Chapitre I Matin
« Axel, debout, c'est l'heure, entonna la voix toujours mélodieuse de sa mère. »
Le jeune adolescent émit un inaudible son guttural et s’enveloppa plus profondément dans ses couvertures. L’hiver se montrait rigoureux dans le Royaume Fédéré des Trois Rivières. Glacial et humide. La fenêtre de la chambre d’Axel laissait plus passer le froid que la lumière et il n’était pas rare que les températures y soient négatives. Sortir de son lit constituait le premier exploit de sa journée. Seule l’odeur des beignets et du lait chaud au miel préparés tous les matins par sa mère lui donnait assez de courage pour braver les morsures du froid et gagner la cuisine deux étages plus bas.
Axel se leva, sortit de sa chambre, fut en quelques bonds félins au rez-de-chaussée. C'était son jeu. Ne pas faire un bruit en descendant des escaliers, se placer silencieusement dans le dos de sa mère et attendre qu'elle l'appelle une deuxième fois pour la surprendre d'un « Bouh ! » habituel. Le plus difficile étant toujours de faire craquer le moins possible les marches de ce vieil escalier en colimaçon. Il y parvenait toutefois avec de plus en plus d'aisance et se surprenait lui-même à être aussi silencieux. Depuis trois-quatre mois, il prenait parfois appui le long de la partie centrale avec ses mains et posait ses pieds avec retenue sur les murs en maçonnerie. Il devait tendre ses muscles au maximum pour avoir une surface de contact assez importante et ne pas chuter. Des capacités athlétiques qu'il développait facilement pour en posséder naturellement d'exceptionnelles. Il le savait et ne s'en étonnait plus.
Le premier étage de la maison était occupé par deux grands espaces que séparait la cage d'escalier. A droite, l'immense cuisine, qui faisait aussi office de salle à manger, était pourvue d'un superbe corps de cheminée de quatre mètres de long. A gauche, l'atelier de son père, qui y travaillait déjà.
Axel glissa son corps souple et musclé dans l'embrasure de la porte de la cuisine sans un bruit. Il adorait s'approcher d'elle en silence pour le premier câlin de la journée. Il retint sa respiration et fit trois pas dans sa direction quand elle l'interrompit :
– Bonjour, ma petite araignée !
Comment faisait-elle pour se rendre compte de sa présence ? Lui qui pouvait à mains nues attraper de petites bêtes sauvages dans la forêt ! Il l'ignorait et elle le fascinait pour cela. Elle se retourna et ouvrit des bras dans lesquels Axel se blottit.
Il prit ensuite son petit-déjeuner préparé par sa mère, dégustant chaque gorgée comme si elle était unique et se prépara pour se rendre à l'école du possible.
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