Lilly a donné rendez-vous à Christian sur les hauteurs de la colline à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. De leur poste, on voit distinctement la mer. Le jeune homme a été agréablement surpris par son invitation quelques heures plus tôt, ce qu'il ne comprend pas est le lieu de rendez-vous qu'a choisi Lilly.

— Pourquoi as-tu voulu venir ici ? lui avait-il demandé.

La réponse de Lilly est assez vague.

— Je… euh… voulais profiter du panorama.

Christian s’approche d’elle pour la prendre dans ses bras, elle a un mouvement de recul.

— Qu’est-ce que tu as ? Je ne te plais pas ? Parce que moi, dès l'instant où j'ai posé les yeux sur toi j'ai ressenti quelque chose. Tu me plaît énormément, j'ai tellement envie de t'embrasser.

Elle le repousse en secouant la tête, et se tourne vers Albert qui leur apparait à ce moment précis. Christian ouvre de grands yeux surpris, il interroge Lilly.

— Qu’est-ce qu’il fait ici ?

Personne ne lui répond. Albert le fixe de son regard le plus froid, peu rassurant, qui donnerait des frissons dans le dos à n’importe qui croiserait son chemin.

— Mais enfin qu’est-ce qu'il se passe ici ? répéte-t-il. Lilly, dis quelque chose !

Elle aussi a un regard étrange, Christian panique de plus belle.

— L’heure de la vengeance a sonné, prononce lentement Albert. C’est à toi maintenant Lilly.

Le regard de Christian voyage de l’un à l’autre encore moins rassuré.

— Mais… Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il raconte ? bégaye-t-il. Lilly dis-moi ce qu’il se passe, parle ! Vous me faites peur tous les deux !

Tous deux s’approchent à pas lent de Christian. Celui-ci recule.

— Dis plutôt : que s’est-il passé ? continue Albert de sa voix la plus inquiétante. N’est-ce pas, Lilly ? Il y a vingt ans…

Lilly sort son arme, les mains tremblantes. Elle la pointe en direction du jeune homme, Christian est plus que jamais affolé.

— Lilly qu’est-ce que tu fais ? Mais vous êtes fous tous les deux !

Albert répond à sa place.

— Elle fait ce qu’elle doit faire.

Christian implore Lilly de ses yeux, il ne comprend absolument pas l’attitude de la jeune fille tout à coup agressive. Qu’a-t-il donc pu lui faire de si terrible ? Pourquoi lui en veut-elle autant ? Lilly demeure muette, des larmes roulent sur ses joues, son arme toujours pointée en direction du pauvre Christian.

— Mais je ne t’ai rien fait !

Lilly réussit à lui répliquer dans un soupir :

— Ce que ton père a fait !

À ces mots, Christian est encore plus décontenancé.

— Mon père ? Mais que…

— Ton père a tué mes parents, lui répond Lilly en pleurant. J'étais toute petite... Maman lui a supplié de ne pas tirer, mais lui il a tiré, tiré... C'est lui qui a tué mes parents ! hurle-t-elle .

— Et c'est toi qui va payer, ajoute Albert. Nous avons cherché de ville en ville, jusqu'à enfin retrouvé sa trace ici. Et quand j'ai appris qu'il avait un fils, tout m'est paru plus clair. Voilà notre vengeance, œil pour œil.

— Vous êtes des malades ! Mon père n'a jamais tué personne !

— Ton père n'est pas celui que tu crois, répond Albert. Il a pris la femme que j'aimais, et tu es le fruit de cette trahison ! Quand j'ai vu que Lilly s’intéressait à toi, je me suis dit que finalement ça pouvait m'être utile - un étrange rictus se dessina sur ses lèvres - Mais quelle ironie du sort, le fils de Roger serait tué par la fille de Franck.

Quand elle entend ceci, Lilly se tourne vers son tuteur.

— Tu t'es servi de moi ?

— Ne fais pas l'innocente, Lilly. Tu t'es servi de moi aussi. Maintenant, assez discuté. Fais ce pour quoi on est là et appuie sur cette détente. Après toutes ces années, j'aurai enfin ma revanche sur tous les deux, ils ont ruiné ma vie !