Il emboîta le pas pour récupérer sa voiture qui était garée dans une rue adjacente de la digue. Il traversa la ville avec sa traction jusqu'au parking du port. Puis, il se dirigea et emprunta les ruelles en pavé dans l'intérieur de la ville corsaire.

Il était comme un gamin, il était enjoué, il saluait chaque passant et il adressait un large sourire. Il se sentait léger et il n'avait qu'une seule hâte : d'avoir la clé de ce palais. Rien n'était trop beau pour sa bien-aimée.

Il la rencontra avant le conflit mondial lors d'une visite chez un patient et ce n'était pas n'importe lequel : c'était le père de sa future femme. Il tomba éperdument amoureux. Sur les fronts, il vivait des horreurs et dans les moments de repit, il pensait à sa belle. Elle lui permettait un peu de douceur dans son quotidien. Un jour, il décida même à demander sa main à son père par le biais d'une lettre sans réponse de sa part.

À son retour, elle avait un air triste et au début, elle ne cherchait pas à établir le contact avec lui.

Elle était magnifique avec ses traits fins, ses yeux bleus en forme d'amandes brune et de taille moyenne. Elle avait une voix douce et elle était d'une grande classe. Elle se murait dans son chagrin d'avoir perdu son fiancé depuis la guerre. Elle était sur la réserve mais très observatrice. Pour la sortir de son mutisme, il lui parla qu'elle était comme les araignées qui tissaient leurs toiles, elle restait prisonnière jusqu'à qu'un insecte se prenne dedans et en faire son festin. Geneviève fronça les sourcils et pinça du bec.

--- J'ignore comment l'interpréter, mais sachez pour votre gouverne que je resterai fidèle à mon Jean jusqu'à son retour.

--- Vous êtes un exemple de patience depuis huit ans que la guerre est terminée. Il serait temps de vous faire une raison et d'aimer de nouveau.

Assis dans la salle d'attente du notaire, il attendait son tour.

V