2 mai, West Hollywood

Charlie lut le message à l’attention de son partenaire :

— Mellow nous fait savoir que les empreintes retrouvées sur le second verre appartiennent à une certaine Joan Smith, médecin, domiciliée à Burbank, Californie.

— Ce n’est pas très loin, répondit Joe. C’est tout ce qu’il nous donne ?

— Non, il ajoute que cette personne est enregistrée comme anesthésiste à la clinique Sunny Vale.

— Donc, elle travaille avec le faux McLay. Intéressant.

— Oui, et souviens-toi ce que nous a dit le légiste. Samantha Page a reçu une injection de Propofol, un produit utilisé en anesthésie justement. Nous avons le mode opératoire et très vraisemblablement les coupables. Il ne nous manque que le mobile.

Charlie resta un moment songeuse après cette conclusion. Il lui manquait encore quelques éléments pour que les pièces s’emboîtent parfaitement.

— Nous savons de façon certaine que Samantha Page a reçu McLay et Smith de son plein gré. Ils ont bu un verre tous les trois, les empreintes sont formelles. Il y a eu à un moment un rapport sexuel protégé. Était-ce avec McLay ? C’est le plus probable car les vidéos n’ont pas montré d’autres visites. On peut supposer que la victime avait l’habitude des jeux sexuels et qu’une partie à trois n’était pas anormale pour elle. Puis Joan Smith lui fait une injection de Propofol. Est-ce facile à faire à l’insu de la victime ?

— Peut-être qu’elle baisait avec McLay et que discrètement, entre deux papouilles, l’anesthésiste l’a piquée, suggéra Joe.

— Oui, c’est possible, il faudrait demander à Lane. Je vais l’appeler, dit Charlie.

— Il te plaît bien ce gars, dit Joe.

— Oh la ferme toi, répondit Charlie agacée.

Elle composa le numéro que lui avait donné le Docteur Lane. Celui-ci lui répondit très vite.

— Détective Mortansen, je suis heureux de vous entendre. Est-ce que vous m’appelez pour me proposer de dîner avec vous ?

— Et bien, c’est une option que nous pouvons envisager, en effet, mais pour être sincère, ce n’était pas l’objet de mon appel. J’espère que je ne vous dérange pas.

— Non, pas du tout. En quoi puis-je vous être utile ?

— Vous vous souvenez de l’autopsie de Samantha Page ? Vous nous avez dit qu’elle avait reçu une injection de Propofol.

— Oui, tout à fait.

— Nous aimerions savoir s’il vous parait réaliste que la substance ait pu être injectée à son insu, ou du moins sans qu’elle ne s’y prête volontairement.

— Pouvez-vous me dire ce que vous avez en tête ?

Charlie reprit le scénario qu’elle venait d’élaborer avec Joe. Elle se représentait la scène à mesure qu’elle la décrivait pour le légiste et le plan devenait de plus en plus crédible pour elle.

— Mes patients ne me posent généralement pas ce genre de problème, mais oui, on peut sans doute imaginer que la victime avait le bras posé sur l’accoudoir d’un fauteuil, ou le dossier d’un canapé pendant que McLay la pénétrait. Il ne faut alors que quelques instants à un professionnel pour faire une intra-veineuse. Le temps qu’elle ait conscience de la piqûre, c’était fini. Quelques secondes de plus et elle était endormie.

— Merci Mark, je crois que nous les tenons. Pour le dîner, je crains que ce ne soit pas possible ce soir, vous comprendrez qu’il nous reste du travail, mais pourquoi pas demain ?

— C’est parfait, je vous laisse le choix de l’endroit, je n’ai pas d’interdits.

— À demain donc, je vous envoie un texto.

Charlie raccrocha sous l’œil amusé de Joe, mais celui-ci ne fit aucun commentaire.

— On va expliquer tout ça au capitaine et demain à la première heure, on va serrer ces deux individus.