Chère plume
Chère plume
J’ai tenté bien des vents et bien des outremers
Cheminé sur des toits, habillé d’ombrume
Et toujours sur ma langue, ton goût d’encre vert
En crashant mes avions de papiers et d’enclumes
Dans le mur de pages des livres entrouverts
Crachant au désespoir ma bave d’amertume
Dans le sillage troublant de ces cygnes bien trop fiers
De leur feuillage si blanc recouvert de costume
Je courais après eux comme l’enfant et sa mère
Grappillant malgré moi quelques mots sur l’écume
Je m’enfuyais alors dans les buissons de colère
Remachant leurs murmures aux matins qui s’allument
Épris de vertige, j’avalais leurs échos de lumière
Oubliant l’auréole de leur gloire posthume
Tout à coup je tombais, comme l’aiglon de son aire
J’aurais voulu des ailes, je n’avais que ma plume
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