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Dans la salle des urgences, Vergnier caresse un chat assis en travers sur ses genoux, aux yeux à demi fermés. François Vergnier attend, on dirait. Son regard est perdu, encore, une habitude depuis l’enterrement, ou bien un signe que là haut dans sa tête ça tourne en rondes et farandoles, dans les mondes évanouis de la mémoire. Mais là, c’est différent. En fait, il lutte, inquiet depuis qu’il a ressenti, pour la deuxième fois, une oppression dans la poitrine. Il se dit qu’il ne doit plus bouger, que s’il bouge, quelque chose de grave va se passer. Il sent que ça va mieux. Un coup terrible vient de passer, mais justement c’est passé et tout va bien. Il sourit, il s’imagine devant la mer, regarde et voit un sourire qui lui fait comme un choc, mais aussi du bien comme si rien de grave ne pouvait arriver, car désormais il en est sûr il les connaît ces yeux et ce regard, alors il sort de la voiture et entre dans la mer au goût salé, et rend le sourire et regarde ce regard qui est là et l’appelle, et puis tout se déforme, les lumières deviennent dansantes, comme des clignotements, et les brisures colorées se mettent à tourner tellement vite que tout devient blanc,. Assis sur sa chaise, il voit tout ce blanc, substance molle qui remplace le monde. Alors il se lève, encore une fois François, comme c’est curieux, car finalement il est curieux François, il n’a plus peur, laissant derrière lui le chat qui vient de sauter au bas de la chaise, il lève un bras, et sa main disparaît dans la surface oscillante qui occupe tout l’espace qui n’est pas lui, et là il s’aperçoit qu’il n’y a pas de différence, pas de chaud, de froid, pas de toucher, agréable ou désagréable, alors il avance le coude puis l’épaule, et il se dit que le sourire et les yeux qu’il connaît bien sont derrière tout ce blanc, et qu’il n’y a plus rien d’existant car elle est là, elle l’attend. C’est pour ça qu’elle est partie, elle est allée la retrouver, lui apporter ses petits chaussons. Puis elle les a oubliés, elle a toujours été si distraite. Attends, je viens, je les apporte mon amour et nous serons tous ensemble. Je suis là, ne pleure pas, ne pleure plus. Ce n’est qu’un instant.
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