Réponse à "À votre porte se trouve..."
de
Rire de mouette

Bipbipbip------bip----bip----bip------------bip-bip-----bipbipbipbipbiiiiiiiiiiiiiii________bip.
Affolement. Espoir d'une délivrance. Douleur. Thorax écrasé par une enclume. Vertige. Noir. Retour à l'enfer, la survie. Au seuil de la porte blanche comme un cachet d'aspirine, la Solitude me guette.
" Que voulez-vous !..." soufflai-je en regurgitant le peu de salive disponible, brûlure dans la trachée, ratant l'intonation traduisant mon agacement ensevelie sous les couches de tiraillements, d'asphyxie, barres de feu dans l'abdomen anormalement gonflé, chaque inspiration s'apparentèrent à la fuite in extremis d'une noyade, frissons glacés alternant avec les bouffées de chaleur, saignements, lésions internes se multipliant.
Solitude daigna sortir de sa torpeur, s'approcha, j'entendis sa voix faussement rassurante en tourbillonnant autour de moi : " Bonjour Monsieur H. Comment ( ..........)....? "
- " Bien....je. ..."
Coupé par "On dirait que ça........et le .......? Avez-vous réfléchi à la ..................? ......... contrôle de tension..... La plaie est .........Voulez -vous un urinal....? Le médecin viendra faire sa visite cet après-midi". Mes yeux suivant du mieux qu'ils le pussent le mouvement de "tête de chou-fleur". Elle avait des tics nerveux, son parfum me sorti instantanément d'un début de somnolence moite, son visage éclipsant la vue du plafond, le plafond fut à nouveau présent. Ça me piquait, me perfusait, mesurait, évaluait....le toucher restait invariablement mécanique, la chaleur humaine se campait uniquement dans la température corporelle et l'observance scrupuleuse d'un protocole. Vent blanc fantôme qui jacassait et s'enfonçait dans les couloirs de l'hôpital. Pas feutrés, roulement des chariots médicaux bourrés de pansements, seringues, "haricots" bref tout l'équipement pour maintenir le fonctionnement des corps alités.
J'appuie fébrilement sur la pompe à morphine. Mes doigts s'agrippèrent aux draps que je ramenaient vers moi, permettant de rapprocher mon téléphone. Silencieux. Solitude a changé de dimension. Prisonnier de ma chair meurtrie et de l'immobilité, une larme de tristesse mêlée à de la lassitude et frustration glissa sur ma peau et m'indiqua par sa tiédeur les contours d'une partie de mon visage, de ma gorge nouée et le haut de ma poitrine. La goutte se dilua dans les pores. L'émotion expulsée à l'extérieur qui se réintroduisit à l'intérieur de moi. Elle n'a personne à toucher pour le moment. Je me senti vivre de facon partielle plus concrètement à cet instant. La cartographie mentale de ma silhouette se s'amenuisait de plus en plus.
Les douleurs de fond ont toujours eu la fâcheuse tendance à me tenir compagnie trop fidèlement. Aujourd'hui, elles m'ont trahie: elles ont invité "Lance de feu". M'obligèrent à l'héberger en moi." Lance de feu" accélèrait ma prière ardente d'être délivré. Elle envahit tout à grande vitesse, je craignis qu'elle prit entièrement place, réduisant mon être à l'état végétatif, au néant tout en continuant d'aspirer, exhaler.
Brrrrrrrrr notes de musique Linkin Park " Numb" Brrrrrr Appel de A. une amie touchante, solaire bien que trop entêtée parfois. Le retour à la vie éclaircissèrent et vivifièrent les rares touches de couleurs des murs de la chambre.
Solitude se serait-elle déjà volatilisée ?
-"Bonjour rayon de soleil chantonnai-je dans le but de transformer mon calvaire en positivité préservant sa sensibilité élevée. Protéger mes proches devint un leitmotiv pour m'assurer une présence agréable, éviter au maximum la fadeur, la lourdeur, la raréfaction des dialogues.
Nous discutions de nos centres d'intérêts communs comme jadis autour d'un bon expresso matinal dans une brasserie toujours bondée de monde à proximité de la gare, baignant dans les odeurs savoureuses des petits pains au chocolat et autres pâtisseries succulentes à souhait !!! J'ai faussé compagnie à Solitude en vivant de manière hallucinée deux temporalités superposées. Légèreté, provisoirement entouré de nimbes roses, rires et connexion dans les échanges authentiques, sérieux, le tout subitement plombé dès lors que j'ai dénoncé la présence de "Lance de feu", relaté la récente réanimation, tension à 5, désincorporation, voyage dans l'espace, retrouvailles avec ma moitié, j'étais en bonne santé au-dessus des nuages.....
Au bout du tunnel des ondes, un sanglot étouffé.
Je m'empressa pour la consoler: " Avant j'avais peur maintenant je suis apaisé. " Tremblements dans sa voix qu'elle peina à maîtriser. J'appréciais cet effort de contenance et impatient de retrouver sa légèreté lumineuse. Impossible. Elle me répèta combien je comptais pour elle et qu'elle tenait à moi, qu'elle ne connaitra plus jamais d'ami comme moi. Je lui répondis : " Dis-toi que parti je serai soulagé pour te rassurer." Pleurs. Je revins au quotidien, lui demanda ce qu'elle allait souper et terminions avec des rires en évoquant une scène de film ( un indien dans la ville). Solitude m'a ôté le droit de profiter de la joyeuse présence de mon amie se retrouvant face à la terreur de la perte. Le désarroi s'empara de moi devant la difficulté croissante pour me nourrir virtuellement de vie.
Solitude protéiforme, omniprésente, me renvoyant systématiquement à cette triviale réalité que je m'astreignais à fuir. L'image qui situerait mon état d'esprit : au bord de la falaise, oscillant entre la peur vertigineuse du vide et une attraction indéniable, le grand Saut.
Avant de procéder à ma précieuse méditation du soir, j'inclina ma tête vers la fenêtre et interrogea encore une fois ! les étoiles sur mon devenir. Le ciel resta dramatiquement muet. Inlassablement, Solitude me harcèlait, me retrouvant progressivement retranché face à une impasse insoutenable: la Lucidité.
n
A
n
S
-
-
f
B
Table des matières
En réponse au défi
À votre porte se trouve...
... la Solitude. Voilà que quelqu’un frappe à votre porte. Vous ouvrez et vous voyez la Solitude. Il/elle est là pour répondre aux questions que vous voudriez vous poser et discuter avec vous.
Quel serait le contenu de votre discussion ?
Pas plus de 10 minutes.
Vous avez jusqu’au dimanche 18 Août.
PS : oui, je cherche des trucs de plus en plus abstraits et vraiment illogique, sinon c'est pas drôle...
Commentaires & Discussions
Une porte en ouvre une autre | Chapitre | 2 messages | 8 mois |
Des milliers d'œuvres vous attendent.
Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.
En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.
Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion