité. Le gouvernement a décidé de ne pas envoyer uniquement des soldats. Les hommes qui arriveront seront principalement des gens qui travaillent pour nous.

-Des mercenaires ?

-Des prestataires de sécurité privée, colonel. Ils seront placés sous vos ordres, au même titre que l'expédition Columbus. Avec eux, vous aurez de quoi établir les prémices d'une colonie. Où en êtes-vous avec vos fameux Martiens ?

-J'ai envoyé le capitaine Tenson en qualité de diplomate pour qu'il les amadoue un peu. Avec de bons rapports, ils ne s'opposeront pas à notre présence.

-Je l'espère. Pour l'instant, nous ne sommes pas en mesure de leur faire comprendre que nous n'avons pas d'autre choix.

-Mais si par la suite, leur refus se faisait sentir ?

-Retardez ce refus jusqu'à ce qu'ils ne soient plus en état de le formuler. Vous verrez, ce sera plus simple petit à petit. D'autres renforts seront envoyés. Une troisième expédition doit décoller dans quelques jours. Avec les progrès que nous avons faits dans la technologie spatiale ces deux dernières décennies, vous ne serez bientôt plus seuls sur cette planète. Je vais transmettre la communication, vous pourrez ainsi vous entretenir avec l'ingénieur-chef Ravishna. Petrov, Terminé. »

L'écran grésilla alors, puis le visage de l'ingénieur-chef apparu. Derrière lui, on reconnaissait le décor d'une navette spatiale presque identique à celles qui avaient amené l'expédition.

« Colonel ! La ministre vous a averti de notre départ, c'est bien. Nous ne sommes plus très éloignés de Mars. Laissez-moi-vous expliquer. Nous amenons encore une quarantaine d'hommes dans nos navettes, moi y compris. Ils travaillent pour nous et sont parfaitement fiables. Dans les navettes de transport, nous avons principalement des scientifiques, des géomètres, des ouvriers, en tout une bonne soixantaine de personnes. Nous avons aussi pu embarquer des robots supplémentaires et quelques petites choses en plus. Jusqu'ici, le voyage se passe impeccablement bien, alors espérons que nous puissions arriver sans encombre.

-Je le souhaite également. Nous avons vraiment besoin de renforts ici. D'ailleurs, mon capitaine a du partir chez les Martiens pour faire ami-ami, je ne sais même pas quand il reviendra.

-Chez les Martiens ? Mais c'est très dangereux cela ! Imaginez qu'ils le retiennent en otage ou qu'ils l'éliminent ?

-Je ne leur conseille pas vraiment. Ils devraient en répondre. Tenson n'est pas un ami, mais j'en ai besoin.

-C'est un bon élément. Un bon soldat : on lui donne un ordre, et il obéit. Il fait tout ce qu'on lui demande. Et il est apprécié, alors c'est quelqu'un de très utile.

-C'est pour cette raison que je l'ai envoyé lui. Ce serait dommage qu'ils le gardent, ou pire.

-Dommage, oui. Mais bon, l'Armée ne manque pas de gens obéissants, merci.

-Tenson mis à part, quand comptez vous arriver ?

-Je ne peux pas vous l'affirmer avec une précision extrême, mais je pense que deux semaines sont un minimum.

-C'est plus tôt que ce que j'aurais cru.

-Oui, moi aussi. Mais vos découvertes rendent les préparatifs bien plus courts : plus de bouteilles, de scaphandres... Même les rations ne sont plus vitales. Je suis vraiment heureux de la tournure que prennent les évènements.

