Avec une célérité défiant les connaissances eraiéés, Dilius usait de sa lame sur Guidomex qui alternait esquives et recherches de faille. Sans s’en rendre compte, l’eraié suivait les imperceptibles mouvements de son ennemi et ses yeux visualisaient ses assauts.

Soudain il la vit.

L’ouverture qu’il attendait s’offrit à lui, comme l’évidence, et il s’élança. Après avoir esquivé le premier estoc à mi-distance, il suivit l’arme ramenée par Dilius pour se rapprocher. Ce denier reprit sa danse armée, en vain, Guidomex lui plantant ses deux driaxes dans le torse.

Toujours en retrait, Relemos fixaient les silhouettes qui portaient assistances aux omiardiés et aliardiés. Soudain, un lumineux halo émergea pour envelopper ces derniers. Progressivement, les plaies se refermèrent pour ne laisser que quelques inoffensives cicatrices.

« Nous devons la tuer tant que c’est encore possible, lança Paiana à Relemos.

Mais ce dernier resta muet et seul son regard admiratif se manifesta.

« Relemos ? »

L’Exetra Prime suivit le regard émerveillé de ce dernier et comprit. Derrière la trentaine d’eraiés se relevant de leurs blessures, cassant l’horizon délimité par le manteau neigeux, le puissant Hatameth les toisait de son regard jaune et perçant.

« Rendez-vous ! lança Ashron aux Exetras.

— Pourquoi les prendre vivant ? coupa Guidomex qui était revenu vers eux.

— Les Axems en eux nous doivent des réponses !

— Qui ?

— Comment les Axems comptent-ils faire renaitre Are ? demanda Vallia en ignorant les interrogations de Guidomex.

— Comme si nous allions vous répondre ! répondit Paiana. »

Avec son invisible célérité, Vallia s’élança sur Paiana qui usa de sa lame pour lui trancher la tête. Mais son arme resta vierge de chair, l’eraiéé ayant disparu. Seule une légère brise lui fit comprendre qu’elle s’était glissée dans son dos. Puis une douleur saisit sa colonne vertébrale, une des lames de l’eraiéé s’y frayent un chemin, tandis que l’autre lui glaça la gorge.

« Réponds ! »

Immobilisée, Paiana cherchait l’aide du regard. Non loin d’elle, Relemos luttait entre la peur et l’admiration de voir une eraiéé mettre un Exetra Prime à sa merci. Pui ses yeux se tournèrent vers Ashron marchant vers lui.

« Je ne vous dirais rien. Surtout pas à un traître ! balbutia-t-il en reculant. »

Ignorant ses dires affolés, l’eraié continua vers l’Exetra Prime sans mot dire. Autour de lui, des flammes azurées de Via naissante provoquèrent l’ébullition des atomes matérialisant l’air atour d’eux.

« D’où lui vient cette puissance ? De son Axem ? interrogea Relemos à l’Axem en lui.

— Non, répondit une voix grave. Elle n’est plus en lui.

— C’est impossible ?

— Il est trop dangereux ! Il faut le tuer !

— Mais comment ?!

— Je… bégaya la voix. Je ne sais pas !

— Mais vous êtes des Dieux ! Donne-moi encore plus de pouvoir ! »

Les yeux de Relemos se révulsèrent et ses jambes vacillèrent au point de le faire chuter au sol.

« Pour la dernière fois, comment comptent faire les Axems pour recréer Are ?! demanda Vallia à Paiana.

— Si vous parlez, nous vous tuons ! dit une voix claire dans la tête de l’Exetra Prime.

— Aucune trahison ne sera permise ! ajouta la voix grave dans celle de Relemos. »

Sous les yeux des eraiés interrogateur, des flammes de Via vinrent embrasser les Exetras Primes vaincus, obligeant Vallia à s’écarter promptement. Le brasier incandescent d’azur s’enflamma dans une bourrasque d’abyssiens et d’astralians en parfait équilibre, consumant Paiana et Relemos dans un feu de renaissance.

Celle des Axems en eux.

Lentement, les flammes s’estompèrent pour ne laisser que deux silhouette d’un bleu profond, partiellement recouvertes d’écailles luisantes et d’une tunique lisse et sobre. Guidomex et Haria fixèrent les deux créatures avec un sentiment d’admiration mêlée au dégout.

« Qu’est-ce que c’est ? demanda Haria à Vallia.

— Des Axems.

— Alors c’est vrai, dit Guidomex en balayant du regard les deux créatures face à eux. Des entités contrôlent les Exetras Primes, et certainement la Komunozhra. »

Tout à coup, un autre brasier enveloppa Dilius qui gisait dans son sang depuis l’assaut de Guidomex. Et lorsque les flammes retournèrent au néant, un troisième Axem émergea pour rejoindre ses pairs, le regard jaune et perçant.

« Nos hôtes ont faillis, dit l’Axem de Paiana. Mais avec toute cette Via collectée, ils ne nous servent plus à rien.

