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                Le lendemain à neuf heures, Harold frappait à la porte du bureau du Colonel habillé de sa TDF*, rasé de frais et un bandage sur la main droite, et attendit quelques secondes avant de recevoir l’autorisation d’entrer. Quand il pénétra dans la pièce, il trouva le colonel derrière un immense bureau en acajou, et le salua avant de saluer le drapeau français, puis resta au garde à vous jusqu’à ce que le Colonel lui donne l’ordre de se mettre au repos réglementaire.

                — Bonjour Sergent, comment allez-vous ?

— Très bien, je vous remercie.

                Le gradé acquiesça avant de faire glisser trois feuilles sur son bureau en direction du Sous-Officier.

— Vous connaissez la procédure.

                Harold afficha un petit sourire.

— Oui… Je la connais…

— Allez, vous savez ce qu’on dit. Un bon militaire se doit d’être puni au moins une fois.

                Les deux hommes échangèrent un regard avant de rire tout bas, puis Harold s’avança pour se saisir du stylo et signer chacune des feuilles, reposer le stylo puis se reculer de deux pas.

— Puis-je disposer, Mon Colonel ?

— Non.

                Harold fronça les sourcils, se demandant s’il devait s’attendre à de nouvelles réprimandes, mais il n’en fut rien. Le Colonel se leva avant de contourner le mobilier tout en indiquant une porte de la main.

— Suivez-moi.

                De plus en plus perdu, Harold s’exécuta et entra dans une salle de réunion dans laquelle attendaient une femme aussi grande que musclée, au visage sévère et au regard noir, et un homme de plus petite taille, l’air presque timide et à la présence totalement effacée par l’aura de puissance de sa comparse, tous deux en uniforme de gardes avec des galons d’Officiers sur les épaules. Le Sergent haussa un sourcil dubitatif quand le Colonel fit les présentations.

— Je vous présente mademoiselle Camille Geol, responsable de la sécurité du site, et son adjoint monsieur Jean Lier. Et je vous déconseille toute forme de blague quant à leurs noms.

                Harold lança un bref regard vers le Colonel avant de répondre.

— Je ne me le permettrais pas. Je sais choisir mes combats. Mademoiselle, monsieur, enchanté. Mais… Pourrais-je savoir pourquoi il est jugé utile que je vous rencontre ? Si c’est parce que vous souhaitez des excuses pour les gardes que j’ai chahutés hier, ça ne risque pas de se produire, je vous préviens tout de suite.

                La femme haussa les sourcils avant de croiser les bras sur son torse, et Harold pâlit devant la taille des biceps se contractant.

— Donc c’est vous qui avez neutralisé mes meilleurs hommes ?

                Harold se retint de tout sarcasme, et le Colonel lui sourit comme pour le remercier avant de répondre.

— Ne leur en tenez pas rigueur. Le Sergent Pointrance est un des patients du protocole C-SET. Ses aptitudes ont déjà dépassé la moyenne. Ajoutez à ceci son entraînement militaire, et vos hommes n’avaient que peu de chances de parvenir à le maîtriser.

                Geol fronça les sourcils avant de murmurer.

— Faudra-t-il prévoir les mêmes mesures qu’avec le Patient Zéro ?

                Harold répondit avec autant de calme que possible.

— Non madame. Pas tant que vos hommes ne nous traiteront pas comme des monstres.

                Le visage de la femme devint plus sévère encore, mais Harold ne s’arrêta pas pour autant.

— Comme le Colonel l’a si bien dit, nous sommes des patients.

                Se tournant vers le gradé, il reprit à son attention.

— D’ailleurs, je souhaiterais vous remercier de ne plus nous définir comme des sujets, mais comme des patients. Ça nous donne l’impression d’être de nouveau considérés comme des êtres humains, c’est très agréable.

                L’Officier acquiesça, et Harold fit de nouveau face à la géante.

— Donc, pour résumer, je serais respectueux quand ils le seront. Et s’il faut que j’en arrive à me battre avec vous, je le ferais… Même si je ne donne pas cher de ma peau dans ce cas…

                Le petit homme ricana tandis que Geol répondait.

— C’est moi qui ai maîtrisé Zéro. Vous ne feriez pas le poids.

— Possible, mais je vais toujours au bout de ce que j’entreprends, donc je me relèverais tant que je serais conscient.

                Geol garda son regard assassin quelques secondes, et Harold commença à craindre qu’elle lui saute à la gorge, puis subitement un sourire éclaira son visage.

— J’aime les gens déterminés. Passez me voir à l’occasion à la salle de musculation. Nous pourrons peut-être nous entraîner ensemble. Vous soulevez combien en développé couché ?

— Sans aucun doute moins que vous…

                L’amazone rigola avant de tourner la tête vers le Colonel.

— J’ai vu ce que je voulais voir. Mes hommes seront rappelés à l’ordre. Pouvons-nous disposer ?

— Tout à fait. Je vous souhaite une bonne journée.

— De même, à vous deux.

                La femme et son adjoint sortirent de la salle de réunion tandis qu’Harold remerciait la chance d’être encore en vie, et le Colonel lui mit une tape dans le dos.

— Impressionnante, n’est-ce pas.

— C’est le moins qu’on puisse dire… Elle a reçu du sérum, elle aussi ?

                Le Colonel se mit à rire.

— Non, c’est cent pour cent naturel. Mais j’avoue que le résultat devrait être impressionnant…

                Harold frissonna à l’idée de voir cette femme développer encore plus de masse musculaire.

— Non, Mon Colonel… Définitivement non… Avez-vous besoin d’autre chose ?

— Non Sergent, vous pouvez disposer.

— Merci.

                Harold salua avant de quitter la salle par la même porte que le duo improbable précédemment.

TDF : Tenue Terre De France, tenue de sortie de l’Armée de Terre composée d’un pantalon et d’une vareuse couleur « terre glaise » (D’où le nom Terre de France ?), d’une chemise blanche, d’une cravate noire, de chaussures de ville noires inconfortables au possible et du képi.

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