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                Michelle entra dans l’appartement d’Harold en rigolant pour trouver celui-ci assis sur son canapé, l’air renfrogné.

                — Alors comme ça on se fait masser les parties génitales par le professeur N’Guyen ?

                Tournant la tête vers la femme tenant deux sacs en papier dans les mains, l’intéressé grogna.

— On ne se moque pas. Ce nabot m’a pris par surprise, sinon je lui faisais sa fête.

— Mais oui mon lapin, personne n’en doute.

                Harold haussa un sourcil.

— Mon lapin ?

                Haussant les épaules, la jeune femme répondit.

— C’est ma façon de te signifier mon soutien moral. Tiens.

                Elle lui tendit un des sacs qu’il prit pour le poser sur la table basse avant de l’ouvrit.

— Cool, de la malbouffe ! Merci !

                Il sortit une boîte qu’il ouvrit pour dévoiler un hamburger haut de trois steaks et d’autant de tranches de cheddar fondu, les yeux pétillants de joie.

— Un mega-big-cheeseburger, ça te va ?

— T’as pas idée ! J’adore quand c’est bien gras !

                S’asseyant à ses côtés, Michelle ironisa.

— Je ne sais pas comment je dois prendre le fait que tu as tenté ta chance avec moi, du coup…

                Harold se contenta de rire avant de mordre dans son burger, avant de manifester sa joie par un long gémissement bruyant qui fit rire son amie.

— C’était un orgasme, ça, non ?

                La bouche pleine, il acquiesça.

— Grave ! Je sens mes artères se boucher en temps réel !

— Tant mieux si ça te plaît. Je t’ai pris deux bières, ça te suffira ?

— Ouaip ! On regarde quoi ?

— La suite de la Nuit des Morts-Vivants ?

— J’espérais que tu dirais ça !

                Il prit la télécommande de la télévision et navigant dans les fichiers du disque dur externe qui y était relié avant de lancer le film Zombies puis ajouta.

— Manger un truc qui ruisselle de gras et de sang devant un film de zombies, c’est le pied !

                Michelle déballa son burger en haussant un sourcil.

— T’as des hobbits bizarres, c’en est presque effrayant…

— Disait celle qui vit au pays des licornes…

                L’infirmière lui tapa l’épaule en rigolant.

— On avait dit qu’on ne se moquait pas !

                Harold rigola de bon cœur puis ils reportèrent leur attention sur le film tout en mangeant. Une fois qu’ils eurent fini, Michelle se saisit du bras d’Harold pour le passer par-dessus ses épaules avant de se blottir contre lui tandis qu’il l’observait, dubitatif.

— Ça ne fait pas un peu… Couple ?

— Ouais, et alors ? J’ai envie de confort et de réconfort. Depuis que j’ai couché avec le big boss, plus personne ne m’invite nulle part. Ça me fait du bien de me sentir moins seule.

— OK, argument validé. Installe-toi bien. Tu veux une couverture ?

— Tu m’as pris pour une petite vieille ?

                Harold pinça les lèvres quelques secondes avant de répondre.

— En fait, je réalise que je ne connais pas ton âge… Je ne connais pas ta nationalité non plus…

— Vingt-six ans, belge. Et toi, vingt-huit ans, français.

— Facile pour toi, tu as lu mon dossier… Bon, donc pas de couverture de petite vieille ?

— Non merci. Juste un câlin…

                Harold s’exécuta en silence, serrant doucement la jeune femme contre lui tout en regardant le film. Quand celui-ci prit fin, Michelle ne put réprimer un bâillement qui fit rire son ami.

— Alors jeune fille, deux bières, un film et il n’y a plus personne ?

— Oh ta gueule…

                Harold rigola doucement tandis qu’elle s’étirait.

— Tu veux que je te raccompagne ?

— Non, c’est bon. On va déplier ton canapé, ce sera parfait.

                Il haussa un sourcil dubitatif.

— Tu ne trouves pas que ça jazze déjà bien assez comme ça ?

                Elle le regarda, tout aussi surprise que lui, avant de répondre.

— Je n’ai pas parlé de coucher avec toi, juste de m’allonger pour le prochain film.

                L’hôte leva les mains en signe de reddition.

— OK, je n’ai rien dit et je m’exécute…

— Il y a intérêt, soldat.

                Ils se levèrent du canapé avant de le déhousser et de le déplier, puis Harold fit le lit et plaça les oreillers avant de clamer avec ironie.

— Le lit de madame est avancé.

— Merci.

                Michelle retira alors son sweat et son jean avant de se glisser sous les draps sous le regard choqué de Harold.

— Attends, tu fais quoi, là ?

— Je m’installe confortablement. Maintenant, tu te mets en caleçon et tu viens te coller à moi pour me tenir chaud.

                La mâchoire inférieure légèrement pendante, Harold la dévisagea quelques secondes pour essayer de deviner si elle était sérieuse ou si elle se moquait de lui, mais la jeune femme l’invectiva.

— Active-toi, j’ai froid moi !

                Haussant les épaules, il s’exécuta.

— Tu es la deuxième femme à m’ordonner de me foutre à poils aujourd’hui.

                Michelle se redressa, visiblement énervée, avant de crier.

— Qui ? Quelle salope a osé ?

                Se retenant de rire devant cette pseudo jalousie, Harold répondit, laconique.

— Allit, pour les examens de l’après-midi.

                Michelle se reprit, subitement penaude.

— Oh… Ah bah oui, bien sûr, ça coule de source…

                Se glissant sous les draps avant de prendre la jeune femme dans ses bras, Harold lui murmura à l’oreille.

— Mais je suis ravi de voir que tu marques ton territoire telle une prédatrice refusant qu’on touche à sa proie.

                Elle lui porta un violent coup de coude dans les abdos qui le fit gémir en répondant.

— Une prédatrice, ça bouffe sa proie, alors gardes tes conneries pour toi si tu ne veux pas que je te morde jusqu’au sang !

— Oui madame…

— Bien, maintenant tais-toi et lance le film.

— Cheffe, oui Cheffe.

                Quand, au bout de plus d’une heure et demie, le générique de fin apparut à l’écran, Harold suggéra.

— Il serait peut-être temps que je te ramène chez toi, non ?

— M’en fous, je ne bosse pas demain…

— Mais tu t’endors, là…

— Et ça te gêne ?

                Le jeune homme hésita quelques secondes avant d’avouer.

— Je dois bien reconnaître que non…

                Michelle se retourna pour lui faire face.

— Alors, prends-moi dans tes bras et tais-toi. Et je te préviens, si tu ronfles, j’imite le professeur N’Guyen…

— C’est noté…

                Voyant l’infirmière fermer les yeux, il ajouta à voix basse tout en posant sa tête sur l’oreiller.

— Dors bien, et fais de beaux rêves.

                Michelle déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de répondre.

— Merci, toi aussi.

                Il la regarda quelques secondes avec surprise, hésitant sur la conduite à tenir avant de sourire et de la serrer un peu plus fort puis de fermer les yeux à son tour pour s’endormir.

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