Il a répondu :
Hélas, je ne puis, mystérieuse libellule,
Me permettre jamais de trahir ton éclat,
Pour briser ton mystère et rentrer dans ta bulle,
Ni me résoudre à pâlir devant tant d’émois.
Car l’ombre de tes mots, comme un écho fragile,
Révèle un univers dont le ciel est voilé.
Désabusé dans sa démarche pantophile :
Des ailes de papier sur un cœur accablé.
Tu danses dans l’abîme, évitant les épines,
Un fragile ballet sur des eaux cristallines,
Où se noient les idées que tu n’oses confier.
Mais sache que l’espoir, même au fond de la brume,
Brille comme une étoile, au-delà de l’écume :
Le papillon blessé peut encore s’élever.
Papillon de nuit fuit le néant trop impur
Se heurte toujours à la lumière des lampes.
Il se rapproche même du plus blanc des murs
Mais finit idem par se calciner la tempe.
Et sans voir, sans prier, sans os et sans fémur,
Sans un bruit, sans un geste, sans la moindre estampe ;
Sans pensées, sans lambeaux, enfin, sans un futur,
Le papillon chute endolori par sa crampe.
Mais tu n'es pas un papillon de nuit, plait-il :
Tu es l'œuvre du jour, le Morpho du Brésil,
Ne te laisse pas aveugler par l'infortune !
Comme toujours, tu peux me croire et l'avoir,
La vie rayonne et tes ailes battent l'espoir ;
Allons, papillon... Volons par delà la dune.
Annotations
Versions