Chapitre 10 - Tradition
*AVERTISSEMENT !*
Ce chapitre contient une scène de viol et de maltraitance.
Le début et la fin du passage concernés seront marqués de quatre astérisques (****)
Elle ne chercha pas à atteindre le lit, quitte à tomber, autant que ce soit contrôlé. Elle s’allongea par terre sur le dos et sa vision s’éclaircit aussitôt. Elle prit quelques grandes inspirations, les yeux rivés sur le plafond. Des arches savamment décorées se croisaient en pointe et y pendaient les trois grands lustres de la chambre, les espaces qu’elles créaient étaient illustrés de scènes du quotidien pour une enfant de l’Empire d’Or. On l’y voyait suivre des leçons de broderie, servir les hommes durant le repas avec grâce et délicatesse ou encore se faire corriger par un serviteur. Au vu des vêtements portés par les personnages, les fresques ornant son plafond devaient avoir au moins deux centaines d’années. Mais elle aurait pu être la petite fille peinte ici, sa vie n’était guère différente et elle se voyait dans chacune de ces activités du quotidien. Depuis quand l’Empire avait-il cessé d’évoluer ?
Un sanglot de Nishka la ramena à la réalité, elle ne s’était finalement pas évanouie. Son regard se tourna vers la silhouette de la vieille femme prostrée au sol, secouée de sanglots. Sa vue était pathétique et n’inspirait que de la pitié à la jeune fille. Avait-elle, elle-même, l’air si détestable quand elle pleurait sur son propre sort ? Pas étonnant alors que Ning l’ait rejetée. Qui voudrait d’un être si faible et sans caractère ? La vue de Nishka ne lui inspirait que du dégoût. Comment pouvait-elle pleurer alors qu’elle était responsable de tant de souffrances ? Si elle s’était battue pour sa liberté et celle des autres femmes… Non, si toutes les femmes se battaient pour être responsable de leurs propres vies au lieu de se laisser diriger et maltraiter au quotidien…
Mais elle pouvait en dire autant d’elle-même. Qu’avait-elle fait d’autre que pleurer ? Pleurer sur son sort, pleurer sur sa douleur, pleurer accroché à la manche de Ning pour qu’il la sauve. La faute était autant la sienne que celle de Nishka. Comment pouvait-elle reprocher à la vieille femme de ne pas réagir quand elle-même ne faisait que subir sans rien dire ? Tourner de l’œil à chaque émotion forte n’était plus une option. Hors de question qu’elle finisse comme cette femme qu’elle haïssait de tout son être. L’esclave, abattue et pleurant au sol, était l’avatar du mal qui rongeait l’Empire, de la main qui battait toutes les femmes, du fouet qui lui entaillait la chaire à chaque leçon. Il n’y avait pas de bourreau sans victime.
Il lui fallait reprendre le contrôle. Elle se remit sur ses pieds, commença par essuyer ses joues trempées et se moucher le nez. Elle n’avait pas envie d’attendre sa punition les bras ballants, surtout si ce sont ses dernières heures avant une exécution probable. Les passer évanouie sur le sol de sa chambre n’était pas une perspective envisageable. Il lui fallait remettre de l’ordre dans ses pensées. En se dirigeant vers la bassine d’eau pour se laver le visage, elle passa à côté de Nishka. Elle avait beaucoup de choses à gérer en l’instant, s’occuper de la vieille femme ne faisait pas partie de ses priorités. Elle devrait se débrouiller seule.
L’eau fraîche sur ses joues rougies lui fit du bien et ses pensées se tournèrent vers Ning, aussitôt une boule se forma dans sa gorge. Comment avait-elle pu penser qu’il serait la solution à ses problèmes ? Il fallait voir la vérité en face, sa survie ne dépendra jamais que d’elle. C’est une réalisation qu’elle avait déjà eue mais elle refusait de l’admettre comme une vérité. Elle n’était qu’une petite chose dans un univers créé et dirigé par les hommes, que pouvait-elle faire de plus que survivre ? Compter sur Ning avait été une bêtise et le rouge lui monta au joues alors que l’humiliation l’envahissait. L’espace d’un instant elle avait cru que sa vie pouvait avoir de l’importance pour quelqu’un d’autre. Elle s’était crue assez intéressante pour signifier quelque chose pour le jeune homme.
