3.
"Et si le but poursuivit était, non pas de rester vivant, mais de rester humain…"
George Orwell.
Dipleide
Je cours, j'impulse toute la puissance dont je suis capable a mes jambes afin d'échapper à cet instant, de m’échapper de ce lieu, de fuir de ce monde qui n'est pas le mien. Depuis que j'ai ouvert les yeux, je ne reconnais rien autour de moi. C'est quoi cet univers ? Ce monde n'est pas le mien.
Tout est different, les odeurs, les textures, les gens. Tout échappe à mon contrôle. Je n'ai déjà pas de contrôle sur mon propre corps. Ce qui s'est passé tout à l'heure, je ne l'ai pas voulu. Ce dont je me rappelle, nous livrions un combat contre l'armée du clan ennemie, la bataille faisait rage, mes flèches ne loupaient aucun ennemi. Alors que nous prenions l'avantage, une incantation a résonné et nous nous sommes figés, nos forces nous désertant, de même que notre volonté. Puis j'ai émergé ce matin avec ce cri inhumain en fond sonore, le bras enfoncé dans la cage thoracique de ce vieil homme.
J'ai souvent eu du sang sur les mains, ça fait partie de l'attirail d'un guerrier. Seulement, je ne comprenais pas, je ne comprends toujours pas comment ma main a atterri à travers le torse de ce type. Le cri de ce métis lorsqu’il observait mon bras, je peux le supporter. Ce regard accusateur, je le fuis encore. Pourtant, depuis que j'ai émergé, personne ne m'a expliqué les règles de ce monde. Aussi, je n'ai pas demandé à être là. Je veux rentrer chez moi. Alors que cette complainte tourne en boucle dans mon cerveau, je me sens de nouveau partir comme sur le champ de bataille. Cette fois, je n'essaie pas de lutter contre l'assoupissement. Tout, du moment que j'arrête de penser à ce regard.
Happer une fois de plus, je souhaite que la prochaine fois, lorsque j'ouvrirais les yeux, je sois chez moi avec mes frères et sœurs d'armes. Ce regard ne sera que le fruit d'un affreux rêve.
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