— Cette odeur de sueur et de sang m’insupportait. La pureté de nos corps de Via m’a tellement manqué, répondit celui de Relemos. »

Soudain, les atomes en ébullition provoqués par la Via d’Ashron se disloquèrent dans un nuage de poussières azurées. Surpris, les trois Axems serrèrent leurs armes et fixèrent l’eraié dont les yeux ne manifestaient aucune surprise à les voir.

« Ils sont à moi »

L’instant d’après, l’ancien Exetra Prime s’élança. La trainée de Via qu’il laissa derrière lui illumina le champ de bataille qui se formait. Sans qu’aucun eraié ne le voie, Ashron engagea le premier Axem avec Ragnarok rugissante. La gigantesque lame enveloppé de Via s’écrasa sur celle de Paiana qui recula. Puis Dilius se rua sur lui pour le prendre à revers. En retrait, Relemos invoqua ses hahuds pour déchainer une pluie d’assaut sur leurs ennemis.

Mais rien ne l’atteignait.

La célérité d’Ashron ne permettait pas de discerner ses mouvements. Chaque esquive ou assaut semblait défier les connaissances eraiéés. Dès qu’un de ses pieds touchaient le sol, il disparaissait. Dès qu’une arme s’approchait de lui, Ragnarok parait. Dès qu’une hahud le touchait, son corps l’ignorait. Comme en dehors des lois physiques connues, l’eraiéé défiait la gravité et l’espace pour assener de terribles assauts aux trois Axems qu’il affrontait.

Après avoir brisé la lame de Paiana et ouvert de nombreuses plaies sur son corps écaillées, Ragnarok sépara sa tête de son corps. Le sang de l’Exetra Prime se consuma dans l’incandescente Via azurée de la grande lame.

Puis les bêtes de glace qui coursaient Relemos depuis le début du combat attrapèrent un bras et une jambe. Immobilisé, l’Axem concentra sa Via pour se dégager mais une troisième gueules gelée écrasa sa tête dans une gerbe au bleu profond.

Ayant encore disparut, Ashron se mouvait en dehors de l’espace pour s’approcher de Dilius qui lançait sa lame. Glissant le long de l’arme, l’ancien Exetra Prime effleura le corps de son ennemi avant de le transpercer sans que les yeux de ce dernier ne discernent l’origine de son trépas.

S’étant regroupé, les trois harzerezhiés peinaient à regarder l’ancien Exetra Prime occire trois Axems sans effort. Guidomex fixaient l’ancien Exetra Prime qui toisait maintenant les cadavres gisant dans un bain bleu. Puis ses iris admirèrent les flammes de Via s’évaporer pour revenir aux astralians et abyssiens.

A leur côtés, Vallia terminaient quelque soins avant de se tourner vers eux. Tout à coup, Haria se rua sur Vallia pour l’enlacer.

« Tu es vivante ! se réjouit-elle en serrant son étreinte »

Guidomex s’approcha des deux eraiés pour également prendre Vallia dans ses bras, soulagée de la revoir, suivi par Sirux dont le cœur semblait s’alléger, un peu.

Soudain, Haria s’écarta pour se diriger vers Ashron qui surmontait les trois cadavres baignant dans un bain bleu. Le pas décidée et les yeux rivés sur l’ancien Exetra Prime, elle s’immobilisa devant lui, plongeant ses iris endeuillées dans les électriques de l’eraié.

« Haria, je suis si désolé.

— Tais-toi ! Comme si tes excuses allaient changer quoi que ce soit. »

L’instant d’après, Haria leva la main pour gifler le visage résigné d’Ashron. Laissant ses pleurs envahir ses yeux, elle s’approcha pour le prendre dans ses bras pour le serrer aussi fort qu’elle put. Surpris, Ashron se laissa faire, hésitant à lui rendre son étreinte.

« Elle a vu en toi ce que je me refusais de voir. Tu aurais dû la sauver mais…

— Ce n’était pas à toi de la protéger mais à moi, ajouta Sirux qui s’était approché d’eux. Elle était ma petite sœur.

— Je voulais en finir, balbutia Haria. Je ne voulais plus ressentir ça.

— Mais vous êtes arrivés tous les deux, conclut Sirux en regardant Ashron et Vallia.

— Je l’avais compris, coupa Guidomex agacé. Vous aviez décidé de vous sacrifier durant cette bataille ?

— La douleur … Elle est insoutenable. Je ne peux m’enlever la vision du visage de Mayelle, l’épée de Serath la transperçant, répondit Haria dont les larmes encombraient lentement ses yeux. Je ne les supporte plus.

— Il ne se passe pas un acec’hweld sans que cette vision ne s’impose pas à moi, reprit Ashron en relevant Haria. Mais Mayelle nous a montré comment nous défaire des Axems. Je n’aurais de cesse de poursuivre la Komunozhra pour l’éradiquer. »