mercredi 16 novembre – J’ai la guitare qui me démange
(note de l'auteur : ce chapitre a une particularité, le texte est un forme de guitare. Impossible de le faire sur ce site, voici donc un lien si vous voulez voir la forme du chapite : https://ibb.co/6Jps88X
Je vous laisse le texte du chapitre sans la mise en forme juste ici, bonne lecture !)
Cher Journal,
Est-ce qu’on peut se concentrer cinq minutes sur ce carton de guitare qui attire sur lui la poussière de l’appart depuis son arrivée ? Et par le « on » de « on peut se concentrer », j’entends le « je » de « je dois me bouger le cul ». C’est de ma faute s’il est arrivé là. C’est de ma faute s’il n’a jamais bougé. C'est de ma faute si personne ne s’occupe de lui, vu que JE ne m’occupe pas de lui. Pourquoi acheter un tel monument si ce n’est pas pour s’en occuper ? Comme toutes ses familles qui adoptent un petit bébé chiot tout mignon pour la simple raison qu’il est tout mignon, sans penser qu’il va grandir et devenir de moins en moins mignon, un peu comme eux, et sans réellement savoir si elles ont le temps et surtout l’envie de s’occuper d’un animal pendant toute sa vie. Ses putain de familles tentées par l’amour d’un chien, avant d'être tentées par son abandon. Attacher une guitare à un arbre sur une aire d'autoroute et partir sans elle, j'y ai pensé, ça reste une grande mise en scène pour un grand aveu d'échec. Ça, ou poser le carton sur le trottoir d’en face, pour ne plus voir sa sale gueule à chaque réveil, ne plus entendre ses sous-textes qu'il me balance tous les matins, et je sais que ce n’est qu’un carton, qu’il n'a ni gueule ni bouche pour parler, mais dès que je le croise dans le salon, j’ai l'impression que, d'une certaine manière, il s’adresse à moi : « Tu ne foirerais pas un peu ton projet, toi ? Jouer de la musique, écrire une chanson, tout ça ? C’était ton rêve, mon pote, tu te souviens ? T’as prévu de t’y mettre, ou pas trop ? Sinon, pourquoi je suis là ? Hein ? Pourquoi ? POURQUOI ? DIS-LE-MOI ! DIS-LE ! ». Ce carton représente toutes mes peurs, mes échecs, mes doutes, mon anxiété. Je ne m'en occupe pas comme je ne m’occupe pas de mes mauvaises pensées. Elles sont là, à prendre de l’espace. Je vis avec. Un jour, je m'en occuperai. Peut-être. Est-ce que j’ai prévu d’ouvrir ce carton ? Je crois que oui. Sans en être sûr. Mais je crois. Quand ? Hum… Aucune idée.
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