La propriété de Roger est entourée de cyprès. Le jardin quant à lui, minutieusement entretenu par la main adroite de Marie, est orné de fleurs de toutes les couleurs. En contrebas, le coucher de soleil sur la mer rend cet endroit encore plus féerique. Le calme et la tranquillité qui règnent dans ces lieux forment un havre de paix pour Roger, qui a passé la plus grande partie de sa vie à tout faire pour pouvoir l’obtenir.

Son rêve s’est finalement réalisé quelques années auparavant, lorsque l’occasion s’est présentée d’acheter cette magnifique maison où il vit avec Christian et Marie.

— Bonsoir papa, le salue Christian en cette fin d’après-midi

Roger est assis sur le fauteuil dans la véranda, son apéritif posé sur la table basse. Il replie son journal à la vue de son fils, et s’informe si ce dernier dîne avec eux ce soir.

— Oui, je veux me coucher tôt ce soir.

— Qu’est-ce qu'il t’arrive ? Tu deviens raisonnable, ce n’est pas toi ça !

— Papa ! répond Christian d'un air lassé.

— Je plaisantais. Tu es jeune profites-en.

Christian lui sourit, amusé et secoue la tête, il adore son père. Il prend place sur le fauteuil voisin, ne prononçant plus un mot pendant un long moment, pensif.

— Christian, tout va bien ?

— Oui… Non… Rien… Je pensais à une fille que j’ai rencontré aujourd’hui…

Roger reprend la lecture de son journal.

— N’en dis pas plus, j’ai compris.

Il ajoute malicieusement à voix basse, se cachant derrière son quotidien :

— Et Sarah, comment va-t-elle ?

Christian feint de se fâcher.

— Papa, s’il te plaît ! C’est que cette fille est si bizarre, tu comprends. Elle ne parle pas beaucoup, elle sourit rarement, et puis on dirait qu’elle est toujours à des kilomètres. D’ailleurs tu as l’impression qu’elle ne t’écoute jamais. Au début, j’ai pensé qu’elle était peut-être étrangère, mais elle parle parfaitement notre langue, surtout pour te parler de la mer. Alors là elle te sort un discours... Mais tu sais, elle est souvent mal à l’aise.

— Elle est d’ici ?

— Non, elle est en vacances avec un homme. Alors lui, il est vraiment bizarre. C’est sûrement son père. À moins que… il ne soit autre chose pour elle ?

Il lance à Roger un regard interrogateur, qui hoche la tête incapable de confirmer ses propos. Ils sont interrompus par l’entrée de Marie dans la véranda qui annonce que le dîner est servi. Roger pose son journal sur la table basse, et se dirige vers la cuisine en se frottant les mains, il invite Christian à le suivre.

— J’arrive papa, dans une minute.

Roger lui tapote l’épaule avant de se précipiter dans la cuisine en sifflotant.