12. Cauchemar
Un mois plus tard.
Des bruits de pas me sortirent du sommeil léger dans lequel j'étais plongé. Mes nuits étaient beaucoup plus sereines depuis que j'avais pris la décision d'empêcher Mitsy de faire son retour dans ma vie.
Pourtant cette nuit-là, la chaleur moite de l'été texan qui commencait m'avait donné du fil à retordre pour m'endormir. Les bruits de pas dans le couloir étaient habituels, même à la nuit tombée. Une équipe composée de trois gardiens faisait très souvent des rondes afin de vérifier que les détenus dormaient et que personne n'essayait de se suicider ou de se faire la belle.
A cette heure où presque tout le bloc ronflait, le son était inhabituel, ce qui éveilla mon intérêt, piqua ma curiosité. Je pouvais entendre des claquements de bottes mais aussi celui, beaucoup plus incongru, de talons hauts.
La seule personne de sexe féminin qui traversait, de temps à autre, notre aile, était la psychologue de la prison, le docteur Fawless. Mais de nuit ? L'un d'entre nous avait-il tenté de s'offrir un voyage vers l'au-delà par ses propres moyens ?
Les pas se rapprochaient de ma cage, et c'était la dernière de la rangée. Pendant quelques secondes, la pensée fugace que ce bon vieux taré de Johnson ait pu se trancher la jugulaire avec une fourchette en plastique, me traversa l'esprit. Puis, presque instantanément, je me rappellai que depuis l'épisode de la team S. W. A. T. , Johnson était toujours au trou. La seule cellule du fond du couloir était la mienne .
Comme pour confirmer mes craintes, j'entendis le gardien Burrows appeller mon nom en même temps qu'une clé tournait dans la serrure de ma porte. Je me retrouvai face à face avec le docteur Fawless, une très jolie brune d'une petite quarantaine d'années, dont le visage était tendu, fermé. Elle toussota pour s'éclaircir la gorge :
-Monsieur Matthews ...
-Ou... Oui, bégayai-je, encore à moitié endormi.
- Je suis désolée, mais je crains d'avoir à vous annoncer une mauvaise nouvelle... reprit-elle, l'air contrit.
Devant mon silence, elle continua :
-Vous n'êtes pas sans savoir que votre mère, Trixxie Matthews, est atteinte d'un cancer du poumon à un stade très avancé...
La vérité qu'elle venait m'annoncer au milieu de la nuit me frappa soudain le visage comme un coup de fouet. Elle n'eut pas un mot de plus à dire pour que je comprenne. Son expression de psychologue carcérale, d'habitude indéchiffrable se teintait d'un tel malaise.
-Non, murmurai-je dans un souffle.
-Colton, je...
-Non, hurlai-je en me redressant d'un coup, la dominant de toute ma hauteur. Foutez-le camp de ma cellule, sale menteuse ! Oiseau de malheur ! Barrez-vous !
Elle recula d'un pas, les deux gardiens se positionnant devant elle pour la protéger de ma colère subite.
-Je suis désolée, Colton, je comprends votre désarroi, mais votre mère est décédée cette nuit, c'est la vérité...
Me retournant, je frappai du poing dans le mur, de toutes mes forces, en poussant un cri animal.
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