Non. Penser comme ça ne ferait que l’emmener vers la dépression et l’apathie. Qu’importe que sa vie ait de l’importance pour les autres. Sa vie avait de l’importance pour elle et elle était seule à la vivre. Il ne tenait qu’à elle de la rendre meilleure. Ning parlait beaucoup et, pour la plupart, de choses qui le dépassaient. Comment pouvait-on être aussi aveugle face à ce qui se passe sous son propre nez ? L’Empire s’écroule devant ses yeux et il n’en voit aucun signe. Elle voyait enfin le jeune homme pour ce qu’il était, un enfant. Un enfant trop couvé et bien trop sûr de lui, s’étant entiché de l’idée qu’il se faisait d’elle et de leur relation. Tout comme elle s’était entiché de l’idée qu’elle avait de lui et du rêve qu’il lui avait présenté.
Restait le problème du barbare…
Qu’importent ses bonnes résolutions et son envie de vivre s’il allait parler au Roi des rois de la visite nocturne du Fils de Sichuna. Mais que faisait-il là en premier lieu ? Il y avait peu de chance que l’Empereur les eut autorisés à se promener seul, armé, de nuit, dans le jardin du Palais des Femmes. Rapporter la scène dont il avait été témoin le mettrait dans une position pour le moins délicate. Elle remit de l’ordre dans ses cheveux et alla s’asseoir sur un des larges fauteuils donnant sur le jardin, ne pouvant s’empêcher de scruter les ombres entre les fougères en quête d’une silhouette qui ne devrait pas être là. L’aurait-il salué de cette façon s’il comptait la vendre à la garde ?
Les guerriers n’avaient pas fait tout ce chemin dans le seul but de venir la chercher, elle en était convaincue. Quelque qu’eut été leur véritable but, il devait avoir un lien avec la présence du barbare dans le jardin des pétales. Peu importe comment elle réfléchissait au problème, la même conclusion s’imposait toujours à elle, il n’avait aucun intérêt à parler de ce qu’il avait vu. Son secret était sauf, pour le moment. Ces barbares étaient peut-être sanguinaires mais, jusqu’ici, ils avaient fait preuve d’ingéniosité et d’intelligence, autant dans leur manière de gérer la guerre que dans leur attitude face au Roi des rois. Elle n’avait plus qu’à trouver comment utiliser ça à son avantage, pour sa propre survie.
Rafraîchie, rassérénée mais perdue dans ses spéculations, elle s’endormit sur le canapé.
Les premiers rayons de Pahala se posant sur sa peau la firent transpirer et elle ouvrit les yeux lentement, éblouie par le lever du jour au-dessus du désert au loin. Ses muscles raidis protestèrent alors qu’elle se redressa sur le fauteuil en velours rouge. Elle avait passé la nuit à l’endroit où elle s’était endormie. D’ordinaire, une servante l’aurait ramenée à son lit mais, cette semaine, trop peu d’entre elles avait passé la porte de sa chambre. Ne sachant trop quel était le statut actuel de la princesse, les maigres ordres à son égard avaient été contradictoires.
C’est en se levant et en se dirigeant vers la vasque d’eau pour faire sa toilette qu’elle comprit pourquoi Nishka ne l’avait pas réveillée avant l’aube comme à son habitude. La vieille femme s’était endormie sur le sol, là où elle se trouvait la veille. Les yeux gonflés d’avoir trop pleuré, elle dormait encore. Avec toute la douceur dont elle pouvait faire preuve, Ishta réveilla la vieille mère et l’amena vers un fauteuil pour l’aider à s’y asseoir. Qu’importe la colère qu’elle avait pu ressentir la veille. S’en prendre à Nishka n’avait aucun sens quand tous les reproches qui pouvaient lui être faits valaient aussi bien pour elle-même. Le regard vide de la vielle femme fit écho au défaitisme dont elle avait fait preuve quelques mois auparavant. Elle lui apporta un verre d’eau et ne put rien faire de plus pour elle. C’était un chemin que l’esclave devait parcourir seule. Ne pouvant faire grand-chose d’autre que d’attendre, Ishta s’installa sur le fauteuil en velours avec son ouvrage en cours et se mit à broder sous le regard médusé de Nishka.
