6. Atterrissage
Dix ans plus tard...
Le gardien assigné au courrier du jour ouvre la trappe de ma cellule :
-Matthews, y a une lettre pour toi.
La taille ridicule de ce qui me sert de "maison" depuis dix longues années, ne me permet pas de théoriser sur la provenance du courrier. En deux pas je suis devant la trappe par laquelle le garde me tend mon courrier.
Je le remercie et m'assieds sur la couchette métallique et le matelas de cinq centimètres d'épaisseur qui me servent de lit.
Je reconnais immédiatement l'écriture de Saskia, une jeune femme des Pays-Bas avec qui je correspond depuis le début de mon emprisonnement. Ma mère avait tenu à m'inscrire sur un site de correspondance pour prisonnier, pour que je garde le contact avec le monde "réel" sans pour autant que cela soit via mes mauvaises fréquentations. De toute façon, la plupart de mes anciens amis étaient certainement eux aussi derrière les barreaux de l'une ou l'autre prison.
Saskia avait lu mon annonce parmi des centaines d'autres, mon cas l'avait touché, elle s'était énormément renseignée à mon sujet avant de m'écrire.
Mon physique de bad boy à la peau de miel avait sans aucun doute fait pencher la balance en ma faveur.
Beaucoup d'autres gars rencontraient l'amour via ces sites, mais ce n'était pas mon cas.
Etre en couple avec une personne de l'extérieur était certes réconfortant, mais pour moi, cela équivalait à partager ma sentance avec une personne innocente.
Quel avenir y avait-il pour une femme dont l'homme était en prison?
J'avais dû expliquer cela à Saskia. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu tomber amoureux d'elle.
C'était une très jolie fille : cheveux noirs coiffés en carré plongeant, corps svelte, yeux bleus magnifiques.
Mais il y avait ces kilomètres et cette condamnation entre nous... Et il y avait surtout Mitsy...
Quelque part...
Je n'avais plus eu de nouvelles d'elle depuis mon arrestation. Pas une visite, pas une lettre, pas un message fait à ma mère...
Je l'avais croisée au tribunal, elle était un des principaux témoins, sans doute le plus important de tous, elle était ma circonstance atténuante. Celle qui pouvait changer une accusation de meutre au premier degré en meurtre au second degré. Une vie en prison contre quelques années.
Pour ça il aurait fallu qu'elle témoigne de son viol, qu'elle accepte que le kit utilisé par les policiers, le soir même de mon arrestation, soit utilisé devant la cour. Mais il aurait fallu le dire tout haut, le crier au grand jour "Oui , mon beau-père m'a violé. Oui je suis la vraie victime de cette histoire"
Elle aurait pu faire passer mon avenir au-dessus de sa fierté, juste admettre une vérité qui était, de toute façon, déja connue des enquêteurs.
Le kit de viol était positif, la seule chose qu'elle avait à faire, c'était d'accepter que mon avocat utilise cette preuve. Cette preuve qui pouvait changer ma vie.
Elle ne l'avait pas fait...
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