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                Le groupe progressait aussi vite que la sécurité le leur permettait, la Lieutenante-Colonelle Geol et Harold ouvrant la voie, les gardes fermant le dispositif. Ils avaient déjà gravi dix étages quand Geol secoua son talkie-walkie en jurant.

                — Saloperie de matériel de merde…

                Se positionnant à ses côtés, son arme braquée devant lui, Harold murmura.

— Quelque chose ne va pas ?

— Ce satané machin ne capte plus…

— Faites voir.

                La femme tendit le talkie-walkie au Sergent qui l’observa avant de se tourner de nouveau vers elle.

— Les fréquences sont les mêmes pour les postes de sécurité ?

— Non, il y en a une pour chaque tranche de dix étages, et une pour le poste de sécurité principal, pourquoi ?

                Fronçant les sourcils, Harold mit quelques secondes à répondre.

— Je peux avoir une autre fréquence ? D’un des étages les plus hauts si possible.

— Bien sûr. Quarante-deux six-cent-cinquante, indicatif plateforme, l’étage le plus haut qui soit.

— Super, merci.

                Il fit pivoter quelques boutons avant de porter le talkie-walkie à ses lèvres.

— Plateforme, me recevez-vous ? Plateforme ?

                Il y eut un léger silence, puis une voix avec un fort accent russe répondit.

— Ici plateforme. Qui parle.

                Harold et Geol échangèrent un regard, puis il tendit l’appareil à la femme.

— Plateforme, ici Big Mama, parlez.

— Mes Respects. Que se passe-t-il ?

— Arrivez-vous à joindre le PC sécurité ?

— Non madame. Beaucoup de postes sécurité essayent de les joindre pour comprendre pourquoi protocole isolement activé, mais personne obtient réponse de leur part, comme si transmissions coupées.

                Harold marmonna alors.

— Ou comme s’ils avaient été attaqués… En s’en prenant à eux, il nous empêche de communiquer entre nous et nous prive de nos yeux à distance, ou même des commandes de sécurité sur tout le site… Bien vu Ahmed… Petite futée…

                Comprenant l’implication de ce qu’Harold venait de dire, Geol reprit la communication.

— N’acceptez plus la moindre directive venant d’eux, et transmettez l’information aux autres postes de sécurité, compris.

— Oui madame. Mais… Là, eux appeler nous et dire nous devoir ouvrir portes pour protocole évacuation. Ça vrai ?

                Geol se tourna vers Harold alors que le Colonel qui venait de les rejoindre demandait.

— Pourquoi il voudrait nous faire évacuer alors qu’il nous tient tous ?

                Tête baissée, Harold réfléchissait aussi vite que la confusion le lui permettait.

— Il se prend pour un dieu, il me l’a dit… Ça fait quoi, un dieu ? Parce que moi, je n’y connais rien en religion…

                Le Colonel fit une moue dubitative.

— Dans la religion chrétienne, Dieu a créé l’univers en une semaine avant de faire l’homme à son image…

                Les yeux d’Harold s’ouvrirent en grand tandis que tout s’imbriquait dans son esprit.

— Faire l’homme à son image… Mais oui ! Il ne veut pas nous laisser évacuer, il veut sortir pour se propager à travers toute la planète !

                Geol activa le communicateur.

— Ne laissez personne sortir ! À aucun prétexte, c’est clair ?

— Mais, madame, si protocole activé, portes s’ouvrir toutes seules…

                Le Colonel et Big Mama échangèrent un regard, puis le responsable du site prit le talkie-walkie.

— Plateforme, ici le Colonel Vespal. Écoutez-moi attentivement. Sur la console de commande des portes, entrez la séquence chiffrée huit-six-cinq-douze.

— Da ! Ça dit entrez mot de passe.

— Bien. Tapez Vodka.

— Vodka ?

                Le Colonel fit un clin d’œil à Harold avant de répondre.

— Mon spiritueux préféré. Alors ?

— code entré.

                Immédiatement, les lumières du site s’éteignirent pour laisser place à des gyrophares orange descendant du plafond des couloirs et des salles tandis que le Colonel expliquait.

— Ça, c’est le confinement absolu.

                Réactivant le talkie-walkie, il reprit.

— Plateforme, vous êtes là ?

— Da ! Ça gros merdié…

— Oui, et ce n’est que le début. Autorisation de l’usage de la force létale face à toute personne tentant de sortir, bien pris.

                La voix répondit d’un ton presque enjoué.

— Ça bien comprit. Nous ouvrir notre armurerie spéciale.

— Parfait. On vous recontactera quand on arrivera. En attendant, ne répondez plus à personne, compris ?

— Reçu.

                Le Colonel rendit le communicateur à Geol avant de reprendre.

— Si je suis bien ton raisonnement, Harold, cet enfoiré va contaminer tout le monde ici à défaut de pouvoir en faire de même, non ?

                Harold acquiesça, et le Colonel se mit à sourire.

— Alors il aura douze Spetsnazs* qui l’accueilleront à ce moment-là !

— Voilà une nouvelle qu’elle est bonne !

                Un des gardes à l’arrière du dispositif les appela alors, et le trinôme descendit plusieurs marches des escaliers de service pour les rejoindre.

— Que se passe-t-il ?

                Tendant la main devant lui, le garde indiqua la porte blindée la plus proche de lui.

— Regardez ça… Ça ressemble au truc noir qui s’écoulait de l’os dans l’ascenseur…

                Des côtés et de sous la porte blindée s’écoulait un épais liquide noirâtre et nauséabond à une vitesse tellement lente qu’au début le Colonel crut que c’était immobile. Pourtant après plus d’une minute, il dut se rendre à l’évidence, le liquide purulait des bords de la porte.

— C’est quoi ?

                Harold pinça les lèvres.

— Je ne sais pas, mais sincèrement, je ne tiens pas à savoir… C’est peut-être avec ça qu’il a refait la déco au niveau zéro…

— Si c’est le cas, on ne risque rien.

— Pas sûr… Quand j’ai marché dessus, c’était sec. Là… Et puis peut-être que ça va percer une cloison et donc ouvrir un chemin à Ahmed… Non, vraiment, Mon Colonel, je vote pour qu’on se barre d’ici en quatrième vitesse !

                Le Colonel se redressa sans quitter la chose des yeux avant de répondre.

— Tu sais quoi ? Je vote pour ton vote. Allez, on s’arrache.

                Remontant jusqu’à la tête du groupe, Harold cria.

— On accélère la cadence, allez !

Le terme générique Spetsnaz (russe : Спецназ) désigne de multiples groupes d’intervention spéciaux de la police, des ministères de la Justice et des Affaires intérieures russes, du FSB et du SVR ainsi que de l’armée russe. Spetsnaz est la contraction de Spetsial'noïe Naznatchéniyé (nom complet en russe : Войска специального назначения, forces à désignation spéciale/d’affectation spéciale).

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