4. Le premier hôte.
« Six jours ! Mais c’est infaisable ! »
— Je crois en toi !
— Mais c’est trop simple comme réponse ça ! Six ! Et pourquoi pas sept, comme les sept cristaux ?
— C’est comme ça… En réalité, le septième jour est réservé.
— Pour quoi faire ?
— Ce jour-là, tu verras si tu te reposes ou non, répondit la petite déesse avec un air mystérieux.
— Plus tu me parles, et moins je comprends… J’aurais préféré que tu me dises « car tu es exceptionnel Phénix, tu es un véritable don pour l’Humanité », mais bon, tant pis !
J’avais, bien évidemment, dit cela sur le ton de la plaisanterie.
« Sauf si tu as autre chose à me dire, je vais sortir un peu. Je te laisse te poser, bye ! »
Une déesse venait de me donner une mission dont dépendait la survie de l’Humanité, et elle squattait ma chambre.
« Normal quoi ! »
J’étais de nouveau dehors, et je me demandais ce qu’il était advenu de mon monde parfait. Des gens affolés courraient dans tous les sens en pointant le ciel multicolore du doigt, et il n’en fallut pas plus pour tout dérégler : les gens ne circulaient plus normalement, n’étant plus concentrés sur leur trajet, et c’est tout naturellement qu’un embouteillage monstre s’était créé. Je montais sur ma fidèle trottinette, et me dirigeais vers mon parc préféré pour prendre un peu l’air et réfléchir à ce que m’avait annoncé d’Alatheïel.
Avant de sortir, j’avais enfilé un blouson noir, enfoncé une casquette sur ma tête, et mis des lunettes… tout le nécessaire pour passer inaperçu. Mais pour une fois, je n’en avais pas besoin. Les badauds ne s’intéressaient pas à moi, trop occupés à filmer le ciel avec leur GSM. S’ils savaient ce qui était en ce moment même dans ma chambre ! D’ailleurs, était-ce vraiment une déesse ? Devais-je lui faire confiance ? Je me posais des questions dont les réponses ne me seraient apportées que plus tard… je l’espérais en tout cas.
Je continuais à rouler, quand j’aperçus plus loin une femme qui ne m’était pas étrangère. C’était la femme dont le fils avait failli se faire percuter par une voiture un peu plus tôt. Je décidais d’aller prendre des nouvelles du petit, quand je remarquais qu’elle n’avait pas l’air bien.
« Bonjour madame, vous vous souvenez de moi ? demandais-je. »
Elle me regarda, et je vis que ses yeux étaient bouffis, comme si elle avait pleuré pendant des heures.
« Vous me reconnaissez ? C’est moi qui ai sauvé votre fils plus tôt. »
— Je m’en souviens, je vous rassure. Je vous remercie encore une fois pour votre acte héroïque.
— Où est-il d’ailleurs ? demandais-je en regardant à droite et à gauche.
La femme éclata en sanglots. Je m’assis à côté d’elle pour la réconforter, puis lui je lui demandai ce qui n’allait pas.
« C’est mon fils ! pleura-t-elle. Il allait bien, je le tenais dans mes bras, quand tout d’un coup il s’est mis à convulser. J’ai alors appelé une ambulance qui nous a amenés ici. »
En levant la tête, je remarquai effectivement que nous étions devant un hôpital. Je lui tapotai le dos et l’encouragea à continuer.
« On l’a pris en urgence pour des examens, et ça fait des heures que j’attends ! On m’a refusé le droit de l’accompagner, vous vous rendez compte ? Je suis sa mère quand même ! Et comme j’en avais assez de l’air nauséabond de cet hôpital, je suis sortie. Mais maintenant j’ai peur de remonter et d’apprendre une mauvaise nouvelle ! »
— Calmez-vous Madame. Respirez ! lui conseillai-je. Si votre fils est sorti, il doit avoir besoin de vous. Allons voir ce qui se passe, je vous accompagne.
On nous fit patienter en salle d’attente pendant un temps interminable ! Une infirmière vint enfin dans notre direction et chercha à parler à un responsable.
« C’est moi, répondit la mère du petit en se mettant debout. »
L’infirmière demanda à la femme de la suivre dans une autre salle, et je restais ainsi là à l’attendre, mais loin d’être seul ! En effet, la salle était bondée ! Rempli de gens attendant d’être vus par un médecin, ou de prendre des nouvelles d’un proche. Ce que je n’étais pas pour le petit dont j’ignorais le nom d’ailleurs !
Fatigué d’attendre, je décidais à me lever et à me promener au hasard dans ce lieu où se concentraient souffrance et négativité. Certains endroits m’étaient interdits. Mais pas les toilettes ! Accélérant le pas pour soulager une envie pressante, je finis par glisser, à cause d’une petite fille qui venait de faire pipi à deux pas de la ligne d’arrivée. Je m’accrochai à la première chose que trouva ma main : c’était la blouse d’un médecin ! Je m’excusai en le regardant dans yeux, quand soudain, je sentis une chose vibrer au fond de mon cœur, et du sien !
« Un cristal ! soufflais-je au visage du médecin. »
Celui-ci me regarda étrangement, avant de reprendre sa route, accélérant de plus en plus ses pas.
« Il possède un cristal ! »
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