Chapitre quatre - Les souvenirs enfouis

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Le crépitement du feu réchauffait doucement la petite pièce, projetant des ombres dansantes sur les murs de bois. Elian était assis à la table, jouant distraitement avec les miettes de pain laissées après le dîner. Marianne, de l'autre côté, sirotait son thé, l'air pensif. Le silence n'était pas inhabituel entre eux, mais ce soir-là, il était teinté d'une étrange tension qu'Elian ne parvenait pas à définir.

Il leva les yeux vers Marianne. Elle semblait fatiguée, ses traits tirés par une préoccupation qu'elle ne partageait jamais. Ses doigts caressaient distraitement le bord de sa tasse, et son regard était fixé sur un point invisible devant elle. Une impulsion qu'il ne contrôla pas poussa Elian à rompre le silence.

  • Marianne... pourquoi est-ce qu'on vit ici, si loin de tout ?

La question sembla la ramener brusquemment à la réalité. Elle cligna des yeux et tourna son regard vers lui, comme si elle cherchait à évaluer ce qui l'avait poussé à poser cette question.

  • C'est plus sûr ici, répondit-elle finalement, sa voix douce mais teintée d'une certaine fermeté.

Elian fronça les sourcils.

- Plus sûr ? Sûr de quoi ? Il n'y a rien ni personne ici.

Marianne posa sa tasse et se redressa légèrement.

  • Parfois, Elian, il vaut mieux ne pas chercher à comprendre certaines choses. Nous avons tout ce dont nous avons besoin ici, et c'est ce qui compte.

Il sentit une pointe de frustration monter en lui. Cette réponse vague n'était pas nouvelle, mais ce soir, elle semblait particulièrement insatisfaisante.

  • Et ma famille ? Poursuivit-il, sa voix plus ferme, est-ce que j'ai toujours vécu ici avec toi et Daniel ?

Marianne détourna le regard, une ombre de tristesse traversant ses yeux. Elle hésita avant de répondre.

  • Ce n'est pas le moment d'en parler. Peut-être un jour, quand tu seras prêt à comprendre.

Elian serra les poings sous la table. Cette réponse, il l'avait entendu mille fois, et elle ne faisait qu'amplifier son sentiment de différence, ce vide qu'il portait en lui. Il se leva brusquemment, repoussant sa chaise avec un grincement.

-Un jour, un jour... mais quand ? dit-il la voix tremblante de colère. Je ne suis plus un enfant, j'ai le droit de savoir.

Marianne resta silencieuse, ses mains posées sur ses genoux, son visage fermé. Elle semblait sur le point de dire quelque chose mais elle se ravisa. Elian, sentant que la conversation n'irait nulle part, tourna les talons et quitta la pièce.

Dans le silence de la nuit, Elian errait sans la maison, son esprit en ébullition. Il entra dans le petit débarras près de sa chambre, un endroit où il n'allait presque jamais. Les étagères poussièreuses étaient remplis de vieilles boîtes, de livres oubliés et d'objets inutilisés.
Un sentiment étrange le poussa a fouiller. Il ne savait pas exactement ce qu'il cherchait, mais l'intuition le guidait. Il ouvrit une boite en cartin, découvrant des vêtements usés puis une petite boite en métal, couverte d'une fine couche de poussière.

Curieux, il s'assit sur le sol et ouvrit la boîte. A l'intérieur, un mélange d'objets : une vieille montre, quelques pièces de monnaies, et ... une photo pliée en deux. Il la prit délicatement, ses doigts tremblants d'une excitation qu'il ne comprenait pas encore.
Il déplia la photo et sentit son souffle se couper. C'était une image ancienne, légèrement jaunie. Un bébé était au centre, enveloppé dans une couverture. C'était lui, il en était certain. Mais ce qui attira son attention, c'était la femme qui le tenait dans ses bras. Elle avait un sourire doux mais mélancolique, et ses yeux semblaient emplis d'un amour infini. Elle portait une robe simple et derrière elle, un décor qui ne ressemblait en rien à leur campagne reculée : une pièce moderne, presque stérile, aux murs blancs et lumineux.

Au dos de la photo, des mots était écrits à l'encre noire, légèrement effacés : "Pour mon fils, avec tout mon amour. -A"

Son coeur battait à tout rompre. Qui était cette femme ? Etait-ce sa mère ? Pourquoi Marianne et Daniel ne lui avaient-ils jamais parlés d'elle ? Pourquoi la photo était-elle cachée ?

Elian resta assis là, fixant l'image pendant de longue minutes. Chaque détail semblait porter un poids qu'il ne comprenait pas encore. La découverte faisait naître en lui un mélange d'émotions : de la tristesse, de la colère, mais aussi une étrange détermination.
Il remit délicatement la photo dans la boite et la referma, mais il ne pouvait plus ignorer les questions qui tournaient dans son esprit. Cette femme, "A", était-elle encore en vie ? Pourquoi l'avait-elle laissé ? Et pourquoi Marianne et Daniel avaient-ils pris tant soin à lui cacher son existence ?

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