-Tant mieux alors. Plus vite vous arriverez, mieux ce sera. Au plaisir de vous voir le plus rapidement possible. Taizhong, terminé. »

*

Loyva, capitale Martienne

Quartier général de l'Armée

Pendant ce temps, le capitaine Tenson assistait à sa première réunion de l'État-major Martien. Le général Hanrel était bien évidemment là, avec une douzaine d'officiers. Sur leur épaule, on pouvait voir des nombres différents de ronds de couleurs différentes. Par exemple, le général possédait quatre ronds rouges, tandis que d'autres avaient trois jaunes ou deux rouges. Tenson devina que c'était la signification de leur grade et il pensa qu'il devrait demander plus tard auxquels ils correspondaient. Il était un peu en retrait, regardant différentes tablettes être apportées au chef de l'Armée, qui en prenait aussitôt connaissance avec une rapidité fulgurante. Après plusieurs lectures, il appela les officiers à se rassembler autour d'une grande table bleue qui était quadrillée de lignes blanches. Cela ressemblait à un modèle réduit de la carte que le roi Kanonmar avait utilisé lors de la rencontre des premiers jours. Rapidement, la table était entourée, sans que le Terrien ne puisse s'en approcher. Hanrel le remarqua et ordonna qu'on fasse une place quelque part à ce nouveau venu, ce qui fut fait. Puis il s'adressa à l'assemblée :

« Messieurs, nous avons encore reçu de nouveaux rapports : il semblerait que les pirates aient accentué leurs actions ces derniers jours. C'est le secteur 23 qui est particulièrement visé. J'explique pour notre nouveau compagnon : comme d'habitude, ils ne changent pas leur mode opératoire. Un convoi de ravitaillement part pour un village. S'il n'est pas gardé, ils envoient une trentaine de machines de combat pour l'intercepter. S'il est gardé, ils attendent gentiment que tout soit livré aux villageois, puis lorsque les gardes repartent, ils pillent le village. Et c'est impossible de maintenir des troupes dans chaque localité, nous n'en avons certainement pas assez.»

Tenson hocha la tête, observant la carte. Plusieurs officiers, l'air réservé, commencèrent à s'adresser au général.

«Vous êtes certain de ne toujours pas vouloir négocier ?

-Je ne négocierai pas avec des gens qui tiennent à la gorge mes frères, messieurs. Nous devons les arrêter.

-Et si nous n'en avions simplement pas les moyens ? Comment pourrait-on empêcher ces pirates d'agir sur toute la planète, ils sont organisés, coordonnés, bien équipés...

-Justement. C'est pour cela que le Conseil nous a envoyé ce Terrien : ils pensent qu'il peut nous aider.

-Un Terrien ? Qu'est ce qu'un Terrien y connait en piraterie ?

-On m'a assuré qu'il pouvait remplir la mission. Comment, c'est à lui de vous l'expliquer. »

Les regards se détournèrent inévitablement sur celui qui avait été désigné comme chasseur de pirates. Bien sûr, lorsque tout un Etat-major étranger attend des preuves de ses compétences, on peut être intimidé. Mais son flegme assuré lui permit de ne rien laisser paraître et de répondre aux officiers qui l'interpellèrent.

« Capitaine Tom Tenson. J'appartiens à l'Armée de la Fédération Terrienne.

-Nous avions bien compris qui vous étiez, capitaine. Mais que voulez vous faire ?

-On m'a demandé de vous aider, et j'ai accepté. Je vais donc le faire.

-Et comment ? Quelles sont vos compétences dans le domaine de la lutte contre la piraterie ?

-Comme je l'ai assuré au Conseil, j'en ai déjà combattu. Sur Terre ou sur Mars, cela ne doit pas être bien différent. J'ai juste besoin de renseignements sur eux pour élaborer une réponse possible.

- Quels genres de renseignements ?

-Tout ce qui peut m'être utile. Leurs chefs, leurs bases, leur mode de fonctionnement, leurs façons de combattre, leur popularité, leurs sources de financement, tout.

-Nous avons formulé des quantités de rapports sur eux, lisez les.

-Je sais que vous avez fait un travail remarquable et qu'il me faudrait des semaines pour lire les informations que vos agents ont réussi à récolter. Vous connaissez ces rapports, vous les avez écrits, alors parlez-en immédiatement. Je ne vois pas comment faire autrement sans prendre plus de temps. Général Hanrel ?

-Le Terrien a raison. Commandant Koggs, vous avez supervisé les missions d'espionnage concernant les pirates. Résumez tout ce dont a besoin le capitaine.»

L'un des officiers s'avança, sa tablette dans les mains. Il avait une moustache proéminente, très bien taillée, et sa grande allure faisait s'écarter ses camarades.

