Un éveil opportun
Je m’éveillai tout juste, et j’étais sans histoire.
Le vent roulait dehors sa vague de verdure,
Et j’étais dans mon lit comme dans la nature,
Des ombres de feuillages dansant sur le store.
Le vieux bruit d’un moteur annonçait le matin,
Et les oiseaux chantaient d’une verve indécente ;
Je m’éveillai tout juste, et j’étais sans attente.
Connaissez-vous la paix d’un éveil opportun ?
Le vent me tenait lieu de mouvements de l’âme,
Il animait les branches de l’arbre de vie
Dont je reçois la mienne et ne suis bien qu’un fruit ;
C’était comme si l’on se chargeait de ma flamme.
Je ne voulais rien faire, et n’avais rien à faire.
J’étais sans volonté dans la neuve abondance,
Je n’avais rien à être, et j’étais sans substance
Dans le cours de cette procession de lumière.
J’étais le voyageur et aussi le voyage,
La pierre des chemins, la fraîche pluie du ciel,
La ville où l’on sera demain, au port industriel,
J’étais celui qui marche et puis le paysage.
*
Je ne me souviens pas comment j’en suis sorti...
Je n’ai le souvenir d’aucune fin dernière.
Peut-être y suis-je encore, et la vie régulière
N’est-elle qu’illusion librement consentie ?
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