5.6 - A la recherche des disparus.

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Azart fit immédiatement transmettre l’information de la disparition de Drageon de Niesl à l’ensemble des membres de la sécurité. Un message signalant leur recherche fut aussitôt diffusé sur les hauts parleurs demandant de signaler tout comportement suspec.

Dans un premier temps, il resta sans effet.

Sour était livide, il avait mis en danger la vie de son neveu et celui-ci ne donnait pas signe de vie.

  • J’ai essayé de le joindre en télépathie, mais je n’ai reçu aucune réponse, nous dit-il.
  • Ils ne peuvent pas être loin, lui répondis-je. S’ils avaient été emmenés hors du bâtiment quelqu’un les aurait vus. Or il semble que personne n’a remarqué un groupe de cinq personnes au comportement bizarre.
  • Une douzaine d’hommes de la sécurité se sont déployés à travers tout la ville, nous rapporta Azart. Si les malfrats se déplacent, ils les repèreront.
  • Je suis vraiment inquiet que Niesl ne me contacte pas, reprit le Major. S’il est conscient à proximité, je devrais pouvoir rentrer en liaison avec lui. Dans l’immédiat, il faut fouiller tout le bâtiment en commençant par les zones qui ne sont pas enfumées.
  • Répartissons nous en trois groupes avec les agents qui sont restés là, proposai-je. Azart avec deux policiers, Sour avec deux autres agents et Télémaque et moi avec le dernier. Ainsi nous pouvons nous rapprocher des trois foyers.
  • Je ne détecte aucune odeur d’incendie, fit remarquer Azart. D’ailleurs, il n’y a pas grand-chose qui puisse brûler dans le bâtiment. Je pense qu’ils ont simplement utilisé des fumigènes.
  • Tu as très probablement raison, mais ils n’y sont pas allés de main morte, lui répondit Sour. Il va falloir attendre un moment avant que la nuée ne se dissipe.
  • Ne perdons pas de temps, allons-y, conclus-je.

Nous nous dispersâmes donc dans le bâtiment, le groupe d’Azart au sud, celui de Sour à l’ouest et Télémaque, un agent de la sécurité et moi au nord.

Nous passâmes au peigne fin toute la zone qui nous avait été attribuée, en nous rapprochant progressivement mais lentement de la source de fumée.

Après un bon quart d’heure d’investigation, nous n’avions rien trouvé. Je supposais que les autres groupes n’avaient pas eu plus de succès car ils ne se manifestèrent pas.

Heureusement, Sour vint contredire cette présomption :

  • Harold, ça y est, je suis en contact avec Niesl, me fit-il savoir.
  • Où est-il ? lui répondis-je.
  • Il ne sait pas. Il est dans une pièce totalement fermée, avec Drageon. Ils sont tous les deux bâillonnés et il vient d’émerger après avoir perdu connaissance. Il ne se souvient de rien, si ce n’est du nuage de fumée.
  • Dis-lui de maintenir le contact et d’avoir confiance.
  • C’est déjà fait. Son témoignage indique qu’ils ont dû être enlevés immédiatement après le déclenchement des fumées. Ils sont donc sûrement assez près de leurs emplacements dans la salle. Mais en télépathie, il m’est impossible de le localiser. Je sens qu’il n’est pas loin, mais je ne sais pas où.
  • J’ai une idée. Chacun notre tour nous allons crier un chiffre. Un pour Azart, deux pour toi et trois pour moi. S’il nous entend, il nous indiquera le plus proche de lui et nous pourrons concentrer les recherches.
  • Excellente idée. Mais il faut prévenir Azart. J’envoie un agent pour cela. Je lui dirai de commencer. En attendant, je préviens mon neveu.

Pendant ce temps nous avions progressé et la brume immonde s’étant dissipée, nous pûmes arriver en bordure de l’accès. Deux engins finissaient de se consumer en émettant encore des fumerolles brunes.

Nous entendîmes alors Azart crier « Un », puis deux secondes après Sour « Deux » et deux secondes plus tard, à mon tour, je beuglais un « Trois » magistral. Azart recommençât une nouvelle séquence reprise par Sour.

  • C’est bon, c’est le deux qui est le plus proche, m’annonça-t-il. Donc je ne suis pas loin de leur position. Rejoins-moi.
  • Super, j’arrive.

Nous nous dirigeâmes aussitôt à pas rapide vers le secteur ouest que nous trouvâmes encore très embrumé.

Nous étions sur le point de rejoindre le Major lorsque je vis une longue silhouette, habillée d’un polo bleu clair et d’un bermuda beige, sortir de la fumée. C’était sans aucun doute le malfrat que j’avais remarqué en entrant dans le bâtiment. Dès qu’il nous vit, il se mit à courir. J’intimais l’ordre à Télémaque et à l’agent de sécurité de le suivre et de le neutraliser. Ce qu’ils s'employèrent à faire aussitôt.

Pour ma part, je rejoignis presque immédiatement Sour pour continuer les recherches. Azart nous retrouvât rapidement et nous nous déployâmes en criant pour que Niels puisse nous guider.