« A vos ordres mon général. D'abord, leur commandement. A vrai dire, on n'en sait trop rien. Nous avons des noms qui circulent concernant des sous-fifres, mais nous sommes persuadés qu'une tête centrale se cache. Et cette tête est parfaitement inconnue, la seule chose que nous savons, c'est qu'elle a permis cette montée en puissance du groupe.

-Du groupe ou des groupes ? J'ai une autre question : sont-ils unifiés ou s'agit-il de différentes bandes agissant seules ?

-Justement, nous sommes persuadés qu'ils agissent tous de concert : c'est une véritable organisation clandestine, un cartel de pirates, qui s'est formé. D'où la probable tête dirigeante. Leurs bases, maintenant. Quelques unes sont localisées, mais nous avons peu de résultats, et il s'agit souvent de petites cachettes ou de dépôts, rien d'exceptionnel. »

Le général se racla alors la gorge et fixa le commandant, comme s'il voulait lui rappeler quelque chose.

« Oh...Oui c'est vrai...Selon le général, il y aurait bien quelque chose mais...

-Dites moi ce que le général pense.

-Il y a un bar dans la capitale, le «Somuz enfoui ». Et depuis un bon mois, le général réclame que nous intervenions, parce qu'il a des soupçons. Seulement, nous n'avons aucune preuve, alors aucune autorisation ne nous est délivrée. Mais nous n'avons rien de tangible ou de concret.

-Aucune piste ne doit être écartée. Ce bar est désormais considéré comme suspect.

-Mais...

-Aucun « mais ». Réponse suivante, leur façon de combattre. »

Hanrel eut encore un léger sourire qui s'esquissa, puis reprit son visage sévère pour écouter.

« Comme tout le monde, ils utilisent des machines de combat. Elles sont beaucoup moins nombreuses que les nôtres, mais leur force est la surprise. Ils peuvent frapper presque partout, de façon rapide et bien préparée, si bien que nous n'avons jamais le temps de répondre. Quand nous envoyons des troupes, elles arrivent toujours lorsque tout est fini. Ils ne provoquent pas le combat avec notre Armée, bien au contraire, ils l'évitent.

-Nous allons devoir changer cela. Leur popularité ?

-Nulle. Personne ne les apprécie un tant soit peu. Cela pourrait être un avantage, mais la peur leur sert autant que la complicité. Les gens n'osent pas s'engager contre les pirates par crainte de représailles, ce qui n'arrange pas notre travail. Là où la chose est plus intéressante, c'est au niveau des élites. Nous sommes certains à cent pour cent que la corruption fait rage sur Mars. Ce sont majoritairement des représentants du gouvernement, pas forcément très hauts, et ils permettent aux pirates de se livrer à leurs méfaits. Les procédures d'enquêtes sont retardées, les troupes n'ont pas les moyens nécessaires pour lutter efficacement, bref, tout est court-circuité.

-Détruire les pirates serait un grand coup dans une fourmilière donc.

-Dans une ?

- Cela ferait beaucoup de bruit.

-Ah oui, beaucoup même. Mais c'est également ce que les gens redoutent, ils n'aiment pas être troublés.

-Dommage pour eux, c'est exactement ce qui va se passer. Comment les pirates ont-ils les moyens matériels et financiers pour être aussi puissants ?

-Plusieurs choses. D'abord, un financement de la part des corrompus. Nous pensons aussi que la tête possède un capital important qui lui permet d'avoir des soutiens suffisants. Et puis, les attaques et les pillages, le marché noir, tant de sources de financement possibles. N'importe quoi sert à se faire de l'argent avec eux.

-Bien. Selon moi, il va falloir frapper partout de façon significative.

-Qu'entendez-vous par partout ?

-Financement, soutiens, bases, troupes. Nous allons préparer un grand coup simultané. Nous déclencherons une opération qui mobilisera le maximum de vos forces. Toutes les troupes dont vous pouvez assurer une loyauté totale doivent être préparées et utilisées.

-Capitaine, le Conseil refusera quelque chose d'aussi fort !

-Le Conseil est-il obligé d'être au courant ?

-Vous voulez lancer une opération sans avertir le Conseil ? »

Quelques officiers reculèrent, presque d'effroi, devant une proposition si indépendante. D'autres murmuraient et chuchotaient en regardant successivement le Terrien et le général. Ce dernier observa la confusion dans la salle. Il leva alors la main et parla de nouveau :

« Officiers ! Vous avez tous prêté serment pour défendre Mars. Ces pirates mettent en danger notre cohésion et notre paix, alors pourquoi les tolérer plus longtemps ? Le capitaine Tenson pense exactement comme moi, frapper un grand coup : c'est la seule solution.

-Mais mon général, le Conseil vous a déjà rappelé à l'ordre pour ce genre de discours. Nous ne pourrions pas prendre le risque d'être blâmés en faisant cet affront au grand Kanonmar ?

-Je le répète, c'est la seule solution. Soit nous prenons ce risque et nous pouvons mettre un terme à leurs agissements criminels, soit nous continuons comme avant et nous ne sommes que des incompétents. Et dans quelques années, lorsque votre enfant sur les genoux ou vos vieux parents dans leur lit vous demanderont pourquoi il ont faim, vous leur répondrez que c'est parce que vous avez refusé de combattre ceux qui dépouillent le monde. Parce que vous aviez peur d'une pauvre bande de pirates avec quelques machines de combat. Faites tous votre choix. Ceux qui sortent obtiendront une permission payée et illimitée jusqu'à la cessation des opérations. Moi, je reste. Le Terrien reste aussi. Et si nous devons faire la chasse aux pirates à deux, qu'importe, nous serons assez pour réfléchir ! »

Tenson laissa échapper un petit rire, qui frappa l'assistance. Puis il leva le pouce en direction du général, qui inclina la tête vers lui avec respect. Le commandant Koggs posa la tablette qu'il avait encore sur la table, puis lança :

« Oubliez ce que j'ai dit. Nous serons trois.

-Quatre ! » Lança un autre officier. « Cinq ! » s'exclama un autre. Un par un, après quelques murmures ou quelques regards, tous les officiers présents se ralliaient finalement pour aller à l'encontre du Conseil.

« Parfois, désobéir, c'est servir. En prenant cette décision, vous servez le peuple Martien avec honneur. C'est un grand honneur d'agir de concert avec vous ! »

*

Campement Terrien

Taizhong avait décidé de garder pour le moment les informations qu'il venait de recevoir sur l'envoi de mercenaires et de les partager avec ses subalternes plus tard. En attendant, il voulait préparer le terrain à ces renforts et demanda aux lieutenants de reconnaître encore un peu plus la zone. Ceux-ci choisirent deux soldats et sortirent du camp, pendant que le colonel prenait le relais pour superviser le reste de l'équipage. Le groupe marchait vers le Sud, car ils n'étaient pas encore partis explorer cette portion de la région. Le décor était bien sûr le même : terre et rochers rouges s'ajoutaient aux cratères plus ou moins grands. Les deux soldats marchaient un peu en arrière tandis que leurs officiers étaient une dizaine de mètres devant.

« Je me demande dans quoi le capitaine s'est fourré.

-Demande toi plutôt dans quoi le colonel l'a fourré.

-Il n'avait pas l'air déçu d'aller faire un tour, ceci dit. J'espère que tout se passe bien pour lui.

-Mieux que nous en tout cas. Soyons sérieux, qu'est-ce que le colonel veut que l'on reconnaisse par ici ? Il n'y a rien de plus que dans les autres directions.

-Il pense à nous, il veut nous occuper.

-J'espère que tu plaisantes ?

-Oui. En fait, il est juste ennuyé que l'on soit toujours avec les membres d'équipage pendant que lui reste dans sa navette à faire je ne sais quoi. Alors il nous donne des missions inutiles, du genre « allez voir là haut ce qu'il y a ».

Les deux officiers sourirent devant la situation, en train de marcher dans le sable. Ils firent encore quelques dizaines de mètres, avant que leurs regards ne soit attirés à l'horizon.

