QUELQUES JOURS AUPARAVANT.

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Ça doit faire une heure que je poirote dans la voiture à surveiller l'entrée du petit super marché.

Je sais qu'elle fait toujours quelques courses en sortant de son travail juste a coté.

Quelques véhicules entre les nôtres, me permettent de me dissimuler, mais je verrai bien quand elle va sortir du magasin.

Il n'est pas loin de dix neuf heures, des tas de choses tournent dans ma tête.

Depuis six mois qu'elle m'a quitté, je tourne comme un lion en cage, abusant d'alcool et de cigarettes, mon boulot s'en ressentait, le patron m'avait convoqué pour une mise à pieds que j'effectuais. J'avais du temps de libre.

Nos derniers échanges :

"Il ne faut plus que l'on se voit, je n'arrive plus à m'en sortir entre toi et mon mari qui commence à soupçonner. Il va me rendre folle."

"On peut se voir moins souvent, si ce n'est que ça. Tu sais que je tiens à toi."

"Je le sais, mais je suis perdue, je n'arrive plus à réfléchir. Depuis plus d’un an que l’on sort ensemble, il faut qu’on fasse une pause."

"On pourrait en discuter, se voir, je n'aime pas les SMS."

"Je ne sais pas Jean Luc, il faut que je me repose, que je me regroupe."

"Je sais que tu tiens à moi également, il faut que l'on se voit."

"Rendez-vous arrive. Bye."

Plus aucunes nouvelles depuis.

J'ai beau envoyer des messages, téléphoner, aucunes réponses.

Elle a dû me mettre en liste noire.

De temps en temps je tente le numéro avec #31#, je tombe toujours sur son répondeur.

La manière de me quitter, sans vraiment le dire explicitement, peut me donner de l'espoir, je m'accroche à ça.

Depuis le temps, elle pourrait me remplacer, mais son mari veille au grain sans doute.

Elle m"avait parlé d'un projet de divorce, mais ça ne se passait pas bien, il s'accrochait bec et ongles.

J’ai mis plus d'un an à pouvoir sortir avec elle, ce qui me rassure dans le fait qu'elle ne couche pas avec le premier venu.

Je cherche de l'espoir dans tous mes raisonnements.

Le parking se vide, je vais avoir du mal à me dissimuler malgré le peu d'éclairage.

D'habitude, elle est déjà sortie, je ne comprends pas.

Ou alors, elle s'est trouvé un petit ami et ils sont parti ensemble à la sortie du bureau.

Elle avait l'habitude d'inventer pour son mari, quand on sortait ensemble, un repas de dernière minute avec des copines, ce qui lui permettait de rentrer tard.

Quelquefois, elle pouvait découcher, en invoquant le fait d'avoir trop bu au restaurant, de ne pouvoir conduire qu'après s'être reposée.

A priori, le mari était compréhensif, ou innocent. Je n'ai jamais approfondie la question, tant que c'était à mon avantage.

J'en étais à ce niveau de pensée, quand la dernière voiture qui dissimulait la mienne s'en va.

Je voulais juste la voir de loin, ce n'est pas mon genre de faire des histoires, me faire mal à la voir passer simplement, je ne saurais quoi lui dire.

Je fume une dernière cigarette, et je vais partir.

Inutile d'attendre si elle est avec mon successeur, j'en aurais encore plus mal de les voir.

Elle apparaît d'un seul coup à la sortie du magasin, je ne m'y attends pas, elle connaît ma voiture et regarde dans ma direction.

Elle se dirige vers moi, je n'ai rien préparé, je ne sais pas quoi faire.

"Bonsoir Jean Luc, tu m'attendais ?"

"Bonsoir. Un hasard. Je passais dans le coin, et j'ai reconnu ton véhicule. Ne t'inquiète pas, je m'en vais, je voulais juste te voir de loin."

"Attends, ne bouge pas, je viens avec toi. J'envoie un message chez moi et on va au restaurant."

Je ne sais plus quoi faire. Je suis heureux de la voir, mais je ne sais quelle attitude adopter.

J'ai l'impression d'être fautif de m'être fait prendre, alors que c'est elle qui a décidé le "silence radio".

Je ne suis pas prêt à lui faire des reproches, je n'en avais pas envie d'ailleurs.

Elle monte dans la voiture et me guide jusqu'à un restaurant qu'elle connaît.

"Depuis combien de temps on ne s’est vu ? J'ai eu pas mal de soucis d'ailleurs."

"Six mois. Six mois que je n'ai plus de nouvelles. Je te trouve les traits fatigués d'ailleurs."

"Ah bon? Je travaille beaucoup, énormément. Mon mari m'a fait la vie dure, mais ça se calme. Je ne vois plus le temps passer."

"Je t'ai envoyé des messages, téléphoné, mais jamais de réponses. J'ai supposé que tu avais mis

mon numéro de coté."

"Non jean Luc, mais au tout début, tu m'as appelé un soir. Mon mari est arrivé et m'a fait toute une scène pour savoir qui appelait si tard. J'ai du te mettre en liste noire pour éviter ça. Je vois bien arriver tes SMS, mais je ne veux pas les lire, ça me ferait trop mal."

Je n'en sais pas plus, elle ne parle que des projets de la société qui l'emploie, de son implication, même le week-end, pour une future évolution et de nouveaux marchés à créer.

Elle se donne à fond pour s'occuper et dilue, par la même occasion, les suspicions de son mari.

C'est tout juste si elle me demande de mes nouvelles, mais elle est ainsi, je la connais bien à ce niveau, toujours sur la brèche et sans vraiment s’intéresser aux autres.

Une question me brûle les lèvres, mais je n'ose pas.

M'a t'elle remplacée depuis le temps ?

J'ai l'impression qu'elle parle beaucoup, pour ne pas devoir laisser de questions en suspend.

"Au fait, j'ai revu Gabriel par hasard, il est venu demander un devis au bureau et je m'en suis

occupé. Mais je ne veux plus le revoir, c'est certain."

Là, j'ai eu un "haut le cœur". C'est mon prédécesseur, un cavaleur invétéré.

Je crois qu'elle tenait beaucoup à lui, et qu'elle soit sortie avec moi pour se consoler.

Je pense le lui avoir fait oublier quelquefois, nos sentiments devenaient réciproques, elle me l'avait avoué.

Mais rien n'est écrit dans le marbre, même pas en SMS, mais j'avais lu la vérité dans ses yeux, sinon je ne serais pas là.

Il l'a ridiculisé plusieurs fois en draguant ses copines, mais je suis certain qu'elle y pense encore.

Nous avons changé de sujet rapidement à mon initiative, je n'ai pas envie que l'on parle d'un passé, et préfére me situer dans ce présent avec elle.

Nous avons pris quelques nouvelles d'amis communs et le repas fini, je l'ai raccompagné à sa voiture.

"J'ai pris un peu plus d'assurance avec mon mari. De toute façon, nous avons pris l'initiative de divorcer. ça ne va plus du tout."

"Tu vas pouvoir être libre maintenant, je vais pouvoir t'inviter au restaurant."

"Bien sur. De toute façon, c'est devenu un peu plus calme chez moi. Un soir, j'ai découché direct sans lui inventer de raison. Il n'a plus rien à dire."

D'un seul coup, j'ai eu très mal et je lui ai demandé.

"Une sortie inopinée entre copines ?"

Dans l'euphorie de me dire qu'elle avait découchée sans mentir, je voyais qu'elle bredouillait, qu'elle était en train de réfléchir.

"Oui et non. Tu me connais, des fois je décide au dernier moment, mais c'est la seule fois. Nous allons nous séparer, mais j’ai un certain respect envers lui."

Je lis dans ses yeux quelque chose que je n'aime pas.

Je n'ose pas lui demander directement, et je vois qu'elle aussi, n'a pas envie que j'insiste.

Je viens de comprendre instantanément. Elle a renoué, ne serait ce qu'une fois, je tente d'y croire, avec son ex.

Je suis convaincu qu'elle n'est pas du genre à se laisser aller avec quiconque, il n’est pas quiconque justement, je suis très mal.

"Tu sais que je t'aime toujours, tu vas devenir indépendante si tu divorces. Mais je ne te demande rien."

On s'est embrassé, elle n'a pas fait de difficultés à ce que l'on fasse presque comme avant.

Il manque un peu d’un certain moment, mais après six mois, j'ai apprécié le gout de ses lèvres.

Je n'ai rien demandé et rien obtenu de plus sur nos sentiments, je n'ai pas voulu la brusquer.

Elle a décidé de passer ce soir avec moi, mais je ne comprends pas, rien n’a été échangé sur le devenir.

On s'est promis de se rappeler.

J'ai toujours été trop respectueux, trop poli, ça va changer.

Quelqu'un va l'apprendre.

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