Chapitre 1 : Le rêve
Le ciel est noir, dépourvu d'étoiles, englouti par l'obscurité totale. Seule la lueur faible de la lune me permet d'entrevoir cet étranger qui se dresse devant moi, une beauté troublante, en cette nuit maudite. Ses cheveux d'un noir de jais semblent éclairés par la pleine lune. Ses yeux bleus percent l'obscurité avec une lueur glaciale. Derrière lui, s'étend un étrange liquide noir, semblable à un poison visqueux. Je ne parviens pas à discerner sa nature, mais je sens une aura malsaine émanant de cette substance. Peut-être est-ce simplement une bouteille brisée répandant son contenu sur le sol. Au fond de moi, je sais clairement de ce dont il s'agit, toutefois, je prie pour que ce ne soit rien de plus qu'une simple bouteille. S'il vous plaît, que ce ne soit que cela.
- Tu sais bien que c'est le sang de ton... tente-t-il de me dire, comme s'il scrutait mes pensées.
- Non, ce n'est pas son sang, je le sais ! Tu mens comme toujours ! lui criai-je sans lui laisser le temps de finir sa phrase, ma voix emplie d'une angoisse palpable.
Sans répliquer, il se retourne brusquement et saisit le poignet d'une personne étendue au sol, glissant un objet entre ses doigts. Il se relève lentement pour me le montrer, et à cet instant, tout devient clair. Un souvenir traverse mon esprit, une image fugace de mon père souriant avec ce même bracelet à son poignet. Il tient entre ses mains le bracelet que ma mère lui avait offert le jour de leur mariage, un symbole d'amour aujourd'hui maculé de tragédie...
- Pourquoi m'infliges-tu cela ? Qu'ai-je donc fait pour mériter ça ? demandai-je d'une voix tremblante d'horreur.
- Toi ? Rien. Mais c'est ainsi, et tu le sais. Tu dois te souvenir, répond-il d'un ton glacial.
Je ne comprends jamais à quoi il fait allusion, et pourtant, nous avons toujours la même conversation devant le corps sans vie de mon père. Il prononce ces mots intrigants avec un air de dédain, me fixant de ses yeux perçants, évaluant chaque parcelle de mon être avec un regard glaçant.
Soudain, ma vision se brouille, et une fois de plus, je me retrouve plongé dans ce trou noir, sans connaître la fin de ce cauchemar qui hante mon existence depuis la disparition de mon père, noyé dans les abysses de la souffrance.
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