La matinée passa comme ça, Nishka les yeux dans le vague laissait parfois échapper un sanglot et Ishta, concentrée sur sa broderie, tendait l’oreille au moindre bruit de pas dans le couloir menant à ses appartements.
Plus le temps passait, plus son inquiétude s’envolait. Si le barbare avait réellement parlé de ce qu’il avait vu, la garde serait venue la chercher aux premières heures du jour. L’heure du repas de midi approchait et elle était à peu près sûre que ce danger était écarté.
Mais une nouvelle inquiétude avait déjà remplacé la précédente. À en croire l’annonce du barbare, son départ était prévu pour aujourd’hui. Elle savait que ce ne pouvait se passer de cette façon. Elle ne pouvait se marier avant la fin de son Vasheekaran et le Roi des rois ne laisserait pas une bande de sauvage lui donner des ordres et ce, qu’importe la situation de l’Empire. Mais que diraient les barbares si elle ne se présentait pas lors de leur départ, partiraient-ils sans elle ? Elle se demandait quelles répercussions cela aurait sur la suite des événements quand le Chambellan du Roi des rois en personne entra dans la pièce.
Il ne jeta pas un regard à Nishka et s’adressa directement à la princesse qui se levait pour faire la révérence.
« Le Roi des rois vous attend dans son bureau pour votre dernière leçon, la chaise à porteuses vous attend. »
Sa dernière leçon ? Lakshan sorti de la pièce et tint la porte, attendant visiblement que la princesse le suive. Perplexe, il lui fallut quelques secondes de trop pour comprendre. Enfin, elle se dirigea vers la porte. Nishka se précipita à sa suite mais fut arrêté d’un geste de la main par le vieux soldat, il se pencha vers elle pour lui murmurer à l’oreille, juste assez bas pour avoir l’air d’être discret mais pas assez pour qu’Ishta n’entende pas.
« C’est la dernière fois que tu te présentes ainsi devant le Roi des rois, une fois de plus et s’en est fini de toi pour de bon. »
La vieille femme blêmit et suivi la princesse. Ishta aurait pu tirer une certaine satisfaction de la scène mais elle était bien trop occupée à chercher ce que « sa dernière leçon » voulait dire. Le Roi des rois allait-il finir son blason en une fois ? Non seulement le résultat ne serait pas bon mais en plus elle n’était pas sûre de pouvoir survivre à un tel traitement. Ou devrait-elle quitter son pays avec un blason non-fini ? En plus de la baisse significative de statut qu’elle subirait, son père devrait vivre avec l’humiliation d’avoir mal éduquer sa fille. Il n’accepterait jamais ça. Elle-même ne savait quelle option serait le pire. Une nouvelle fois absorbée par ses réflexions, elle ne prit pas conscience du trajet emprunté et se retrouva, bien trop vite à son goût, dans la salle d’attente devant le bureau de son père.
Ishta fut étonnée de la voir déserte. Avec la guerre en cours, la petite pièce semblait plus remplie à chaque visite. Elle ne savait dire si l’absence de soldats et nobles en tout genre était un bon ou un mauvais signe. Quoiqu’il en soit, ils n’eurent pas besoin d’attendre et le Chambellan entra directement dans le bureau de l’Empereur, sans même prendre la peine de frapper. L’atmosphère du bureau de son père n’avait pas changé, saturée par l’odeur de cigare froid mélangé à celle entêtante des fleurs blanche couvrant le mur du fond. Retenant un haut le cœur, Ishta suivi docilement, fit quelques pas et se prosterna, imitée par la Mère des Futures Femmes.
« Gloire au Roi des rois, Grand Sage devant les Éternels, sauveur du Peuple et mon père bien aimé.
- Ah ! Parfait ! »
La voix de l’Empereur, d’ordinaire grave et profonde, sonna étrangement aiguë aux oreilles de la jeune fille.
« Êtes-vous sûr que ce soit la meilleure solution, mon ami ? »
Lors de ses leçons, Ishta avait déjà eu l’occasion d’entendre le Chambellan s’adresser de manière aussi familière à son père. Après tout, ils avaient été élevés ensemble. Lakshan avait servi son père depuis le plus jeune âge. Mais il ne le faisait jamais sans un but précis. Bien souvent, le Chambellan utilisait le lien d’enfance pour faire entendre raison à l’Empereur sur un sujet de désaccord.