Ainsi par le relai télépathique des deux éilífuisiens, nous pûmes rapidement nous retrouver devant un meuble de taille imposante. Nous ne rencontrâmes aucune difficulté à l'ouvrir, mais il était vide. Les deux jeunes gens devaient être derrière. Nous sondâmes l’armoire, mais ne trouvant rien, nous décidâmes de la défoncer afin de voir ce qu'elle cachait. Ce que nous fîmes prestement grâce à une petite hache que l’un des agents sortit de son sac à dos.

  • Niesl me dit que deux malandrins sont avec eux, nous indiqua Sour. Ils ont l’air surpris qu’on ait trouvé si facilement leur planque, mais ils ne seraient pas armés.
  • Alors dépêchons nous afin de bénéficier de l’effet de sidération, lui répondis-je.

La destruction du meuble ne prit qu’un instant et bientôt une porte apparut.

Nous l’ouvrîmes et découvrîmes avec grand soulagement nos deux amis bâillonnés et entravés. A leurs côtés se tenaient deux grands gaillards à l’air patibulaire. Ayant compris qu’ils ne pourraient s’échapper, ils ne firent pas obstruction à leur arrestation.

Niesl se précipita pour libérer son neveu tandis qu’Azart en fit de même pour Drageon. La tension retomba rapidement, mais les garçons restaient choqués. Nous prîmes le temps avant de quitter la pièce.

Je remarquai en sortant que le meuble était posé sur des roues qui pouvaient être escamotées par l’arrière. C’est ce qui avait permis aux ravisseurs de rejoindre rapidement leur cachette et de la dissimuler à la vue. La préparation de ce dispositif avait dû prendre du temps. Cela signifiait que soit ils étaient déjà venus préalablement pour le mettre en place, soit ils bénéficiaient de complices dans la ville. Il aurait donc fallu impérativement les faire parler pour en avoir le cœur net et prendre les mesures adéquates.

Sur ce, nous vîmes arriver Télémaque et l’agent de sécurité. Le troisième larron leur avait filé entre les doigts. Rien ne disait qu’il ne ferait pas une nouvelle tentative.

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes tous dans un large bureau. Nous interrogeâmes les deux bandits que nous avions sérieusement ficelés sur des chaises. Mais ils refusèrent absolument de coopérer. La seule chose qu’ils disaient étaient que toute façon ils seraient bientôt libérés. Et ils avaient l’air très sûr d’eux.

Il était à peu près vingt-deux heures lorsque qu’un important remue-ménage se fit entendre dans le couloir. Nous étions prêts à tout.

La porte s’ouvrit et nous vîmes apparaître la Commissaire Esteldu accompagnée de nombreux policiers. Ceux-ci s’écartèrent et poussèrent le troisième bandit au milieu de la pièce. Celui-ci semblait un peu amoché sur le côté gauche. Son polo, son chandail et son short, toujours trop petits pour lui, avaient subi quelques dégradations et pendouillaient lamentablement.

  • Vous cherchiez probablement cet individu, nous dit la commissaire avec un petit sourire malicieux. Nous l’avons trouvé sur notre chemin, juste à la sortie de la ville. Quand il nous a vu, il s’est mis subitement à courir n’importe où. Et comme il faisait noir, il a fini dans un fossé où nous n’avons plus eu qu’à le cueillir.
  • Jolie prise, lui répondis-je.
  • Vous avez, vous-même, fait du beau travail, et nous n’aurions probablement pas fait mieux. Donc félicitations à tous les quatre. Mais maintenant c’est à moi de prendre le relais et ces gaillards devront bien se mettre à table.
  • Nous vous les laissons bien volontiers, reprit Sour.
  • Allez maintenant vous reposer, nous enjoignit elle. D’autant que demain nous devrons repartir à l’aube car l’autre trio a été aperçu au nord de Hiharkaitz qu’il devrait atteindre demain en début d’après-midi. Il faudra que nous soyons à même de les accueillir. De plus, il paraît qu’ils ne sont pas seuls, une jeune femme les accompagnerait, mais pas forcément de son plein gré.
  • Nous serons prêts avant le lever du soleil, lui répondis-je. Vous pouvez compter sur nous.
  • D’autant plus que deux jeunes filles restent à retrouver, compléta Sour.

Niesl et Drageon devant témoigner de leur enlèvement ne purent nous accompagner, aussi nous nous assurâmes qu’ils avaient un peu récupéré de cette sinistre aventure avant de les quitter. Cette épreuve, dans laquelle ils avaient montré beaucoup de courage les avait marqués. Ils allaient mettre un temps certain avant de récupérer totalement. De l’avis de tous, ils pouvaient être fiers d’eux.

Nous sortîmes donc du bâtiment pour aller prendre un repas rapide avant de dormir. Au restaurant nous rencontrâmes Askta, Berdan et Anaitu. Ils avaient eu vent de la tentative de kidnapping et sans rentrer dans les détails, nous leur fîmes part de nos interventions. Sans vergogne, Télémaque s’appropria une part importante du sauvetage, ce qui nous fit bien rire. Cette version de l’affaire sembla avoir de l’effet sur l’agronome et les deux s’éloignèrent un peu pour échanger.

À l’arrière des restaurants, un espace d’hôtellerie avait été aménagé. Azart nous y mena et nous désigna nos chambres. Celle qui m’échut était centrale entre Sour et Télémaque. Je m’y installais paisiblement et j’étais sur le point de m’endormir lorsque j’entendis une porte s’ouvrir puis des pas s’éloigner prudemment.

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