6.2 - Un chemin tumultueux.

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Arrivés au garage, nous fumes accueillis par un homme sortant d’un véhicule tout terrain banalisé.

  • Bonjour je suis l’aspirant Gust Haugaî, se présenta-t-il. Je suis à vos ordres.
  • Merci aspirant, lui répondit Azart.

Celui-ci nous introduit rapidement et se tournant vers nous il précisa :

  • La commissaire nous a mis à disposition l’aspirant car pour rejoindre la route de l’est, il va nous falloir emprunter un sentier peu carrossable. Mais étant de cette région, Gust le connait comme sa poche et nous le fera franchir sans difficulté.
  • Parfait, lui répondit Sour, allons-y.

Azart monta aux côtés du pilote. Sour, Télémaque et moi primes places à l’arrière. Ce véhicule avait été conçu pour transporter des personnes en toute discrétion. Les vitres avaient notamment été conditionnées pour permettre une excellente vue depuis l’intérieur, tout en étant opaques de l’extérieur.

  • Ainsi, nous dit Azart, si nous rencontrons le trio, il ne verra que le chauffeur et moi-même. Ils ne nous connaissent pas et donc seront moins méfiants que s’ils vous voyaient. En revanche vous, vous pourrez les observer sans problème.
  • Voilà qui sera bien utile, répondis-je. J’espère que nous aurons rapidement l’occasion d’apprécier ce dispositif.

L’aspirant nous fit sortir de la capitale et s’engagea sur une route qui filait au sud-est parmi les dunes. Les premiers kilomètres furent couverts à vive allure sur une route plate et large. Progressivement, le sable laissa la place à un plateau rocailleux totalement dépourvu de végétation.

D’un coup, la voiture ralentit et l’aspirant nous avertit :

  • Nous allons rentrer sur la partie accidentée du chemin. Accrochez-vous bien, cela risque de secouer.

Il s’engagea alors dans une gorge étroite surplombée de tous côtés par d’énormes rochers. La route laissa la place à un sentier étroit sur lequel notre véhicule ne semblait pas le bienvenu.

Il fallut toute l’habileté de notre pilote pour, mètre après mètre, franchir le premier passage. À son issue, la combe s’élargit et un grondement puissant emplit l’air. Sur notre droite, une rivière apparut en cascades écumantes. Profitant de l’humidité générée par ce torrent, une végétation admirable avait colonisé les parois et malgré la fureur des eaux nous pûmes distinguer des chants d’oiseaux.

À cet endroit le chemin était un peu plus praticable et nous pûmes continuer la descente de façon un peu plus rapide sur deux à trois kilomètres. C’est alors que nous vîmes qu’un énorme rocher semblait bloquer totalement le ravin à l’exception d’un gouffre dans lequel l’eau s’engouffrait de façon impétueuse. Gust ne parut pas s’en émouvoir. Et en effet, nous en rapprochant, après avoir contourné un énorme bloc rocheux, nous découvrîmes que la route avait été taillée directement dans l’obstacle.

  • Messieurs, nous dit-il. Je suis désolé, mais vous allez devoir descendre pour me permettre de franchir ce verrou.

Nous quittâmes donc le véhicule pour nous retrouver au cœur d’une nature extraordinaire. Des cascades bouillonnant de toutes parts jaillissaient des murailles en diffusant une fraicheur agréable. Mais il nous fallut redoubler d’attention car le sol tapissé de mousse humide rendait la marche périlleuse et semblait vouloir nous entrainer vers le torrent.

Notre conducteur engagea le véhicule dans le portique de pierre avec la plus grande prudence. Sa marge de manœuvre était quasiment nulle puisque seuls quelques rares centimètres séparaient la carrosserie de la paroi. Mais son habileté fut récompensée car il s’extirpa de ce passage sans éraflure.

Sortant de ce tunnel, nous fûmes surpris de ne pas retrouver le cours d’eau. Celui-ci s’était en effet enfoncé dans le sol, mais nous pouvions l’entendre gronder sous nos pieds.

Ce passage périlleux franchi, nous regagnâmes nos places dans la voiture. Après peu de temps de route, nous retrouvâmes une chaussée en meilleur état et débouchâmes prestement sur une vaste plaine où nous retrouvâmes la rivière apaisée.