Le Roi des rois laissa échapper un long soupir d’ennuie avant de reprendre d’une voix irritée.
« Parles-en à ces salopards ! Ils ne nous laissent aucune autre option… Ce n’est pas comme si ces sauvages savaient ce que le blason signifie de toute façon. »
Il se leva de son fauteuil contourna le bureau et fit signe à sa fille de se relever. En position d’attente, la tête baissée, elle fit tout ce qu’elle put pour retenir ses larmes. Elle ne savait pas réellement si elles étaient de soulagement à l’idée de ne plus subir le fouet ou bien d’humiliation à l’idée de sa vie future sans aucun statut dans une cour étrangère. Et, s’il ne lui donnait pas le fouet, en quoi consistait sa dernière leçon ?
« Fille de Moi, le Vasheekaran a pour but de t’apprendre les bonnes manières de la féminité et je vois que mes leçons ont fait de toi une femme digne et gracieuse » Le Roi des rois avait pris un ton solennel. « Il est maintenant temps de te préparer comme il se doit à recevoir ton mari. »
Nishka se mit à parler à toute vitesse d’une voix suppliante.
« Votre excellence n’ayant été prévenue de vos interventions, je n’ai pu la préparer comme il se doit pour le rituel d’ouverture, si vous me laissez le temps de...
- Silence ! Lakshan n’avait pas levé la voix mais son ton menaçant suffit à la faire taire. »
Ishvar reprit la parole, comme si l’interruption n’avait pas eu lieu.
« Tu es déjà au courant du devoir d’une femme envers son mari. Mais une enfant n’ayant jamais accueilli son époux saigne lors de sa première fois. C’est la dernière marque de son enfance qui disparaît. Faire disparaître cette dernière trace d’incivilité revient à son père. »
La jeune fille n’avait pas eu le temps de comprendre les propos d’Ishvar que Nishka se jeta au pied de l’Empereur.
« Non ! Ayez pitié, elle n’est pas prête ! »
**** Aussitôt, Ishta vit du coin de l’œil Lakshan asséner un coup de pied au visage de la vieille femme tellement violemment qu’elle vola contre la bibliothèque à l’autre bout de la pièce. Une pile de livre lui retomba dessus et Nishka resta au sol, inconsciente, respirant difficilement.
Son père reprit la parole mais la jeune fille ne l’entendait plus, soufflé par la violence de la scène, elle n’arrivait pas à reprendre pied dans la réalité. Oui, elle haïssait cette femme. Elle haïssait sa lâcheté, sa loyauté. Mais la voir ainsi lui retournait l’estomac. Le bruit sourd du pied rencontrant le crâne ne voulait pas quitter ses oreilles, tournant en boucle à l’intérieur de sa tête et lui faisant monter la nausée.
« Mettez-la en position. »
Deux paires de mains lui attrapèrent les bras et la plaquèrent face contre le bureau. Alors les paroles de son père remontèrent à la surface et l’information perça au travers du brouillard de sa confusion. Comment ça « Rituel d’Ouverture » ? Les deux gardes se placèrent de chaque côté du bureau, tenant fermement chacun un de ses poignets plaqué contre la table. La panique la prenait de plus en plus et elle ne chercha plus à la masquer, tentant de libérer ses mains de la poigne des soldats. Son père posa sa main sur le bas de son dos et lui parla d’une voix douce, comme on parle à un enfant récalcitrant.
« Ne t’inquiètes pas, Fille de Moi. L’esclave n’a pas fait son travail pour te préparer mais ce ne sont pas les premiers poils que je vois. »
Aux enfers d’Ashun les poils ! Son père pensait vraiment que c’est ce qui la préoccupait dans l’instant ?
« Père ne faites pas ça… Ayez pitié... »
Maudit soit cet homme. Maudit soit ses joues humides de larmes. Maudit soit cet Empire de dégénérés. Et maudit soit-elle de ne pouvoir rien faire d’autre que de le supplier misérablement!
Il écarta ses jupes, baissa ses bas et un gémissement de terreur pitoyable s’échappa d’entre ses lèvres. Elle tira plus fort sur ses bras mais rien y fit. Son cœur battait si fort que ses cotes lui faisaient mal. Ou était-ce les sculptures du bureau de bois ?