« Attends un peu. Tu vois devant ?

-C'est de la fumée ? Ou de la poussière ?

-Peut-être un véhicule Martien ? »

En effet, la colonne de poussière se rapprochait, jusqu'à ce qu'un véhicule de transport Martien fut visible. Celui-ci s'arrêta une vingtaine de mètres avant le groupe de Terriens. Après un moment de blanc, une porte latérale s'ouvrit et deux machines en sortirent. Elles s'avancèrent à mi-chemin, lorsque Henri les interpella :

« Nous sommes des Terriens, nous avons établi notre campement à quelques pas. Peut-être êtes-vous au courant que... »

Mais les machines dégainèrent chacune un pistolet et tirèrent en sa direction. Assez vif, le lieutenant put se jeter derrière un petit rocher. Les deux soldats levèrent leurs fusils et tuèrent sur place les assaillants. Federico aida son compagnon à se relever puis se retourna vers le véhicule. Une deuxième porte latérale s'ouvrait, et cette fois, c'était quatre machines de chaque côté qui en sortait. Elles sortirent le fusil qu'elles possédaient et mirent en joue les Terriens. Ceux-ci se jetèrent tous les quatre derrière un amoncellement de pierres. A une dizaine de mètres sur leur gauche se trouvaient un petit monticule entouré de rochers, qui leur permettait d'avoir un peu de hauteur et une protection efficace. Se relevant, ils coururent se mettre à l'abri en ciblant leurs attaquants qui étaient deux fois plus nombreux. Les machines se mettaient également à couvert derrière des rochers, ce qui compliquait grandement l'évolution du combat. Federico aperçut qu'un deuxième nuage de poussière arrivait de la même direction que le premier. L'un des soldats en repéra un troisième, qui lui était visible à l'opposé, ce qui semblait signifier l'encerclement.

« Bon sang ! Mais pourquoi nous attaquent-ils ?

-Aucune idée, mais il faut prévenir le colonel ! »

Mais le colonel était déjà averti : les guetteurs avaient suivi le groupe à la jumelle, et avaient constaté l'attaque des machines. Taizhong ordonna au Major Malou de prendre toute l'équipe active avec lui et de leur porter assistance sans plus attendre. Mais ils ne pouvaient y aller qu'à pied, tandis que les forces ennemies arrivaient en véhicules. Deux de plus étaient arrivés, et le nombre d'ennemis assiégeant la position Terrienne ne faisait que s'accroître. Sur une cinquantaine de machines de combat, une vingtaine avaient été détruites. Soudain, un bruit métallique strident se fit entendre. Les attaquants cessèrent de tirer, et se mirent à charger les membres de l'expédition. A bout portant, la moitié d'entre elles se firent mitrailler, mais celles qui restaient se jetaient sur les défenseurs. Le second soldat était blessé au bras, tandis que le premier était plaqué au sol. Une machine agrippa le lieutenant Federico par un bras pour l'arrêter : « Pas encore ! » cria-t-elle avant de mettre son agresseur à terre. Elle vit alors Henri, à terre et blessé à la jambe, qui tuait à coups de pistolet les machines qui tentaient de le bloquer. Elle tira sur l'une d'entre elles pour l'aider, mais deux autres l'immobilisèrent. Elle tenta de se dégager, lorsqu'un coup au visage lui fit perdre connaissance. En la portant, les deux ravisseurs repartirent en direction d'un véhicule. Les machines restantes avaient désarmé les trois autres Terriens et comptaient les emmener. Mais une première balle frappa l'une d'entre elles, puis d'autres suivirent : les renforts venaient d'arriver et éliminaient les derniers attaquants, sauvant in extremis Henri et ses deux soldats.

« Ils emportent Federico ! Essayez de les avoir ! »

Mais il était impossible d'ouvrir le feu sans toucher le lieutenant, qui disparu dans la seconde dans le premier véhicule. Au fusil et à la grenade, les soldats engagèrent alors les autres transports, qui étaient détruits avant d'avoir pu faire demi-tour. Par sécurité, seul celui qui emportait Federico était épargné.

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