ÉPISODE 6 : Les origines de la vie.

La danseuse : Surprise

   Depuis la chambre d’hôpital dans laquelle Arabelle est maintenu artificiellement à la vie, nous continuons d'entendre sa conversation avec Mamy-G.

   –  Tu peux choisir maintenant. Rester prisonnière de la matrice, retenue par ce coma, ou partir pour une seconde vie.

   –  C'est possible ?

   –  Bien sûr, sinon, pourquoi cette petite fille à l'imperméable jaune que tu as souvent croisé ici te rendrait-elle visite ?

   Notre caméra retourne alors dans la matrice pour suivre ces trois personnages ; Bella, Mamy-G et la petite fille. Bella écarquille les yeux, transcendée par l'évidence, gagnée par la surprise et l'étonnement.

   –  Je vais devenir … elle ? Mais je ne comprends pas. Cet endroit est réservé aux âmes perdues ? C'est ce que vous m'avez dit.

   –  La matrice laisse des traces. Pour ma part, j'ai appris à connaître la mort et à ne pas en avoir peur. On ne meurt jamais vraiment finalement. Ton don à toi, ce sera la dissociation nocturne. Tu seras en capacité de venir visiter la matrice, ou d'autres lieux, partout dans l'espace, pendant ton sommeil. Ça ne durera qu'un temps, jusqu'à ce que les grandes personnes te poussent à croire qu'il ne s'agit que de rêves. À ce moment-là, tu pourras encore choisir.

   Arabelle est complètement désorienté.

   –  Pense au choix que tu as à faire maintenant, Bella.

   La petite fille se retourne et pointe du doigt le ciel. Une étoile, plus précisément. Cette étoile. Là. Au premier rang. Elle est si grosse. Si éblouissante, qu'il est probable qu'elle soit visible Terre. Visible depuis Q. Visible depuis Khlôrós Phúllon. Arabelle porte alors son regard ébahie sur cet astre qui disparaît instantanément sous ses yeux. Elle a implosé, libérant son message. Celui du bon moment. Tout du moins, c'est comme cela que Bella l’interprète.

   –  Si c'est pour continuer à vivre ainsi, alors je préfère partir !

   Sur ces mots, elle se lève, embrasse la petite fille qui s’enfuie en courant. Elle remercie Mamy-G d'un regard qui suffira, puis elle enjambe le parapet pour sauter dans le sable. Elle rejoint la mer sur laquelle tangue une barque. Elle la pousse alors dans les vagues et monte à bord, pagayant vers l'horizon.