8

4 minutes de lecture

                Huit déboula en trombe dans la chambre pour y découvrir Harold dans la salle d’eau en train de se raser.

                — Alors c’est vrai ? Vous êtes réveillé ET vous êtes guéri ?

                Le miraculé se tourna vers elle en souriant, la moitié du visage rasée et l’autre recouverte d’une épaisse mousse blanche, un large sourire aux lèvres.

— Hey, salut vous ! Content que vous ayez pu arriver aussi vite.

                Huit s’avança en souriant, avant de passer une main sur la partie rasée du visage.

— Vous ressentez mon contact ? Vous êtes bien portant ?

— Pour l’instant, on ne m’a repéré aucun effet secondaire. Pourquoi ? Il peut y en avoir ?

                Le visage de Huit s’assombrit quelques instants.

— C’est arrivé… Mais depuis, le traitement a été revu. Regardez, moi, je suis en parfait état.

                Leurs sourires réapparurent.

— Sinon, ça vous va bien, la blouse avec fesses apparentes.

                Harold rigola de bon cœur.

— C’est sûr que je suis moins habillé que vous, mais au moins je me distingue par mon allure.

                Face à lui, la jeune était vêtue d’une tunique bleue serrée à la taille par une ceinture noire, en dessous de laquelle elle portait un legging noir et des sandales à talons carrés lui permettant de gagner quelques centimètres.

— Si on suit le protocole habituel, d’ici quelques heures vos affaires vous seront transmises et une chambre plus agréable à vivre vous sera confiée.

                Harold haussa un sourcil.

— Vous avez récupéré mes affaires ?

                Huit acquiesça.

— Les effets personnels de chaque patient sont récupérés. Dans votre cas, ça signifie tant les affaires que vous aviez en Opex que celles que vous aviez laissées dans votre régiment.

                Harold opina du chef.

— Cool. Et pour la chambre ?

                Souriante, l’infirmière répondit.

— Un studio de vingt-cinq mètres carrés, avec salle de bain et w.c. séparés, une baignoire et un coin cuisine, le tout déjà meublé et équipé d’un frigo, d’un four, d’un micro-ondes, de plaques de cuisson, d’une télé, d’un canapé-lit et d’autres meubles.

— Je vais être comme un coq en pâte, dites-moi…

                Faisant de nouveau face au miroir, il recommença à se raser avant de reprendre.

— Vous viendrez à ma pendaison de crémaillère ?

— Tout dépend de qui vous inviterez.

                Harold ricana en rinçant son rasoir.

— Pas Allit la tarée déjà…

                Il hésita quelques secondes avant de reprendre.

— En fait, j’avais plutôt pensé à n’inviter que vous…

                Huit ouvrit la bouche quelques secondes, hésitant quant à la réponse à donner, avant de se lancer.

— J’en suis honorée, mais je vous rappelle que vous n’êtes pas mon type. Je vous l’ai déjà dit.

                Harold rigola de nouveau.

— Donc ce n’était pas à cause de mon infirmité, je le note. En fait, je pensais plus à une soirée entre amis.

                L’infirmière haussa les sourcils.

— Amis ?

                Finissant de se raser, Harold prit le temps de se rincer puis sécher le visage avant de répondre.

— Malgré le peu de temps que j’ai passé éveillé ici, vous avez été la personne la plus gentille et prévenante avec moi. Ça me donne envie de faire ami-ami avec vous, oui. Après, je pourrais comprendre que vous refusiez. Je veux dire, je suis un patient, et vous une infirmière… Ce ne serait peut-être pas correct déontologiquement parlant, et Allit vous cassera sûrement encore les ovaires à cause de ça…

                Huit haussa les épaules avant d’aller s’asseoir en tailleur sur le lit.

— J’emmerde Allit. De toute façon, elle fera tout pour m’emmerder…

                Rejoignant son invitée dans la chambre, Harold fronça les sourcils.

— Pourquoi ça ?

                La jeune femme dévisagea son interlocuteur quelques secondes avant de demander.

— Vous êtes sûr de vouloir savoir ?

                Harold opina, aussi reprit-elle.

— Bien. C’est assez simple à résumer, en fait. Elle était en couple avec le boss de la section recherches, Édouard Dupont.

— Donc il a eu un gars assez aventureux pour coucher avec ça ? Il y a vraiment des amateurs de choses rares sur terre… Et votre lien à toute cette histoire ?

                Un large sourire illumina le visage de l’infirmière.

— J’ai couché avec ce type.

                Harold ouvrit grande la bouche de surprise avant de partir dans un franc fou rire.

— Ah oui, vous aimez vous compliquer la vie, dites-moi !

                Huit se mit à rire aussi avant de répondre.

— Du coup elle a mis fin à leur relation et depuis elle me déteste foncièrement, je me demande bien pourquoi…

— Oui, moi aussi. C’est pour ça que je ne suis pas votre genre ? Pas assez scientifique ? Pas en couple avec une femme sadique ?

                Toujours souriante, Huit répondit.

— Trop dans le centre. Je ne veux plus de liaison ici, ça fout trop la merde.

— Ça se défend.

                Un blanc de quelques secondes s’installa avant que Huit reprenne la parole.

— Si vraiment on doit devenir amis, peut-être que nous pourrions… Se tutoyer ? Je sais que c’est un peu fou comme idée, parce que très conventionnel, mais c’est plus sympa aussi, non ?

                Harold ironisa.

— Vous êtes vraiment une aventurière, dites-moi ! Allez, va pour le tutoiement. Et appelle-moi Harold. Plus de patient soixante-dix-sept ou Double-Sept, OK ?

                L’infirmière sourit avant de répondre.

— Soit, mais alors tu arrêtes de m’appeler Huit. Utilise donc mon prénom.

— Qui est ?

— Michelle.

                Harold opina légèrement.

— Enchanté Michelle.

                Il lui tendit une main qu’elle serra de la sienne.

— Moi de même !

                Quand ils se lâchèrent, elle tapa le lit à côté d’elle de la main.

— Viens. L’autre jour tu m’as promis un film, il est temps de tenir ta promesse !

                Harold sourit avant de s’asseoir à ses côtés et d’allumer l’écran à commande vocale, puis de se tourner vers la jeune femme.

— Tu veux voir quoi ?

                Celle-ci haussa les épaules.

— M’en fous, je suis plutôt bon public.

— Soit. Tablette, lances La Nuit des Morts-Vivants !

                Le film débuta tandis que Michelle venait se blottir contre Harold.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sebastien CARRÉ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0