4.8 - Dans les sables du désert.

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Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivâmes au bord de la zone non fleurie que nous avions découverte du haut de notre observatoire. Une escouade de la police nous avait précédés de peu, la commissaire Esteldu était à sa tête et commençait à transmettre ses consignes.

Elle s’interrompit en nous voyant:

  • Bonjour messieurs, je vous remercie pour ce signalement, je crains malheureusement qu’il soit en rapport avec les disparitions d’hier. Nous allons le savoir sous peu, dit-elle en faisant signe à son équipe de se mettre à l’œuvre.

Celle-ci entama les investigations suivant une méthode proche de celle de la recherche des victimes d’avalanches. Une équipe de cinq fonctionnaires s’était alignée sur l’un des bords du rectangle et chacun sondait le sol, de façon régulière, avec une longue tige étroite.

Assez rapidement les deux policiers situés au centre de la ligne signalèrent la présence d’un objet, à faible profondeur, et des fanions furent déposés aux endroits concernés.

Cette première découverte nous affecta. Quelque chose avait donc été déposé ici récemment. Nous imaginions déjà le pire et le soleil, pointant à l’horizon, n’empêcha pas le froid de saisir nos membres.

  • Le sable est très fin sur cette zone, nous expliqua Azart qui partageait notre inquiétude. Cette reconnaissance permet de limiter la recherche à la pelle à la zone réellement concernée. Sinon, il faudrait évacuer les matériaux au fur et à mesure et cela prendrait beaucoup de temps et d’énergie.

La rangée ne s’arrêta pas avec cette découverte, d’autres bannières furent posées pour signaler la fin de la détection et l’inspection ne s’arrêta que lorsque la totalité de la zone vierge avait été inspectée.

  • Maintenant que la zone concernée est délimitée, nous allons pouvoir engager réellement l’extraction, nous précisa la commissaire.

Trois hommes munis de pelles étroites se mirent à creuser. Dans un premier temps, ils firent un petit sillon, d’une vingtaine de centimètres de profondeur, qui rejoignait les drapeaux entre eux. Puis délicatement, ils entreprirent de vider le polygone ainsi formé.

Rapidement un premier morceau de tissu blanc apparut, puis une chaussure.

Nos craintes se concrétisaient progressivement et au bout de quelques minutes, un corps allongé sur le ventre fut totalement dégagé. Vêtu d’un pantalon clair, il avait le buste nu. Sur celui-ci des traces violacées témoignaient probablement de tortures. Le corps avait dû être enseveli là en début d’après-midi et la peau montrait les premières traces de dessèchement sous l’effet combiné du sable et des puissants rayons du soleil.

Une fois les premières constatations effectuées, la directrice de la sécurité donna l’ordre de retourner le cadavre. Ce spectacle nous fut quasiment insupportable. Le malheureux avait la figure totalement défoncée du menton jusqu’à la boite crânienne. Cette fois, le doute n’était plus permis, les trois meurtres étaient liés !

Le corps fut placé sur une civière alors que Sour s’adressa à la commissaire :

  • Il semblerait que le corps ait été placé ici en début d’après-midi, dit-il. Il est quand même surprenant que les assassins aient agi en pleine journée, au risque d’être surpris par quelqu’un.
  • Pas vraiment, lui répondit la commissaire. Vous avez vu cette zone depuis la tour d’observation or, du fait de la chaleur, celle-ci n’est pas fréquentée la journée. De plus, si vous observez les alentours, vous vous apercevrez que nous sommes dans une légère cuvette cernée de dunes plus élevées, et donc invisible de loin. Les auteurs de ce crime avaient donc eu le temps de repérer les lieux avant de commettre leur forfait.

Se tournant vers son équipe, elle leur intima l’ordre de sonder une nouvelle fois la zone où avait été découvert le corps.

  • Je préfère être prudente et vérifier qu’il n’y a pas d’autre cadavre sous celui-ci, dit-elle. Nous avons retrouvé l’homme, mais le sort deux femmes nous reste inconnu.

Les nouvelles recherches ne donnèrent rien et nous rentrâmes en ville tous ensemble.

Nous fîmes un rapide debrief dans les locaux de la sûreté. Hors de la découverte de la dépouille, nous n’avions pas d’élément nouveau nous permettant d’orienter l’enquête. En attendant l’arrivée du trio que nous poursuivions, il nous sembla qu’il valait mieux laisser la police locale effectuer son travail, sans interférer. Nous convînmes de nous retrouver en fin d’après-midi.

Avant de nous laisser partir la cheffe Esteldu s’adressa à nous :

  • La journée venant tout juste de commencer, vous avez de nombreuses heures devant vous. Pour bien meubler ce temps, je vous propose d’aller visiter le village de Piauto, je suis sûr que cette visite va vous intéresser. Si vous en êtes d’accord, le sergent Azart va vous y emmener.
  • Merci commandante, dis-je, c’est sûrement une bonne idée. Nous sommes donc prêts à suivre notre guide.
  • Oui, nous vous retrouverons en fin de journée, confirma Sour.

Nous sortîmes tous les quatre et rejoignîmes le garage.

Arrivés sur place, nous nous approchâmes d’un véhicule auprès duquel nous attendaient trois jeunes gens, deux garçons et une fille. Ils s’avancèrent vers nous et ils se présentèrent :

  • Bonjour, je suis Askta, je viens de finir mes études de pharmacienne.
  • Berdan, je finis mon internat de médecine.
  • Anaitu, je suis agronome.
  • Ces jeunes gens vont nous accompagner, indiqua Azar. Ils partent pour un stage d’un an à Piauto. Je vous expliquerai en route le projet que vous allez découvrir tout à l’heure.

Je montai devant aux côtés de notre chauffeur. Sour, Askta et Berdan montèrent au milieu alors que Télémaque partageait la dernière rangée avec Anaitu, qui comme par hasard, était plutôt joli garçon. Et nous nous mîmes en route.

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