32

3 minutes de lecture

Gaspard est déstabilisé, car il ne veut pas parler de Barbara, dont la seule évocation raidit ses ardeurs. C’est pourtant elle qui lui a dit comment des responsables de haut niveau passaient toutes les informations, car ils étaient communistes et homosexuels. Gaspard n’a toujours pas compris cette juxtaposition de mots. Il avait rapporté ces propos pour se les faire expliquer par le dénommé Smiley, qui avait l’air plus malin que Bond. L’autre avait répliqué :

— Je le savais, je le savais ! C’était trop simple ! Le lecteur aurait tout de suite compris.

Gaspard, lui, avait compris que ce n’était pas de son niveau.

— Bon, donc, les Soviétiques plus quelques autres, avertis je ne sais comment.

— Et tu les as tous roulés ?

— Absolument ! Y compris toi et tes copains !

Gaspard semble disposé à tout lui raconter et ne pas lui en vouloir. Gaston retient ses questions et ses inutiles dénégations pour ouvrir ses oreilles.

— Ce n’est pas difficile. Il y a trois sortes de scorpions. Encore faut-il savoir qu’il ne s’agit pas d’autres animaux…

— Donc, trois sortes…

— Le Scopioni Djebri.

— Ça en fait un…

— Justement ! Dubois a rapporté plusieurs spécimens de scorpions plus quelques araignées, deux serpents, un lézard, deux crapauds, un raton laveur…

— Tout ce qu’il a trouvé, quoi !

— Absolument ! Ce sont toutes des bêtes avec des caractéristiques intéressantes, parait-il. Je vais te livrer le secret : en fait, il n’y a qu’une seule espèce de scorpion ! Ils ont mis du temps à comprendre, car les mâles et les femelles sont différents et ils changent de formes et de couleurs avec l’âge. Dubois a compris que les mâles et les femelles n’avaient pas le même venin. En plus, il n’a pas le même effet sur les hommes et les femmes.

— Vous me la baillez belle…

— Je simplifie pour toi : le venin développe toujours les capacités de manière incroyable, avec les dangers pour ceux qui ont des faiblesses.

— Ça, je sais…

— Mais un autre effet secondaire est qu’il développe aussi les capacités sexuelles.

Gaspard avait baissé le ton sur ce dernier mot.

— Ce qui veut dire ?

— Que si tu es un homme piqué par un mâle, c’est bien ! Si tu es une femme piquée par une femelle, c’est bien.

Il se tait. Gaston se croit obligé de reprendre :

— Mais si tu es un homme piqué par une femelle ?

— Et bien tu deviens un homme-femme…

— Merde !

— Et inversement ! C’est pour ça qu’il y a beaucoup d’accidents… En plus, le venin est de plus en plus toxique avec l’âge de l’animal. À partir d’un certain moment, c’est couic ! Ils ont perdu beaucoup de temps à trier et à reconnaitre le sexe et l’âge de ces petites bêtes.

— Comment on fait ?

— Ça, ça fait partie du secret !

— Mais comment tu sais tout ça ?

— J’ai réfléchi à ce qui se passait, simplement ! D’abord, cette histoire me fait paraitre comme un benêt, ce que je n’aime pas et ce que je ne suis pas. Je n’ai pas fait d’études et j’ignore beaucoup de choses, mais il ne faut pas me prendre pour un con !

— Oh ! Personne n’a jamais pensé ça.

— Regarde qui est en train de lire ce récit, demande-lui !

— Mais on ne peut pas interpeller le lecteur ! Tu te prends pour qui ?

— Un mec qui voulait une vraie histoire d’espionnage, avec des méchants qui veulent devenir maître du monde et qui échouent grâce à moi !

— Avec des bagarres, des poursuites en voitures, des femmes...

— On a compris !

— Bon, bon. Continue !

— Donc, très rapidement, quand je m’en suis aperçu, j’ai commencé à masquer certaines choses à celui qui voulait raconter mon histoire, car sa façon de le faire me déplaisait ! Après tout, c’est MON histoire !

— Mais ce n’est pas à toi de décider ça !

— Mon c point point point, comme disait Zazie.

— C’est qui ?

— On s’égare ! Surtout, j’ai été piqué, par accident, et ça m’a boosté les neurones !

— Tu as des expressions bizarres !

— Je me suis souvenu de tout, j’ai compris, j’ai vu !

— Comment ça, tu t’es fait piquer ?

— En prélevant les mâles ! J’ai été surpris par un bruit.

— Et alors ?

— Le pied !

— Ça veut dire quoi ?

— Laisse béton ! D’abord, c’est un grand choc, mais tu te sens super bien.

— Comme quand on a fumé, ou bu ?

— Je ne sais pas, je ne fume pas et je ne bois pas.

— Tu es trop religieux !

— Même pas ! Je respecte les textes, mais je ne pratique pas.

— Tu as bien des défauts…

— Pas forcément. Je suis un héros, c’est tout. Un petit héros, mais un héros quand même.

— Ah, tu vois, tu es vaniteux !

Ils se chamaillent un peu, Gaston dissimulant ainsi l’affection et l’admiration qu’il porte désormais à son ami.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Jérôme Bolt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0