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Albert et Lilly sont assis à la terrasse d’un petit café, ce qui n’a pas manqué de surprendre la jeune femme : ce n’était pas du tout dans leurs habitudes. Dans aucun de leur voyage, ils ne se sont comportés ainsi, bien au contraire ils agissent le plus discrètement possible.

— Nous devons feindre que nous sommes de simples personnes en vacances, lui répond-il. Nous devons absolument éviter de nous faire remarquer. Toi, essaie de te comporter comme n’importe quelle jeune femme de ton âge.

Lilly tente de répliquer mais ils sont interrompus par Christian. Ils ne se sont pas aperçu que celui-ci s’approche d’eux, son casque à la main.

— Bonjour, les salue-t-il cordialement. Comment allez-vous ? Et vos vacances ?

Lilly se sent mal à l’aise, surprise, lorsqu'Albert se lève de son siège, pour les laisser seuls. Plus surprenant encore la phrase qu’il prononce à ce moment :

— Je vous laisse les jeunes, à plus tard.

Sa voix paraît s’être adoucie, et jamais il n’a jamais laissé Lilly seule ainsi avec un inconnu, ne lui laissant aucune explication, ni aucune directive sur ce qu’elle doit dire ou faire.

— Je peux ? demande Christian.

Pour toute réponse elle acquiesce uniquement d’un signe de tête. Il s’assied près d’elle en commandant une bière. Il s'enquiert auprès de la jeune femme comment elle trouve la région. Lilly fixe de ses grands yeux bleus le vide devant elle. Elle répond brièvement :

— J’aime surtout la mer.

Christian s’adosse sur sa chaise en la dévisageant longuement, d'un air mi-amusé.

— Ah oui, la mer, j’oubliais. Si belle et mystérieuse, exactement comme toi !

Lilly ne peut masquer un petit rictus du coin des lèvres. Elle prie de toutes ses forces pour que Christian n’y prête aucune attention, ce qui n'est visiblement pas le cas.

— Mais je t’ai fait sourire, je dois être exceptionnel ! ajoute-t-il fièrement.

Ses lèvres dessinent un plus large sourire, elle tente toutefois de le contrôler du mieux possible. Christian s’approche un peu plus d’elle, ajoutant d’un ton plus sérieux :

— Tu es toujours si triste, toujours ailleurs…

Àl'écoute de ces mots, Lilly baisse la tête, les traits crispés. Elle se lève brusquement de sa chaise et se hâte de quitter les lieux.

— Je dois partir, au revoir.

Christian la suit du regard, perplexe.

— Qu’est-ce que j’ai bien pu dire encore cette fois-ci ?

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