À la fin de la journée, Harold rentra dans sa chambre, harassé, pour y trouver Michelle s’affairant aux fourneaux. Tout en retirant ses chaussures, il huma l’ait avant de s’extasier.

                — Tu ne m’avais pas dit que tu savais cuisiner. Tu nous prépares quoi de bon ?

                Sans tourner la tête, la jeune femme répondit.

— Cire orientale pour que mon corps reste doux au toucher.

                Harold haussa un sourcil dubitatif, jusqu’à ce que sa compagne laisse éclater un rire vibrant.

— T’es vraiment crédule ! Je nous prépare des escalopes milanaises. À moins que tu préfères te contenter de mon corps comme repas…

                Enlaçant la jeune femme pour l’embrasser dans le cou, Harold lui murmura à l’oreille tout en lui caressant un sein.

— Ne me tente pas…

— Obsédé. Va plutôt te laver, je ne mange, ni ne couche avec un homme qui sent le fennec.

— Oui madame.

                Harold la relâcha avant de se diriger vers la salle de bain, non sans lui avoir mis une tape sur les fesses avant de partir, pour ressortir de la salle de bain un quart d’heure plus tard, propre et vêtu d’un jean et d’un tee-shirt à l’effigie de son ancien régiment. Alors qu’il s’installait sur le canapé, face à la table basse et aux assiettes, Michelle arriva avec la poêle pour faire le service.

— Comment se sont passés les travaux d’intérêts généraux ?

— Plutôt bien. Le plus gros des rénovations était déjà fini, il ne reste que des travaux de peinture et le mobilier à installer. Et en plus, nos frères et sœurs se sont portés volontaires, ce qui fait que d’ici quelques jours, tout sera terminé. Et du coup, les patients jugés aptes par le professeur Dupont ont commencé à s’installer.

— C’est une bonne nouvelle.

— Oui. Et toi ?

                Michelle haussa les épaules.

— Je crois qu’Allit ne supporte pas de devoir me traiter avec délicatesse, mais sinon, ça va.

— Ils t’ont fait passer les épreuves sportives ?

— Oui, et je suis toujours aussi peu sportive que par le passé…

                Harold, qui venait d’enfoncer la fourchette dans sa bouche, haussa un sourcil tout en mastiquant, et devant son air dubitatif, Michelle reprit.

— Visiblement, chez moi, le sérum n’a pas eu des masses d’effet. Allit pense que c’est à cause de ma tumeur. Comme l’extra cortex n’a pas pu se développer, ça a stoppé l’évolution de mon organisme.

— Et tu le prends comment ?

                 Elle haussa les épaules.

— Je ne suis pas certaine d’en avoir quelque chose à faire, en fait. Comme trouves-tu le repas ?

— Délicieux ! Tu es un vrai cordon bleu !

                Michelle sourit en rougissant.

                Au niveau zéro, dans la salle de garde, le gradé Jean Lier sermonnait les quatre gardes présents.

— Vous ne pouvez pas faire ça, c’est inadmissible !

                Le chef d’équipe répondit, penaud.

— Mais, Chef, il nous terrifie… Vraiment…

— Mais vous devez le nourrir quotidiennement ! J’en ai marre que nous nous fassions pourrir par le professeur Dupont et le Colonel ! Alors ce soir, j’y vais, mais demain, si vous ne vous bougez pas le cul, je vous jure que je vous fais virer !

                Sans un mot de plus, il saisit du plateau-repas qui trônait sur la table avant de se diriger vers les cellules tandis qu’un des gardes marmonnait.

— Il en a de bonnes, Little Papa… Je n’ai pas envie de mourir, moi…

                Quand l’Officier Adjoint à la sécurité eut atteint la porte de la cellule du Patient Zéro, il la déverrouilla avant d’entrer.

— Bonsoir, monsieur Lier.

                Subitement, le gradé eut froid dans le dos, mais il se contint et se força à répondre.

— Bonsoir Ahmed. Comment allez-vous ?

— Bien, merci. Vous m’apportez mon dîner ?

— Oui. Je sais que vous survivez sans, mais je trouve ce traitement inhumain.

                Le Patient Zéro émit le bruit qui était le sien quand il riait avant de répondre.

— Et puis ma souris a besoin de manger, elle.

— Oui, c’est vrai que vous êtes accompagné maintenant. Où est-elle ?

— À vos pieds.

                Lier baissa la tête pour voir la souris lui escalader la jambe puis le torse jusqu’à arriver à son épaule.

— Dites-moi, elle n’est pas farouche.

— Vous n’avez pas idée…

                Lier fronça les sourcils quelques secondes, intrigué, quand subitement la souris lui sauta dessus pour le griffer au visage. L’homme en lâcha le plateau, tant de surprise que de douleur, avant de sortir de la pièce en refermant la porte derrière lui et en compressant sa plaie, tandis qu’au fond de sa cellule Ahmed riait comme un dément.