Enlevant ses bottes trempées et trouées, Herwin ébouriffa ses cheveux encore mouillés en grommelant tandis que Jameson s’étalait sur son lit, décidant de lui tenir compagnie avant d’aller dormir. Il se mit à déblatérer milles histoires et hypothèses qu’Herwin ignora en se concentrant pour écrire dans son petit carnet de cuir. Il y nota tandis que les paroles de son ami formaient un bruit de fond :

Jour 2 : Cette ville, non village ou plutôt lieu-dit est déprimant. Pire, il est mortel. Apparemment, il s’est passé des choses étranges et l’armée est intervenue. Nous avons trouvé dans la bibliothèque des registres de tests, peut être scientifiques ou occultes… J'en avais les tripes retournées. Il y avait des images à se tordre les boyaux, Jameson a ressorti les chips et saucisson qu'on avait mangé un peu avant. Je n’en menais pas large non plus, mais moi, je ne suis pas aussi faible. Ces écrivains....Si fragiles...

Les manuscrits semblaient datés de l'année passée... Alors comment expliquer la date de cette lettre? Pourquoi une personne demanderait de l’aide maintenant? C'est encore le mystère.

Pour le moment, nous savons deux choses :

 1) Plus vite l'affaire sera résolue, plus vite on pourra se barrer de ce lieu horrible. Je vous jure, j'ai les poils qui se dressent à la moindre ombre. Et pourtant, je ne suis pas peureux. L'air est trocement glacial le soir. Et j'ai réussi à défoncer mes bottes dans une foutue allée où des trous étaient cachés. DES TROUS ! Non mais qui fait ça hein ? HEIN ?

 2) Bref, je sens que Jameson est plus affecté que je ne l’aurai pensé par cette enquête…Le surnaturel, ça vous change un homme…

 Je sens que demain, avec l'institut psychiatrique – ça aussi c'est plus que louche d'en voir un ici, quoi que, c'est connu que la mer détraque les gens – soit on avance, soit je trainerais Jameson hors de cet endroit, même si je dois fabriquer un bateau à la main ! Au bout d’un moment, il ne faut pas être stupide. Tous les films d’horreur se passent exactement comme maintenant. Il ne manque plus qu’une apparition là maintenant à côté de moi en tournant la tête …

Déglutissant, Herwin osa un regard du coin de l’œil, sursautant légèrement en croyant voir une ombre. Le cœur palpitant quelques secondes, il inspira profondément en regardant son ami qui étudiait le cadastre de la ville, s’étant enfin tu, puis acheva d’écrire sur son carnet.

Ce qu'il se passe ici, ou s'est passé, va nous atteindre, j’en ai le pressentiment... et vite. Il faut au plus tôt résoudre l’affaire ou s’en aller…