Chapitre trois - Une vie à l'écart

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La campagne s'étendait à perte de vue, une mer d'herbes ondulantes bercée par le vent du matin. Au milieu de ce paysage solitaire se dressait une maison modeste, presque invisible dans l'immensité environnente. Construite en bois brut, elle portait les marques du temps : une toiture fatiguée, des planches qui s'écaillaient par endroits, et un porche à la balustrade bancale. Pourtant, c'était une maison vivante, animée par la chaleur humaine qui y résidait.

Elian émergea lentement de sa chambre, les cheveux en bataille et les yeux encore alourdis par le sommeil. Il passe une main sur son visage, avec une carrure mince mais robuste due aux travaux physiques quotidiens. Ses yeux, d'un bleu profond, semblaient toujours scruter quelque chose au delà de l'horizon. Etrangement, ils lui attiraient souvent des regard prolongés de la part de Marianne et Daniel, comme s'ils cherchaient des réponses à des questions qu'il ne comprenait pas.

Le parquet grinça sous ses pieds nus alors qu'il descendait les escaliers. La cuisine, baignant dans une lumière douce filtrée par des rideaux en dentelle, sentait le pain frais et le café chaud. Marianne s'affarait devant le fourneau, ses mouvements fluides et précis. Elle était d'une cinquantaine d'années, avec des cheveux grisonnants toujours attachés en un chignon serré. Ses mains étaient celles d'une travailleuse, calleuses mais délicates, témoins d'années de soin et de descipline.

  • Bonjour Elian, ton petit déjeuner est prêt. Dit-elle sans même se retourner, comme si elle avait senti sa présence avant qu'il ne parle.
  • Merci, murmura-t-il encore à moitié endormi.

Il s'assit à la grande table en bois massif qui trônait au centre de la pièce. Chaque rayures et entaille sur sa surface racontait une histoire. Il se demandait souvent combien de repas avaient été pris ici avant sa naissance, combien de co,versations avient marqué ces murs.

Daniel entra peu après, sa carrure imposante remplissant presque l'encadrement de la porte. Il était un homme taciturne, aux cheveux court et à la barbe grisonnante. Ses mains étaient toujours occupées à quelque chose : une réparation, un outil à aiguiser, une corde à nouer. Aujourd'hui il tenait une pile de bûches qu'il posa près du poêle avant de s'assoir face à Elian.

  • Tu vas travailler sur la clôture aujourd'hui ? demanda Daniel, sans préambule.

Elian hocha la tête.

  • Oui, je crois qu'un renard à creusé sous la partie Est. Je vais aussi ramasser du bois mort près de la forêt.

Daniel acquieça satisfait.

  • Bien, l'hiver n'est pas loin, chaque branche compte.

Marianne déposa une assiette devant Elian, interrompant leur échange. Des oeufs brouillés et des tranches de pain grillé composaient le repas, simple mais nourrissant. Elle s'assit à son tour, croisant les bras sur la table tout en observant le jeune homme avec une intensité qu'il prétendait ignorer.

  • Tu te sens bien, Elian ? demanda-t-elle soudainement.

Il haussa les sourcils, surpris par la question.

  • Oui, pourquoi ?

Elle secoua la tête, comme pour chasser une pensée.

  • Rien. Juste... assure-toi de toujours être prudent.

Daniel posa une main lourde sur l'épaule de Marianne, lui jetant un regard qui signifiait clairement qu'elle en avait trop dit. Elian les observa en silence, une curiosité grandissante dans le creux de l'estomac. Ces échanges, bien que rares, l'avient toujours troublé. Pourquoi s'inquiétaient-ils autant pour lui ?

Le soleil était haut dans le ciel, quand Elian se mit au travail. La clôture encerclait un petit potager et un enclos pour les poules, leurs principales sources de nourriture. Avec un marteau et quelques morceaux de bois, il répara les sections abîmées, s'assurant que rien ne pourrait entrer ni sortir sans autorisation. Son esprit, cependant était ailleurs.

Depuis qu'il était petit, Elian avait toujours ressenti une étrange déconnexion. Il ne pouvait pas l'expliquer, mais quelque chose en lui était différent. Il était rapide à apprendre, mais les livres qu'il lisait - souvent récupérés par Daniel lors de voyages prétextés en ville - ne semblaient jamais répondre à ses questions essentielles. Pourquoi étaient-ils ici, si isolés ? Pourquoi n'avait-il jamais vu d'autres jeunes de son âge ?

Alors qu'il se dirigeait vers la lisière de la forêt, son regard fut attiré par une pierre blanche enfouie sous les feuilles mortes. Il s'agenouilla et la dégagea, révélant ce qui semblait être un vieux morceau de muret. LA texture étaut rugueuse sous ses doigts, mais il n'y avait aucun signe que cette structure ait appartenue à la maison. Intrigué, il continua à explorer la zone, mais un appel de Daniel le ramena à la réalité.

  • Elian, le bois !

Il se redressa, essuyant ses mains sur son pantalon.

La journée toucha à sa fin, et le crépuscule peignit le ciel de teinte orangée et violettes. Marianne avait préparé une soupe de lentilles pour le dîner. Ils mangèrent en silence, le bruit des cuillères contre les bols étaient le seul son dans la pièce. MAis ce silence était lourd, presque oppressant. Elian pouvait sentir un non-dit flotter entre eux, comme un secret à peine contenu.
Après le repas, il s'éclipsa dans sa chambre. Il s'assit sur son lit, les mains croisées sur ses genoux, les yeux fixés sur la lampe à huile vacillante. Pourquoi se sentait-il si différent ? Les souvenirs d'enfance étaient flous, à l'exception de quelques moments clairs : Marianne chantonnant une berceuse, Daniel le portant sur ses épaules pour lui montrer un nid d'oiseaux. Mais rien qui explique cette vit à l'écart.

Il tira un vieu carnet de son tiroir. Il avait commencé à y écrire ses pensées, espérant trouver des réponses en réorganisant ses idées. Mais ce soir, les mots lui échappaient. Il fixait la page blanche, comme si elle détenait la clé de son mystère.

Finalement, il posa le carnet et souffla sur la flamme de la lampe. La chambre fut plongée dans l'obscurité. Mais au lieu de trouver le sommeil, Elian resta éveillé, les yeux grands ouverts, rélféchissant à cette impression constante d'être en quête de quelque chose qu'il ne pouvait pas nommer.

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