4.5 - L'approche d'Hiharkaitz.

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Après une nuit calme, Azart nous réveilla avant même que les premières lueurs commencent à illuminer le ciel à l’ouest. Alors que les dernières étoiles s’effaçaient doucement nous reprîmes la route vers Hiharkaitz. La chaleur était encore supportable, aussi avions nous débâché totalement la voiture.

  • Nous avons encore trois heures de route avant de sortir de la forêt, nous indiqua notre pilote. La canicule ne nous tombera dessus qu’à la sortie du bois, donc profitons-en, car la fin du parcours va être rude.
  • Dans combien de temps penses-tu que nous atteindrons la capitale ? lui demandai-je.
  • Nous devrions y être d’ici six à sept heures, si tout va bien, donc, en début d’après-midi.
  • Donc en plein cagnard !
  • C’est cela. C’est pourquoi il faut apprécier la douceur de ces prochaines heures.

Bien qu’il ait fallu s’arrêter deux ou trois fois pour franchir des zones de la route effondrées, la traversée de la forêt se termina sans encombres.

Conformément aux prévisions de notre chauffeur, nous atteignîmes la lisière de la forêt un peu avant dix heures. Une haute falaise apparut sans laisser deviner comment la franchir. Avant d’aller plus loin, nous recouvrîmes le véhicule de façon à affronter la canicule. Azart longea le mur sur plusieurs kilomètres avant d’engager la voiture dans une large faille. La route prit progressivement de la hauteur à flan de muraille. Plus nous montions, plus la chaleur s'intensifiait.

Arrivé en haut, nous débouchâmes sur un plateau aride. Le soleil chauffait le sol à blanc, le rendant éblouissant. Aznar nous distribua des lunettes fortement teintées.

  • Mettez cela, sinon vous pourriez vous abîmer les yeux.
  • Ok, merci d’avoir prévu ces verres pour nous. Sans eux, nous n’aurions pas supporté la fin de la route, lui dis-je.
  • Rassurez-vous, nous ne resterons pas longtemps sur cette crête, nous redescendrons prochainement dans la vallée. Mais même dans le désert, je vous conseille de garder ces protections solaires.

Quelques instants plus tard, nous atteignîmes le rebord du plateau. À nos pieds s’étendait un désert dunaire qui s’étendait jusqu'à d’autres escarpements de moindres hauteurs.

  • Hiharkaitz se trouve là-bas tout au fond de la vallée, juste aux pieds de ces petites falaises, indiqua Azart.
  • Où, dis-tu ? Je ne vois rien, lui répondis-je.
  • Tout au fond, mais c’est normal que tu ne voies pas la cité, elle est encastrée dans le relief et s’en distingue peu.
  • Donc, nous ne la distinguerons qu’en nous approchant de très près.
  • Oui, notre ville est prude, elle ne se dévoile qu’à ceux qui la courtisent !
  • Alors, nous saurons la séduire ! conclus-je.

Ecrasés par la chaleur, nous repartîmes en empruntant une route qui descendait paresseusement vers le désert. Arrivé sur les premières dunes, la route disparut. Notre conducteur prit un cap plein ouest.

Sur ces dunes, nous ne perçûmes aucune trace de vie. Seul le vent apportait quelques mouvements en faisant courir les grains de sable. Heureusement, nous avions totalement isolé l’habitacle, sinon, nous aurions probablement cuit sur place.

Les quelques heures que nous prit le trajet jusqu'à Hiharkaitz nous semblèrent interminables. Nos organismes commençaient à s’affaiblir et, malgré nos protections, nous avions du mal à garder ouverts nos yeux irrités par la lumière.

Alors que notre réserve d’eau commençait à s’épuiser, en basculant en haut d’une dune, Azart nous redonna enfin espoir.

  • Objectif en vue ! s’exclama-t-il.

Nos trois regards convergèrent vers le pied de l’erg le plus proche, mais nous ne distinguions rien qui put ressembler à une capitale. Seuls quelques vagues bâtiments en terre ocre émergeaient à l’extrémité du désert.

  • Ce sont ces quelques cahutes, votre capital ? dis-je avec dépit.
  • Mais oui, bien sûr, à quoi t’attendais-tu, me répondit le sergent, d’un air vexé.
  • Hiharkaitz n’est qu’un petit hameau comparé à Eilífuis, renchérit Sour de la façon la plus affirmative.

J’aurais dû me souvenir que nos amis avaient la plaisanterie facile car, quelques secondes après, un sourire radieux éclaira le visage de notre chauffeur.

  • Cela marche à tous les coups ! Vous êtes vraiment bon public. Vous allez me manquer, plaisanta-t-il goguenard. Non, rassurez-vous, ce ne sont que des avant-postes. Par contre, ouvrez grands vos yeux ! D’ailleurs, vous pouvez enlever vos lunettes maintenant, vous n’en avez plus besoin.

Notre voiture retrouva la route et celle-ci nous mena à proximité du premier bâtiment. Celui-ci était adossé à une colline abrupte qui s’infléchissait vers l’ouest. Le conducteur s’y arrêta sur l’injonction d'une femme agent qui venait d’en sortir. Les deux fonctionnaires discutèrent quelques instants et Azart remis la voiture en route.

  • À priori, vos trois individus ne sont pas encore passés par ici, nous dit-il. Les postes de contrôle ont pour consigne de ne pas les arrêter s’ils se présentent, mais de les laisser passer en entamant une filature. Nous souhaitons savoir s’ils ont des complices dans la cité.
  • Parfait, patientons donc, reprit Sour, ils ne pourront pas nous échapper.

Bien que la voiture ait progressé sur la route, en direction du couchant, nous ne voyions toujours rien qui pouvait marquer une capitale. Notre impatience augmentait donc.

D’un coup, le relief s’ouvrit et sur notre droite apparut une nouvelle estafilade dans la roche. Notre conducteur y engageât la voiture et, en peu de temps, nous débouchâmes sur une immense rotonde totalement tapissée de façades somptueuses. Nous comprîmes que la capitale tant attendue était sous nos yeux.

Exposé directement aux rayons du soleil, le fronton le plus à l’est, attira toute notre attention. Couvert de marbre, de pierres précieuses et d’argent, il brillait de mille feux qui irradiaient les autres bâtiments. Son centre était percé d’une arche monumentale protégeant elle-même une grande porte à double battant encadrée de deux poternes plus étroites. L’ensemble de ces épaisses huisseries était taillé dans un bois précieux parfaitement ciré. La totalité de cette grande alcôve était richement tapissée de faïences bleues, jaunes, vertes et rouges qui dessinaient des motifs géométriques somptueux.

A l’opposée de l’esplanade, la façade ouest reproduisait fidèlement celle-ci. Maintenant à l’ombre, elle resplendissait de façon moindre, ce qui nous permit de mieux encore en distinguer la finesse des ornements.

Le pan nord que nous avions en face de nous était d’un tout autre style. En pierre naturelle, il présentait un assemblage de colonnes et de tourelles qui suivant la pente de la colline s’étageait en de multiples terrasses couvertes.

Le sol de cette immense place était totalement pavé de marbres de différentes couleurs disposés de façon géométrique. En son centre, il nous sembla qu’un motif particulier organisé en spirale, devait constituer une inscription que nous ne parvenions pas à déchiffrer. Sans doute en raison de la chaleur encore écrasante à cette heure du jour, l’endroit était désert.

Nous retournant, nous constatâmes que les contreforts qui encadraient l’ouverture par laquelle nous avions pénétré dans cet espace fantastique, étaient eux aussi richement ornementés. A leur base une large ouverture permettait de pénétrer à l’intérieur même du relief.

Azart dirigeât le véhicule vers l’un de ces accès et l’y engouffra.

Nous étions maintenant au cœur même d’Hiharkaitz.

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