  • D’ici une dizaine de minutes, nous allons atteindre le village de Zortea, nous indiqua l’aspirant. C’est là que nous retrouverons la route de l’est.
  • Nous nous y arrêterons pour attendre le passage des trois malfrats, reprit Azart. Nous allons arrêter la voiture en bord de route. Gust et moi allons sortir et ouvrir le capot, comme pour vérifier un problème technique. Vous trois, restez à l’intérieur pour observer. Si vous les voyez, donnez deux coups secs sur la carrosserie.
  • Très bien, s’exclama Sour. Nous les laisserons passer et les suivrons à distance.

Les deux policiers sortirent donc comme prévu et firent mine de s’intéresser au moteur. Quant à nous, nous nous mîmes aux aguets.

Il ne nous fallut pas attendre longtemps. Après le passage d’une dizaine de véhicules, nous vîmes arriver un fourgon couvert de poussière roulant à vive allure. Nous ne rencontrâmes aucune difficulté à reconnaitre le roux rachitique et un des deux gros poisseux repérés en Opaterlupt. Nous supposâmes que le troisième larron devait être à l’arrière.

Comme prévu, nous envoyâmes le signal convenu sur la tôle. Les deux policiers engagèrent une conversation animée comme s’ils avaient un point de divergence sur la marche à tenir pour faire repartir le véhicule.

Passant à notre niveau, les deux hommes à l’avant du véhicule scrutèrent nos deux compagnons.

À notre grande stupéfaction, ils firent crisser les pneus de leur voiture et, dans un nuage de poussière, se garèrent sans ménagement juste devant nous. Azart et Gust, pris dans le nuage de particules se mirent à tousser méchamment.

A travers le nuage je pus deviner que les deux barbouzes étaient descendus et marchaient dans notre direction. Mais ils s’arrêtèrent aussitôt à l’arrière de leur fourgon pour en ouvrir les portes. Je pus alors apercevoir le troisième pied nickelé mais aussi une quatrième silhouette qui me sembla être celle d’une femme.

Les trois hommes partageaient un air furieux. Alors que les deux premiers avaient l’air cohérent, il n’en était pas de tout de même du dernier qui encore une fois semblait être sous l’emprise d’une substance psychotrope. Il éructait les jurons les plus infâmes en semblant s’en prendre particulièrement à la fille qui les accompagnait. Celle-ci ne semblait pas en état de réagir, sans doute était-elle droguée, mais, contrairement à l’homme, sûrement pas de sa propre volonté.

Les truands s’éloignèrent alors vers une gargote située en bordure de route. Ils y pénétrèrent sans doute pour s’y abreuver.

Je vis alors Gust se diriger vers la taverne et observer à travers une ouverture. Il fit signe à Azart et aussitôt, celui-ci se précipita vers le fourgon. Sour ayant compris son intention le rejoignit aussitôt, sans nous avoir enjoint de rester planqués à nos places.

Les deux hommes ouvrirent rapidement la porte arrière et extirpèrent sans délai la jeune femme. Ils la transférèrent, encore groggye, dans notre propre véhicule.

Pendant ce temps, Gust se para de ses attributs officiels d’agent de la police et rentra dans le bâtiment par la porte de service.

Presque aussitôt, nous vîmes les deux hommes qui étaient à l’avant du véhicule sortir du boui-boui et se mettre à courir vers leur véhicule. L’autre sortit à son tour, mais trop éméché, ne vit pas un chien qui s’était couché là et s’y entrava. La bête réagit et se redressant montra les crocs à l’individu qui n’osa plus bouger.

Voyant cela, les deux qui avaient rejoint leur voiture démarrèrent aussitôt et disparurent dans un nuage de poussière et de particules de combustion. Ils ne se rendirent probablement pas compte qu’arrivés à quatre, ils ne repartirent qu’à deux.

Gust, ressortant peu après de l'auberge, n’eut pas de difficulté à arrêter le mauvais larron. Il fut décidé qu’ils resteraient tous les deux dans le village jusqu’à ce que le gangster ait dessoulé, puis qu’ils rejoindraient l’équipe d’enquêteurs à Punteak avec un véhicule de la police locale.

Sans plus attendre, nous reprîmes la route à quatre avec la jeune femme, sur la trace des deux fugitifs.

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