Le Tour du Propriétaire

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Farfouille avait la truffe rivée au sol, et elle semblait guider le reste de son corps, qui zigzagait d’un rocher à un arbre, d’un arbre à une chaumière... Il reperait les lieux à sa manière, pendant que l’équipe nouvellement formée, visitait elle aussi. Aïwen et Nolwé avaient chacun une cabane de bois, batie par un sortilège millénaire, blotie entre les branches. Une bonne imitation du savoir faire inégalable des elfes, qui reproduisait jusqu’aux marches qui encerclaient le tronc. Les deux elfes ne s’étaient pas concertés quant au choix de l’une ou l’autre des cabanes, ce qui n’avait pas échappé aux deux frères humains. Nolwé avait simplement regardé la princesse Aïwen faire son choix et avait donc investi l’autre abri. Mais pour les deux frères, elle était simplement Aïwen, sans aucun titre de noblesse. Et elle comptait bien le rester.

Jérod, en bon ainé, penetra le premier dans la petite chaumière. Il poussa la porte, bien au milieu de la façade, entre deux fenetres, et marqua un temps d’arret, laissant à Tom le loisir de regarder par dessus l’épaule de son frère. Les deux n’en revenaient pas. Sans être particulièrement luxueuse, la demeure était particulièrement chaleureuse. Une table de bois, ronde, entourée de quatre chaises tronait dans un coin de la pièce principale. Il y avait un poèle à bois, près duquel attendait patiemment un service à thé, avec des tasses et une bouilloire. Il y avait aussi deux fauteuils, posés sur un tapis, devant une cheminée, qui intrigait beaucoup les deux hommes : elle était factice. De fausses flammes dansaient dans l’atre, sans dégager de chaleur, qui émanait déja du poèle. Dans le fond, deux portes desservaient deux chambres séparées. Les deux frères échangèrent un regard, puis un sourire, et entrèrent pour découvrir leur nouvelle maison.

De leur coté, les elfes découvrirent séparement mais simultanément leurs abris. Aïwen avait une couchette, un crochet pour son arc et son carquois, un autre pour sa cape, une petite table ronde, une chaise, et un long meuble flanqué de dizaines de tout petits tiroirs. A la vue de ce dernier, elle s’approcha et s’agenouilla. Sur chaque tiroir se trouvait un petit morceau de papier glissé dans un minuscule cadre de metal, et sur lequel devrait sans doute figurer des noms, au vu d’un classement. Les yeux de la jeune elfe allaient et venaient d’un tiroir à l’autre, quand son regard fut attiré par un enorme livre posé sur le meuble. Elle l’ouvrit : il était vide. Pas une lettre. Pas un caractère, humain elfique ou druidique. Rien. Une moue étira sa bouche. Elle s’avança alors vers une des deux larges ouvertures vers l’exterieur que comptait sa demeure. Accoudée à la fenêtre, elle adressa un regard à Nolwé, qui venait lui aussi de faire le tour de sa chambrée. La question silencieuse de la princesse ne tarda pas à trouver réponse :

« J’ai une couchette, de quoi accrocher mes vêtements, et mon épée. J’ai aussi une table, avec des pierres de toutes sortes, posés pele – mele dans une corbeille, décrit-il presque à voix basse. Et toi ?

- Comme toi sauf que je n’ai pas de corbeille de pierre, mais un drôle de meuble avec une multitude de tiroirs, et un livre, répondit-elle, tout aussi discretement.

-Un livre ? Mais quoi comme livre ? C’est écrit en elfique ?

- Il n’y a que des pages blanches. Rien n’est écrit. Nulle part.

- Oh, c’est...

-Bizarre.

-Oui. On devrait peut- etre descendre, et voir ce que font les autres ?

- On se retrouve en bas », dit Aïwen avant de disparaitre de l’ouverture.

Le regard de Nolwé lui, fut capté par un scintillement un peu plus haut dans les branches. Sa vue précise lui permit de percer le mystère : La lumière se refletaient sur les ailes translucides des fées, qui découvraient elles aussi, leur lieu de vie. Là encore, il était lui aussi différent des autres. Si les hommes habitaient des chaumières douillettes, et les elfes des cabanes confortables, nichées dans les arbres, les fées, elles, n’avaient pour abri qu’une sorte de nid, tissé parmi les branches, où des fleurs et des lierres s’enchevetraient dans une harmonie parfaite. Elles en eurent vite fait le tour, et descendèrent elles aussi pour rejoindre les autres. Nolwé ne traina pas plus longtemps.

Au pied d’un arbre, voisin de la chaumière des deux frères humain, parmis les racines et la mousse, se trouvait une marque ovale, bien dessinée sur le tronc. Quimby remonta ses lunettes qui n’avaient de cesse de glisser sur son nez. D’un pas hésitant, il s’avança vers la marque ovale. Comme il s’y attendait, c’était une porte. La main mal assurée, il y frappa et s’annonça :

« Pa-pa-paaardonnez-moi, euh... Bon-bon-bonjour ! Est qu’il y a quel-quel-quelqu’un ? »

Pas de réponse. Il se retourna, espérant apercevoir quelqu’un, mais tous étaient occupés à faire le tour de leur nouveau chez eux. Il prit son courage à demain et entra. La porte avait grincé un peu, et Quimby avança dans l’entrée. Il y avait un lit minuscule, une chaise et une table à la même échelle, et deux petites ouvertures dissimulées par la mousse. Il saisit un fil qui pendait près de l’une d’entre elle et tira, pour dégager la mousse qui se leva en un rideau, pour laisser entrer la lumière. Il y avait un petit meuble, où il rangerait ses affaires, et sur lequel avait été posé un panier de provisions, ce qui le fi sourire. Un peu plus loin, il y avait un petit bureau et une bibliothèque, et un petit stock de bougies. Qimby, qui se tenait au beau milieu de la pièce, fit un tour des lieus de ses yeux, grossis par les verres de ses lunettes, et soupira. Il était sur qu’il serait bien ici. Soudain, le noir complet se fit de nouveau dans la demeure du lutin, et un souffle chaud parcourut l’espace, par intermitence très rapprochée, arrachant à Quimby un cri de terreur...

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