Plan d'un soir

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Chaque nuit c’est la même chose, les rideaux virevoltent laissant entrevoir les barreaux à ma fenêtre. L’air se refroidit à son approche, comme à l'accoutumée. Si j’essaie de la regarder, elle disparait, me laissant dans le doute de son existence. Alors je patiente. Je patiente de longues minutes débordant de passion et de désir. La lumière de la lune semble s’amenuiser petit à petit et elle est là, toute proche! Elle survole mon lit tournoyant autour de moi comme une bête qui prépare sa proie à la fin. La tension monte d’un cran quand je la sens me toucher la main qu’elle finit par guider vers sa poitrine généreuse. La belle décida alors de s’étaler de tout son long sur mon corps meurtri et je l’avoue, je n’en peux plus. Je la prends et l’enlace de mon désir ardent. Elle est mienne et elle le sait. Mais je me dois de respecter ses règles à elle. Au risque qu’elle disparaisse me laissant seul dans l’agonie de mes regrets.

Je prends mon temps, gardant toujours les yeux fermés comme elle le souhaite. C'est si dur, mais je me dois de résister. Je me dois d'en profiter jusqu’au bout, jusqu'a la fin des temps si je le peux. Elle est glacée, mais pas d’un froid désagréable. Plus comme une brise d’automne qui nous signale la fin de l’été. Elle me prend la tête et plonge sa langue dans ma bouche. Je la sens me fouiller l’intérieur comme une assoiffée prisonnière du désert. Notre désir ne fait qu’un. Je l’enlace et me retrouve audessus d’elle. Elle ne semble point désapprouver mon élan. Je sens ses jambes se raidir autour de ma taille essayant de m’attirer en elle. Mais je veux prendre mon temps. Que cela dure une éternité, jusqu’à la toute fin de toute chose. Malheureusement, c’est elle qui décide. Elle me pousse sur le côté et fouille mon corps à la recherche de ma verge ardente. Elle finit par empoigner ledit membre. Le contact de ses lèvres froides me fait sentir un frisson circulant dans toutes les extrémités de mon corps. Cela me rend fou et elle le sait. Je pourrais mourir en cet instant. Soumis à la perfection du moment. Faisant des va-etvient, je n’en peux plus et relâche honteusement tout ce que je gardais en moi. Je finis par rugir de contentement tout en m’excusant honteux et désolé d’avoir gâché ce moment si parfait. Je la supplie de me pardonner d’avoir été une victime de mon plaisir inassouvi. Elle place un doigt sur ma bouche m’imposant le silence. Je n’ose toujours pas regarder. Si je regarde, elle partira et j’ai tant besoin d’elle. Elle est tout et je ne suis rien. Elle prend mes mains et les amène à son anatomie parfaite. Je ressens sous mes doigts son corps sculpté de déesse. La perfection, dite femme, l’être absolu… Elle finit par légèrement amener mes doigts vers l’entrée de son paradis. La belle me guide tournoyant légèrement, mais constamment à l’extrémité de ces lèvres vénusiennes. Lâchant mes mains pour se focaliser sur son désir, je me force à maintenir le rythme. Chaque rotation semble la cabrer de plus en plus. Je l’entends exprimer son bonheur orgasmique. Cet étalage de sensualité et de perfection nous engouffre dans une transe hédonistique. Je l’entends tomber sur le côté, soufflant comme un fourneau alimenté par la flamme de notre passion. J’essayai tant bien que mal de reprendre mes esprits, mais je n’en peux plus. Comme un loup et sa proie, je saute sur elle et la prends. Je la mords dans son coup glacé et nous ne faisons plus qu’un. Chaque coup m’apporte des explosions de bonheur qui se réverbèrent dans nos corps enlacés comme la racine noueuse d’un arbre. Nous restons dans cette danse sensuelle jusqu’à ce qu’en même temps, au même moment nous touchions le divin. Hurlant, notre amour à qui veut l’entendre. Je tombe sur le lit, essoufflé, vaincu, mais bien évidemment satisfait.

J’entends le clappement fatidique de la serrure. Une vive lumière apparait et m’aveugle un long moment. Une voix grave entre et m’ordonne de la fermer. Je finis par ouvrir les yeux réalisant que je suis seul avec mon gardien. La belle disparue comme si elle n’avait jamais existé. Je pleure, je pleure, mon agonie de savoir qu’elle est partie. Après avoir été sermonnée, la porte se referme sur ma solitude. J’entends le claquement qui signale la fermeture de ma cellule. Me levant d’un bon, je m’approche des barreaux donnants sur la liberté que j’ai perdue il a fort longtemps. J’enlace les couvertures qui me restent prenant soin de solidifier le nœud coulant autour de mon cou. L’air commence à m’échapper, ce n’est plus qu’une question de secondes maintenant. Une brise froide m’enlace de sa douceur d’automne et je remercie la lune de m’avoir tenu compagnie une dernière fois. Une dernière fois avant de sauter vers la mort, là où elle m’attend.

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