Chapitre six - L'échappée
Le soleil déclinait à l'horizon, teignant le ciel de nuances de rose et d'orange. La maison en bois d'ordinaire si paisible, vibrait d'une tension inhabituelle. Marianne, visiblement agitée, faisait les cent pas dans le salon tandis que Daniel s'occupait de rassembler quelques affaires essentielles dans un sac. Elian, debout près de la porte, observait leurs mouvements sans comprendre.
- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi vous êtes si nerveux ? demanda-t-il, les sourcils froncés.
Marianne s'arrêta brusquement, son regard cherchant celui de Daniel comme pour chercher du soutien. Avant qu'elle ne puisse répondre, la sonnerie du téléphone résonna dans la maison. Elle se précipita pour répondre, décrochant l'appareil d'une main tremblante.
- Oui ? dit-elle, sa voix basse et tendue.
Une voix grave et urgente se fit entendre à l'autre bout de la ligne, mais Elian ne pouvait pas en saisir les mots exacts. Cependant, il remarqua un détail troublant : la personne à l'autre bout du fil s'adressa à Marianne en utilisant un prénom qu'il n'avait jamais entendu.
- Sophia, vous devez partir immédiatement. La patrouille a été envoyée. Ils seront chez vous dans moins d'une heure.
Marianne - ou Sophia ? - serra le combiné si fort que ses jointures blanchirent. Elle répondit rapidement, d'un ton sec :
- Compris. Merci pour l'avertissement.
Elle raccrocha, puis se tourna vers Daniel, dont le visage était devenue livide.
- Ils arrivent, dit-elle simplement.
Daniel hocha la tête et attrapa le sac qu'il avait préparé. Il se dirigea vers Elian, posant une main ferme sur son épaule.
- Il faut qu'on parte, maintenant, dit-il d'un ton qui ne laissais aucune place à la discussion.
Elian recula légèrement, déconcerté.
- Attendez une minute. Qui était au téléphone ? Pourquoi cette personne t'a appelé Sophia ? Et c'est quoi cette histoire de patrouille ?
Marianne ouvrit la bouche pour répondre, mais se ravisa. Elle échangea un regard avec Danieln comme s'ils débattaient silencieusement sur ce qu'ils devaient ou non révéler.
- On t'expliquera plus tard, Elian. Pour l'instant, fais-nous confiance, dit finalement Daniel, tout en poussant le jeune garçon vers la porte.
La nuit était tombée lorsqu'ils quittèrent la maison. Daniel portait le sac sur son dos, et Marianne tenait une lampe torche pour éclairer leur chemin. Ils traversèrent les champs, s'éloignant de la route principale, pour rejoidnre un sentier caché qui serpentait à travers la forêt.
Elian marchait derrière eux, toujours aussi perplexe. Il sentait que quelque chose de grave se passait, mais il était frustré par leur silence. Pourquoi refusaient-ils de lui dire la vérité ? Qui étaient-ils vraiment ?
- Où est-ce qu'on va ? demanda-t-il après un long moment.
- Dans un endroit sûr, répondit Marianne sans se retourner.
- Et si je refuse de venir tant que vous ne me dites pas ce qui se passe ? Lança-t-il, les bras croisés.
Marianne s'arrêta net et se tourna vers lui, son visage éclairé par la faible lumière de la lampe. Ses traits étaient tirés, et ses yeux reflétaient une profonde inquiétude.
- Elian, je sais que tu es des questions, et tu mérites des réponses. Mais ce n'est pas le moment. Chaque seconde compte. Alors je t'en supplie, fais nous confiance juste cette fois.
Son état était presque suppliant, ce qui troubla encore plus Elian. Après un temps d'hésitation, il acquiesça et reprit sa marche en silence.
Il atteignirent une clairière après ce qui sembla être des heures de marche. Là, caché sous un tas de branchages, se trouvait un vieux pick-up couevrt de poussière. Daniel s'approcha, enleva les branchages, et sortit une clé de sa poche pour dévérouiller la portière.
- Montez, dit-il simplement.
Elian s'installa sur la banquette arrière tandis que Marianne prenait place à l'avant. Daniel démarra le moteur, qui rugit dans le silence nocturne. Ils quittèrent la clairière et s'engagèrent sur une route de terre, s'éloignant encore d'avantage de la maison.
Pendant le trajet, Elian sentit la fatigue le gagner, mais son esprit était trop agité pour qu'il puisse se laisser aller. Il regardait par la fenêtre, observant les arbres défiler dans l'obscurité. A un moment donné, il rompit le silence.
- Alors, Marianne... ou Sophia, c'est ça ?
Marianne se raidit à l'entente de ce prénom. Elle tourna légèrement la tête, mais ne répondit pas.
- Et toi Daniel, c'est ton vrais prénom ou pas ? insista Elian.
Daniel serra les mains sur le volant, ses jointures blanchissant.
- Ce n'est pas le moment de parler de ça.
- Ce n'est jamais le moment avec vous ! Vous passez votre temps à esquiver mes questions. Mais cette fois, je veux des réponses.
Marianne soupira profondément.
- Ecoute Elian... il y a des choses qu'on aurait dû te dire, mais on espérait que ce jour n'arriverait jamais.
- Quel jour ?
Elle héista, cherchant ses mots.
- Le jour où ils viendraient pour toi.
Un frissons parcourut Elian.
- Qui ça "ils" ?
- le gourvernement, murmura-t-elle presque inaudiblement.
Le reste du trajet se fit dans un silence pesant. Elian avait l'impression que tout ce qu'il avait cru savoir sur sa vie s'éffrondrait. Qui étaient réellement Marianne et Daniel ? Pourquoi vivaient-ils si isolés ? Et pourquoi quelqu'un voudrait-il venir pour lui ?
Il arrivèrent finalement dans une autre clairière, où une petite cabane en bois se dressait. Marianne et Daniel descendirent rapidement du pick-up et commencèrent à décharger leurs affaires. Elian les suivit, le coeur lourd de questions sans réponses.
A l'intérieur de la cabane, Marianne s'effondra sur une chaise, visiblement épuisée. Daniel s'approcha d'une vieille radio posée sur une étagère et la mit en marche. Une voix en émergea, décrivant des mouvements militaires dans la région.
- Ils nous cherchent déjà, dit-il en éteignant la radio, on va devoir être prudents.
Marianne acquiesça, puis se tourna vers Elian.
- Essaie de dormir un peu. Demain, on aura une longue journée devant nous.
Mais Elian savait qu'il ne trouverait pas le sommeil, pas cette nuit.
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