« Allons, Fille de Moi, cesse de te débattre. Tu ne voudrais tout de même pas humilier ton mari lors de votre première nuit en souillant ses draps... »
Elle entendit son père ouvrir la ceinture de son pantalon et la terreur laissa place à la rage. Qu’il la tue ! Qu’il la tue plutôt que ça !
« Ne me touchez pas ! Faites-vous prendre par Ashun et laissez-moi en paix ! Soyez maudit ! Fils de chien ! »
Elle ne maîtrisait plus ni sa voix, ni ses paroles et commença à insulter son père, les gardes et l’Empire alors que son père se touchait pour se préparer. Elle hurlait comme une démente, faisait éclater sa rage plutôt que de ressentir l’horreur d’être impuissante, incapable de se défendre. Le moment lui sembla durer une éternité, figé dans l’angoisse. Exposée aux yeux de l’homme qu’elle haïssait le plus sur cette terre, dérobée du seul bout d’intimité qu’il lui restait.
Elle sentit une douleur aiguë et soudaine lui déchirer les entrailles.
Son esprit lâcha prise, elle se tut et cessa de se débattre. Elle n’avait plus rien à protéger, plus rien à défendre. Cet homme qui se prenait pour son père lui avait tout pris. La douleur se transforma en brûlure alors qu’il la besognait à grand renfort de gémissement pitoyable. Avait-elle l’air aussi misérable que toutes ses autres servantes prises devant ses yeux ? Aurait-elle, elle aussi, le visage déformé par l’humiliation ?
Les coups de reins de son père se firent plus pressants, le silence n’était brisé que par les spasmes du Roi des rois et le bruit humide, abject et répétitif de sa dignité bafouée.
Finalement, après une dernière convulsion, l’Empereur se retira. *****
« Accompagnez-la à la calèche et disposez de l’esclave. »
La calèche ? Un rire hystérique s’empara d’elle alors que les gardes la remettaient sur pied. Comme c’était approprié. La déposséder de tout son être et la jeter dehors dans la foulée. Après tout, elle était le symbole même de sa décadence. Il suffisait au Grand Roi des rois de poser le regard sur elle pour voir tout ce qui ne va pas chez lui et dans son empire. Elle était le miroir de ses pêchers, évidemment qu’il voudrait la voir partir au plus vite. Elle continua à rire alors qu’on la traînait à travers la salle d’attente. Elle continua à rire alors qu’on la traînait à travers les innombrables escaliers. Elle continua à rire alors qu’on la traînait jusque dans le hall de la Maison des Bureaux.
Alors, Lakshan se tourna enfin vers elle.
« Silence. »
Elle lui rit au nez.
La rage déforma le visage du Chambellan et son poing se leva. Un instant elle était debout entre les gardes, l’instant d’après sa tête rebondit contre le sol en marbre et sa vision s’obscurcit. Elle reprit connaissance alors que les soldats la remettaient sur pied. Lakshan attrapa son visage endolori d’une main et le souleva a hauteur de son regard.
« Tu as défié l’Empire pour la dernière fois salope. Tu riras moins quand tu te feras pilonner par un barbare sauvage monté comme un taureau. Tu riras moins quand son poing te démolira la face. Et crois-moi, sale pute, avec ton caractère de merde il va te battre jour et nuit. Mon seul regret c’est l’humiliation que tu apportes à l’Empereur. Il aurait dû tuer ta putain de mère avant qu’elle mette bas. Maintenant, tiens-toi tranquille si tu ne veux pas rencontrer ton mari avec la moitié du visage en lambeau. »
L’haleine de Lakshan lui souleva le cœur. Comment avait-elle pu s’oublier ainsi ? Avait-elle réellement envisagé la mort comme une solution admissible ?
Les soldats lui firent passer la grande porte d’entrée et la lumière des soleils l’éblouit. Ses yeux n’avaient pas encore eu le temps de s’habituer qu’on la jeta sans ménagement dans la calèche. Lakshan la regarda s’emmêler dans ses robes avec un sourire mauvais et prit la parole d’une voix pleine de fiel.
« En route pour ta nouvelle vie, Princesse. »
Et il ferma la porte.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE
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